En 2015, la question de la sécurité a confirmé l’incapacité de l’Union Européenne à l’action collective. Les Etats membres sont paralysés par la montée des nationalismes, recroquevillés dans le patriotisme.
L’Union Européenne est incapable d’une volonté propre, seule à pouvoir unir les compétences, dégager les moyens, créer les synergies pour combattre cette ‘guerre’ atypique.
Mais personne veut céder sa part de souveraineuté pour une cause commune…
Le manque de communication entre les services de renseignement européens explique en partie pourquoi les autorités belges et françaises n’ont pas été en mesure d’empêcher les attentats du 13 novembre.
Après les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, qui avaient provoqué 17 morts début janvier, les Français pensaient avoir vécu leur 11-Septembre : une série d’attentats inédits qui avaient entraîné le pays dans une spirale d’empathie et de rétorsions. L’élan de solidarité nationale et internationale qui avait suivi et le renforcement des mesures de sécurité et de surveillance avaient laissé espérer que les éventuels émules des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly allaient renoncer, face à la cohésion et à la détermination des Français à ne pas se laisser emporter par la panique et la haine.
L’adoption début mai d’une nouvelle loi sur le renseignement et la surveillance, surnommé le “Patriot Act à la française”, n’a pas permi d’éviter les tueries du 13 novembre. Et il apparaît de plus en plus évident que la France et l’Europe sont désarmées face au terrorisme djihadiste.
L’ancien chef de la section antiterroriste du Parquet de Paris, Marc Trévidic, a ainsi expliqué qu’il ne manque pas de volontaires pour des missions suicides dans l’Hexagone.
La société française est toutefois encore très solidaire et a fait preuve de cohésion et même si nombreux musulmans se sentent discriminés ou stigmatisés.
Il est intéressant à ce sujet de remarquer que, par rapport aux attaques de janvier dernier, l’aspect religieux est quasi absent des débats.
Pour rendre le tableau encore plus sombre on peut ajouter le fait qu’Europol, l’agence de police européenne, ne dispose pas d’un pôle anti-terrorisme en mesure de coordonner l’activité des services de renseignement, en centralisant et en diffusant les informations qui lui sont transmises : en discussion depuis des années, il devrait voir le jour en 2016.
L’exemple le plus frappant probablement de l’absence de coordination entre les services de renseignement est la fuite de Salah Abdeslam,frère d’un des kamikazes de Paris : après avoir présumément participé aux fusillades, il a été récupéré par deux amis venus dans la nuit de Bruxelles. Sur le chemin du retour, la voiture des trois hommes a été contrôlée à trois reprises par la police française, qui l’a laissée repartir à chaque fois, car Abdeslam n’était fiché que pour des délits de droit commun. Quelques heures plus tard, son visage était devenu celui de l’ennemi public numéro un en Europe et était diffusé sur tous les médias.