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22 novembre 2024

Joe Bonamassa à Juan, un Terre-Mer 5 étoiles !

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Mardi 11 juillet, 22h, heure locale, à Juan-les-Pins, une poignée de privilégiés dont votre serviteur ont eu l’immense honneur d’assister au récital du maestro Joe Bonamassa, une grand’ mess d’un peu plus d’1H30 sur fond de Rock, Blues et Soul.

Armé de sa seule six cordes et de ses riffs incendiaires, Big Joe a littéralement enflammé la Pinède Gould et éclaboussé de sa classe et de son talent la 62e édition du Jazz à Juan. Plus de 60 ans que cet événement rayonne à travers le monde, rendez-vous compte, de Louis Amstrong à John Coltrane en passant par John Lee Hooker, James Brown, Nina Simone ou encore les Pink Floyd en 1970, tous ont foulé au moins une fois le sol de cette Pinède désormais légendaire. Revenons si vous le voulez bien sur cette soirée aussi flamboyante que particulièrement euphorisante, Jazz à Juan, on the Rock again?

Tout d’abord, permettez moi de m’excuser auprès de la plus que très honnête première partie, à savoir le duo Matthis Pascaud et Hugh Coltman qui nous ont offert un blues-rock plutôt inspiré teinté de sonorités très New-Orlean’s. Seul bémol, le côté peut-être un tantinet trop linéaire de leur musique n’aura hélas pas réussi à me captiver jusqu’au bout. La curieuse impression de n’écouter que des intro de morceaux sans réel développement derrière.

Alors loin de moi l’idée de leur donner quelques conseils que ce soit, mais je pense qu’il serait opportun à défaut de trop vouloir axer sur la forme, d’aller un peu plus fouiller dans les entrailles de la composition en soignant un peu plus le fond, apportant ainsi plus de substance et une vraie densité à l’ensemble. Des conseils qui, soyons en sûr n’arriveront jamais jusqu’à eux, est-ce un bien ou un mal ? Ma foi, nous ne le saurons jamais non plus.

Transporter l’auditoire

Bref revenons à nos moutons et au héros de la soirée, son altesse sérénissime, sir Bonamassa et le moins que l’on puisse dire, c’est que le bougre a été plus qu’à la hauteur de son titre. Ce qui m’a marqué dès le début du concert, c’est le son, puissant, massif, pas vraiment ce que l’on s’attend à trouver pour une soirée « Jazz ». Les riffs particulièrement lourds viennent nous rappeler que si le bonhomme a construit sa légende avec l’étiquette de Bluesman, il n’en demeure pas moins un formidable riffeur qui a sans nul doute, à l’instar d’un Gary Moore, fait ses armes avec le Rock voir le Hard Rock.

Et même si en vieillissant tous deux auraient tendance à, si ce n’est renier cet héritage, en tout cas à ne pas s’en enorgueillir, Joe Bonamassa riff et envoie du solo comme un hardos et ce n’est pas son dernier morceau, qui n’est autre que la reprise du très électrique: « Just Got Paid » de ZZ Top, toute Flying V dehors qui viendra me contredire. Le décor est donc planté, ce soir, sa seigneurie est en grande forme et a bien l’attention d’emmener son auditoire sur des terres, si ce n’est inconnues, peut-être un poil plus hostiles mais dans le bon sens du terme. 

Ça c’était pour l’aspect purement guitaristique, la deuxième chose qui m’a sauté aux oreilles et pas des moindres, c’est la voix. Je savais déjà qu’il excellait en la matière mais là, en live, j’ai pris la pleine mesure de la chose, quelle claque et quel organe!!! Si je puis m’exprimer ainsi, puissante et précise, sa voix donne à l’ensemble une impression de puissance formidable, un monolithe de Blues-Rock magnifié par une paire de choristes direct import de Los Angeles que n’auraient pas renié les plus grandes divas de la Soul.

Les morceaux défilent à vitesse grand V, balayant ses déjà 35 années de carrière pour à peine 46 ans au compteur. Rendez vous compte cet alien de la 6 cordes a lancé sa carrière à 11 ans en première partie de BB King, excusez du peu, comptabilisant plus de trente albums solo, live compris et collaborations en tout genre. On comprend un petit peu mieux l’ampleur du phénomène que nous avons sous les yeux.

Premier morceau à venir nous éblouir : l’excellent « Evil Mama» présent sur le non moins excellent album Rédemption. Dès les premières notes, on sent toute la solidité de l’ensemble et l’envie pour le héros de la soirée de servir une performance 5 étoiles à ses fidèles ouailles, soul habitée et rythmiques chaloupées viennent caresser les oreilles et prendre par les hanches l’assemblée. À noter également l’éblouissant : « Self-Inflicted wounds » et ses soli harmonisés magistraux.

La performance est impeccable, le niveau global stratosphérique, quant au plaisir ressenti ce soir-là, indescriptible. En vieux briscard, Lord Bonamassa, fait souffler le chaud et le froid sur un public déjà entièrement acquis à sa cause, alternant judicieusement gros riffing, cocotes plus funkisantes et violoning tout en touché et sensibilité que n’aurait certainement pas renié le grand Steve Morse en personne.

Mention spéciale pour le claviériste, qui devait je pense avoir l’âge de son orgue Hammond, blague à part, quel honneur d’avoir vu performer cet immense musicien qu’est Reese Wynans qui a collaboré entre autres avec Hank William Jr, Stevie Ray Vaughan, Buddy Guy, John Mayall et j’en passe, 76 ans et toujours l’envie d’en découdre, un exemple de talent et de longévité, assurément…

Un lieu d’exception

Une soirée qui a fait la part belle à la musique donc, mais que dire du lieu? Absolument magique, entendre une telle alchimie musicale, le regard fuyant de temps en temps vers l’horizon, bercé ça et là par les volutes salées de la mare nostrum, le tout mêlé aux chants des sirènes de ce combo lumineux. Il n’en fallait pas plus à votre serviteur pour exulter, mais rassurez vous et à l’inverse de l’accoutumée, tout dans le ressenti et la pudeur, à l’image de cette magnifique mer Méditerranée, formidable toile de fond pour une étreinte musicale qu’aucune fausse note ne viendra gâcher. Dès lors, je n’avais plus qu’à me laisser porter, grisé par tant de talent, enivré par l’extase d’un moment unique.

Joe Bonamassa est ses acolytes, ce soir là, nous ont emmenés dans un monde merveilleux, tel qu’il devrait toujours être, un monde dans lequel l’excellence, le travail et la sensibilité règnent en maître, aux antipodes de ce que nous pouvons vivre actuellement dans nos caricatures de sociétés désincarnées si cruellement en manque de repères et de valeurs. Merci d’avoir été un phare dans la nuit, le temps d’une soirée peut-être mais qui résonnera à jamais dans l’éternité. Comme tous les grands, sa musique traversera le temps et réchauffera quelques âmes égarées, car telle est la mission des grands et ce soir-là, Juan a vu grand, très grand même…

Aurélien Maccarelli

Auteur/autrice

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