Un sondage internet est-il fiable ? Le choix retenu par la plupart des instituts de sondage en matière de recueil d’information en matière de sondage politique est internet. Pourquoi, me direz-vous ?
Tout simplement pour des raisons économiques. Fabriquer un sondage sur internet ne coûte presque rien et est extrêmement rapide à réaliser et en plus il est facturé aux média alors que c’est la guerre à l’institut qui sera le mieux et le plus exposé, c’est drôle, non ?
Hors, interviewer par internet présente deux biais majeurs : vous excluez ceux qui n’ont pas internet, c’est une lapalissade, en particulier les personnes âgées qui sont pourtant les plus motivées à voter. La France est d’ailleurs classée au 14ème rang européen en matière d’utilisation de services sur internet (étude ec.europa.eu 2015).
Les forces et faiblesses du sondage BVA par rapport au sondage IPSOS publié le 22 novembre dernier
Alors qu’Ipsos, d’une manière un peu tirée par les cheveux, nous présentait un taux de participation très discutable, BVA ne prend même pas cette peine. On sait encore moins sur quelle base, parmi les 808 répondants, ont été calculées les intentions de vote.
L’intervalle de confiance est juste impossible à calculer, nous allons devoir émettre des hypothèses encore plus hypothétiques que celles formulées lors de notre analyse qui portait sur le sondage Ipsos. Est-ce 5%, 10%, 20% de l’électorat interrogé qui a répondu être certain d’aller voter ?
En tout cas, l’intervalle de confiance n’a rien à voir avec celui annoncé basé sur 800 répondants pour les questions qui ont trait aux intentions de vote qui n’est qu’une fraction des personnes interrogées.
Alors, qui a le plus de chance de remporter ce scrutin ?
Il est fort à parier que le premier parti de France reste celui des abstentionnistes car une élection régionale mobilise peu d’électeurs.
La baisse de l’abstention en 2004 s’est expliquée à l’époque en partie par un sursaut de mobilisation après ce qui était présenté à l’époque comme un traumatisme consécutif à la présence du FN au second tour de l’élection présidentielle de 2002.
Il sera intéressant de voir si cette fois le spectre du FN dans la région Nord Pas de Calais ou en région PACA aura le même impact sur la mobilisation des électeurs.
En effet, soit les électeurs vont plus se mobiliser pour faire barrage au FN en particulier dans ces deux régions, soit le relooking du FN opéré par Marine Lepen, va permettre à son parti de confirmer son assise en tant qu’alternative sérieuse aux partis traditionnels et auquel cas le taux d’abstention sera une fois de plus élevé.
Alors que peut-on dire réellement des résultats de ce sondage ?
Une fois de plus, sans chiffre clair impossible de faire une analyse sérieuse.
Le seul élément certain, c’est que l’électorat FN a plus de certitude quant à son choix. Est-ce à dire que le FN a fait le plein avec son électorat et que les autres partis peuvent profiter d’une réserve de voix et que l’agitation de la « menace » FN aura peut-être une vertu, celle de mobiliser plus d’électeurs et donc un peu plus de démocratie ? Nous le saurons le 6 décembre prochain.
Que donne l’analyse statistique si l’on part d’une hypothèse à 5%, 10% ou 20% de personnes ayant répondu être certaines d’aller voter au sein des 808 personnes interrogées ?
Premier tour :
EELV/FG : 8 % (Ipsos) – 8% (BVA)
PS/PRG/MRC: 16% (Ipsos) – 16 % (BVA)
LR/UDI/MoDem : 30 % (Ipsos) – 28 % (BVA)
FN : 40 % (Ipsos) – 42 % (BVA)
Aucun écart n’est significatif entre la liste conduite par Estrosi et Maréchal Lepen. Pour le savoir il aurait fallu que 25% de l’échantillon de 808 personnes interrogés soit certain d’aller voter et exprime une intention de vote (20% à refuser d’y répondre)…ce qui est peu probable.
C’est à partir de ce même ratio (25%) que nous pourrions être certain d’une triangulaire incluant le PS au second tour. Malheureusement le rapport de BVA ne permet pas de le dire.
Alors duel ou triangulaire au second tour ?
Sans tenir compte du fait d’alliances qui pour l’heure ne sont pas établies pour le 2nd tour, les reports hypothétiques de voix, la lecture du sondage BVA ne nous permet de faire que de vagues supputations :
En cas de triangulaire
PS/PRG/MRC: 25 % (Ipsos) – 25 % (BVA)
LR/UDI/MoDem : 34 % (Ipsos) – 32 % (BVA)
FN : 41 % (Ipsos) – 43 % (BVA)
Pour dire avec une relative « assurance » que le FN puisse être en passe de remporter la région, il aurait fallu que 100% des 808 personnes interrogées soient sûres de leurs choix au jour d’aujourd’hui. Risible.
Par ailleurs, les résultats du 1er tour auront certainement une influence forte sur le report de voix en particulier si Marion Maréchal Lepen est en tête. Les résultats de report de voix présentés par l’institut BVA sont pour l’heure totalement hors contexte.
Heureusement que l’hypothèse testée par BVA d’un duel Républicains/FN annonce un 50%-50%. C’est plus sage, car personne n’en tirera de conclusions trop hâtives.
par Frédéric Ganneval (ArteNice)
