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21 novembre 2024

Un rassemblement de la police nationale à Nice en soutien à leur collègue marseillais placé en détention provisoire

Eloïse Esmingeaud
Eloïse Esmingeaud
Journaliste pour Nice Premium depuis mars 2023

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Ce 26 juillet, les policiers nationaux de la caserne Auvare à Nice ont pris l’initiative de se rassembler en soutien à leur collègue marseillais. Le mouvement de contestation est soutenu par le syndicat Unité SGP police 06 qui appelle à « la grève du zèle ».

Le mouvement de contestation se poursuit dans les rangs des forces de l’ordre à Nice. Ce 26 juillet, sur les coups de midi, il y avait foule devant la caserne Auvare située dans le quartier Saint-Roch. À l’initiative des policiers des services d’investigation eux-mêmes, un rassemblement a eu lieu pour crier au raz le bol général. Des agents de tout service ont tenu, par solidarité aux policiers marseillais, à se rassembler sur le temps de leur pause-déjeuner.

Laurent Martin de Fremont, le représentant local du syndicat de police UNITE SGP parle d’une situation « unique », propre à Nice, car l’initiative de ce rassemblement ne s’inscrit pas dans un cadre syndical.

Le placement en détention provisoire du policier marseillais accusé de violences volontaires lors de la nuit d’émeutes du 1er au 2 juillet, sur un jeune homme, sonne comme la goutte de trop pour la police, celle qui fait déborder ce vase de malaise et de colère. Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, s’est permis un commentaire rare et remarqué. « Avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison », estime-t-il.

Ce mouvement de contestation intervient également après la mise en détention provisoire du policier impliqué dans la mort de Nahel. Et plus récemment, c’est la requalification d’une enquête pour « tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique » en «violences» et «refus d’obtempérer » qui accentue la colère dans les rangs niçois. Ces décisions de justice rapprochées sont le catalyseur de cette protestation.

Une impression de « présomption de culpabilité »

« On n’est pas des cow-boys et surtout aucun d’entre nous ne se lève le matin en se disant « je vais buter quelqu’un ». Quand il y a un coup de feu qui part, il n’est pas volontaire. Mon arme, je prie tous les jours pour ne jamais avoir à m’en servir », assure une agente de la Sûreté Départementale.

Ces affaires ont accentué la tension déjà existante avec la justice. « On a un vrai problème avec un bon nombre de magistrats », avoue Laurent Martin de Fremont. Vues comme « injustes », les mises en détention provisoire de leurs collègues ne passent vraiment pas auprès des témoins interrogés anonymement ce midi. Pour eux, elles n’étaient pas nécessaires. « On utilise la détention provisoire quand la personne risque de s’enfuir, d’exercer une pression sur les témoins, les victimes, s’il y a concertation, c’est très simple à vérifier« , partage un policier écœuré.

C’est cette impression qu’il existe une « présomption de culpabilité » pour les forces de l’ordre qui l’a notamment motivé à se mobiliser ce midi. « Que le président de la République nous condamne, sans jugement, ce n’est pas normal. La présomption d’innocence ça s’applique à tout le monde mais manifestement pas à nous », se désole-t-il. « On demande à ne pas être de sous-citoyens », ajoute-t-il.

« On n’est pas au-dessus des lois, c’est clair, mais on n’est pas en dessous non plus. Il nous faut des magistrats qui travaillent sur les cas de violences dites policières mais connaissant bien notre travail au quotidien », réclame une policière. De quoi selon elle, établir justement la limite entre la violence légitime et illégitime.

L’arrêt-maladie ou le code 562, en signe de protestation

Mardi 25 juillet, le commissariat des Moulins avait dû fermer ses portes faute d’effectifs suffisants, il a réouvert aujourd’hui. Celui de l’Ariane lui connaît toujours de grosses difficultés d’effectifs. Laurent Martin de Fremont estime à « une petite centaine », le nombre de policiers étant en arrêt-maladie, soit 10% de l’effectif global niçois. En journée, un quart des fonctionnaires sont en maladie, selon lui. Et ce mercredi 26 juillet, il estime que seulement une patrouille de police circule sur les quinze habituelles. Ceux qui n’ont pas posé l’uniforme, eux essaient d’appliquer « le code 562 » à l’appel des syndicats depuis vendredi dernier.

Le 562, c’est un signal qui invite les policiers à se mettre en position d’attente et à faire le minium syndical dans la mesure du possible selon leurs missions assignées. En principe, ils ne prennent aucune initiative et n’interviennent que sur appel du 17. « On priorise l’urgence », résume Laurent Martin de Fremont. Les policiers n’ayant pas le droit de grève, c’est une manière de lever le pied en signe de désapprobation.

Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, appelle ses agents à « mesurer le tort qu’il ferait s’il s’aventurait à délaisser le service des autres » dans une lettre leur étant adressée. « L’administration est forcément un peu gênée aux entournures parce qu’il y a un service public à assurer donc forcément c’est compliqué », commente le responsable syndical des Alpes-Maritimes.

« On n’y arrive plus »

Ce rassemblement ne semble qu’être la partie émergée de l’iceberg. « On est là en réaction à l’incarcération de nos collègues, c’est ce qui a tout déclenché. Mais cette problématique fait tout ressortir : les heures de travail, les problèmes rencontrés au quotidien, le travail souvent pour pas grand chose, la fatigue, le manque d’effectifs. On n’y arrive plus« , confie une agent.

« Faut que la population sache qu’on n’est pas du tout contre elle mais on ne peut plus travailler pour elle », explique-t-elle. La quantité a remplacé la qualité, c’est ce qu’elle dénonce.

Et elle l’assure être policier aujourd’hui est plus compliqué qu’il y a quelques années notamment à cause de la « pression des réseaux sociaux ». Favorable au dispositif de caméra piéton, elle pointe cependant du doigt l’utilisation du smartphone faite par la population. Selon elle, les vidéos prétendants montrer des violences policières ne permettent souvent pas d’apprécier la situation correctement.

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