Jean-Louis Bianco, ancien Secrétaire général de l’Élysée sous la présidence de François Mitterrand, ancien Ministre, ancien Député et Président du Conseil général des Alpes de Haute-Provence, est Président de l’Observatoire de la laïcité depuis le 5 avril 2013.
Hier, il était à Nice pour une conférence sur les années Mitterand en ce double anniversaire du centenaire de la naissance et des vingt ans de la mort de l’ancien Président de la République.
L’occasion pour dédicacer son dernier ouvrage » Mes années avec Mitterand » , une récolte de souvenirs et épisodes , et …répondre à nos demandes.
Nice Premium: ces années Mitterand … et bien, parlez-nous en.
Jean-Louis Bianco: elles ont commencées en 1981 en tant que chargé de mission à l’Elysée où j’écrivais des notes. Un an après ce fut , « On pense à vous pour le poste de secrétaire général. » C’est par ces mots que François Mitterrand, président de la République, m’accueille dans son bureau, un soir de juin 1982. Je resterai secrétaire général pendant neuf années, record de longévité sous la Ve République, avant d’exercer des responsabilités ministérielles aux Affaires sociales et à l’Équipement.
Nice Premium: le secrétaire général est le premier collaborateur du Président, auquel il peut parler à oreille. Un homme d’apparat et d’influence
Jean-Louis Bianco: François Mitterand avait des nombreux amis et avait l’habitude de prendre de multiples conseils. Pendant sa première mandature la personne plus influente était son conseiller personnel Jacques Attali, celui qui m’avait fait venir à l’Elysée. En fait, j’ai eu la chance de participer, aux côtés de François Mitterrand, à un moment unique dans l’histoire de la France, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir.
Nice Premium: vous étiez tout de même au centre du dispositif de l’Etat…
Jean-Louis Bianco: le rôle du secrétaire général d’où peut en dériver une possible influence est celui d’avoir plusieurs rendez-vous quotidiens avec le Président de la République pour évoquer la marche du pays. Il doit être une sorte d’ingénieur mécanicien : la personne qui fait en sorte que les rouages de la machine tournent entre le Président et le gouvernement ainsi qu’avec le Parlement et les grands responsables économiques et sociaux.
Nice Premium: la demande naît d’une curiosité générale . Y a-t-il du Mitterrand chez François Hollande ?
Jean-Louis Bianco: Ils sont différents. Différence de génération, de culture. Mais il y a aussi des convergences, comme un certain goût du secret. François Hollande, comme François Mitterrand, ne livre pas sa décision avant qu’elle ne soit entièrement mûrie, ne laisse pas deviner dans quelle direction il orientera son choix. Puis il y a la stature présidentielle, la capacité de tenir le cap dans des moments difficiles, ce qui a rendu fameux François Mitterand et que François Hollande vient de révéler.
Nice Premium: une curiosité de vos années à l’Elysée ?
Jean-Lois Bianco: quand j’étais chargé de mission , je partageais le bureau dans un annexe de l’Elysée avec deux jeunes stagiaires: Ségolène Royal et François Hollande
Nice Premium: vous êtes le président de l’Observatoire Nationale de la Laicité . Un mot dont on fait un usage très diffusé et pas toujours approprié. Vous en avez une définition qui reflète sa vraie valeur ?
Jean-Louis Bianco : La laïcité, souvent instrumentalisée, doit être comprise comme une valeur d’émancipation. Elle n’est jamais dirigée contre des individus ou des religions mais garantit l’égal traitement et l’égale dignité de tous les citoyens. C’est parce qu’elle est l’une des conditions essentielles du respect mutuel et de la fraternité qu’elle doit constamment être respectée et célébrée.
