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25 novembre 2024

Christian Estrosi: l’Europe a les clés de son avenir

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Nouvellement élu à la tête d’une des macro-régions° aux compétences élargies par la loi NOTRe, président d’une Métropole qui embrasse une agglomération urbaine de renommée internationale, Christian Estrosi , par ses responsabilités, est un acteur majeur de ce procès de « globus et locus » qui, au delà du souverainisme d’antan, se configurera par un réseau des territoires.


Le développement économique de la Région passera, dans le futur, plus par Bruxelles que par Paris; les échanges commerciaux auront comme destinataires prioritaires les régions transfrontalières et les autres rivages de la Méditerranée ; l’innovation grâce aux nouvelles technologies a dépassé les distances de lieu et de temps et sera caractérisée par les pôles d’excellence là où ils se trouvent.

En même temps, il faudra affirmer, préserver et renforcer les origines d’une population « métissée » au sens noble terme, qui doit être lu et interprété par la signification que le Pape François lui a donné: une communauté qui se reconnait dans des valeurs qui lui sont propres et dans un destin commun.*

Christian Estrosi , homme politique d’expérience, sait que pour bien gouverner , il faut gérer son quotidien tout en sachant regarder plus loin.

Il nous a livré sa pensée qui ne manque pas de perspicacité et de profondeur.

Nice Premium : Pourra-t-on redonner espoir aux 22,5 millions de chômeurs de l’UE, dont 17,2 sont dans les 19 pays de la zone euro ?

Christian Estrosi : L’ensemble des demandeurs d’emploi a rapidement chuté aux Etats-Unis et au Royaume-Uni en 2015. La reprise économique est également là au niveau européen, mais pas dans notre pays. La France est le seul des grands Etats européens qui ne crée pas d’emploi (de 2013 à 2015: +651 000 en Espagne, +48 2000 en Allemagne). Pire, elle en a détruit et a vu plus 1 million de personne perdre leur emploi depuis 2012. Les problèmes et leurs réponses sont donc aussi et surtout à trouver en France.

Il faut que le Président de la République et son gouvernement profitent des 18 derniers mois de ce quinquennat pour mener à bien les réformes structurelles dont nous avons besoin. Je pense à la mise en place d’un contrat de travail unique, à la réécriture nécessaire du code du travail qui ne protège plus véritablement les travailleurs et n’incite pas les chefs d’entreprises à créer des emplois. Il faut également mettre un terme aux 35 heures pour permettre plus de flexibilité et donner la prédominance aux accords d’entreprises sur la loi.

A la tête de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, je vais créer d’ici avril une plateforme qui sera à la disposition des entrepreneurs et des demandeurs d’emplois pour les mettre en contact de manière plus efficace. C’est également le sens du pack de formation tout au long de la vie que je vais créer et qui sera le moyen de mettre un terme à cette situation anormale d’un taux de chômage de 12% et de 25 000 offre d’emplois non pourvues. Je demande également à ce que la Région pilote la politique de l’emploi de A à Z et se voit transférer la gestion de pôle emploi.

Nice Premium : Les pays européens sont-ils capables de démontrer qu’ils peuvent travailler ensemble pour gérer à nouveau l’immigration dans l’ordre et la dignité ?

CE : 2015 a été une année terrible sur le plan de l’immigration. Nous avons assisté à des scènes de drames bouleversantes. Les dirigeants français et allemands n’ont pas été à la hauteur des enjeux. D’un côté François Hollande a accepté une politique de répartition des migrants par quotas, de l’autre Angela Merkel a donné le sentiment que nous pouvions tous les accueillir et a fini par revenir à une position raisonnable.

Nous devons nous fixer un principe: les réfugiés doivent être accueillis car ils sont menacés dans leurs pays. Il faut reconduire tous les déboutés du droit d’asile à nos frontières. Je propose même d’aller plus loin et d’inverser la logique actuelle. Que la demande d’asile se fasse depuis le pays d’origine et que seuls ceux dont la demande est acceptée aient le droit de venir. Quant aux migrants économiques, nous n’avons pas les moyens de les accueillir.

Il faut également se rendre à l’évidence: Schengen dans son format actuel est mort. Tant que la politique migratoire ne sera pas coordonnée au niveau européen, aucune solution viable n’est envisageable. On ne peut pas accepter que notre pays subisse les politiques migratoires de pays moins regardant sur leurs frontières. Je demande donc que ce soit le parlement français qui chaque année définisse le nombre d’étrangers que nous sont prêts à accueillir.

Nice Premium : Les forces militaires et les services de renseignement européens peuvent-ils collaborer efficacement pour surveiller la Méditerranée et pour combattre l’organisation Etat islamique ?

CE : Ce n’est pas une possibilité, c’est un devoir. Je ne veux pas que nous léguions à nos enfants la barbarie en héritage. Il faut donc renforcer les organismes de coopération européenne. Je pense à Frontex ou encore à Europol dont les moyens doivent être renforcés. Que valent leurs quelques millions d’euros de budget contre les milliards de Daesch ?

Mais la Méditerranée n’est pas la seule porte d’entrée pour les terroristes. Il faut renforcer le contrôle aérien et voter le PNR qui sera soumis au parlement européen en février. Je profite de cette occasion pour dénoncer l’irresponsabilité des dirigeants du Front national qui sont contre la mise en place de cet outil qui est pourtant indispensable pour faire barrage à l’horreur du terrorisme en Europe.

Les attentats de Paris ont malheureusement démontré à quel point des failles existaient dans le partage de données entre les agences de renseignement des différents pays en Europe. Il faut instaurer une véritable coopération sans quoi de nouveaux drames surviendront.
Nous sommes en guerre et l’Europe doit prendre ses responsabilités et ne peut pas rester éternellement dans le déni de la menace terroriste à laquelle nous faisons face !

Nice Premium : L’Europe sera-t-elle capable de faire preuve de suffisamment de positivité et flexibilité pour garder le Royaume-Uni en son sein ?

CE : Si le Royaume-Uni devait voter pour sa sortie de l’Union européenne, cela aurait des effets dramatiques sur toutes les formes de coopération au sein de l’Union. Et cela nous ferait perdre beaucoup d’influence.

Personne ne souhaite voir le Royaume uni sortir de l’Union européenne. Pour la puissance économique que représente le pays, mais aussi pour le symbole désastreux que serait sa sortie de l’UE. Celle d’une Europe se dissolvant dans la crise.

Je souhaite le maintien du Royaume uni au sein de l’Union européenne mais pas à n’importe quel prix. Le pays bénéficie déjà de nombreux avantages et les discussions actuelles montrent une grande souplesse des différents dirigeants européens. La question est de savoir si David Cameron saura, lui aussi, se montrer flexible et ne pas se laisser emporter par l’aile la plus eurosceptique de son parti.

Nice Premium : L’Europe sera-t-elle capable de rester fidèle à ses principes sur l’Ukraine et la Russie ?

CE : La Russie est un grand pays qui mérite notre respect et qui est un acteur incontournable des relations internationales. C’est un allié pour la France notamment dans la lutte contre le terrorisme.

Toutefois, sur le long terme, notre continent ne peut échapper à une réflexion en profondeur sur sa politique étrangère et les moyens qui doivent l’accompagner. Il a tendance à n’aborder les relations internationales que sous l’angle de sa politique commerciale en faisant fi des conséquences politiques. Il faut promouvoir le raisonnement inverse.

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