Initiée par un coup à blanc (le siège de la Métropole sera transféré à l’hôtel de Ville de Nice) qui signifie que Christian Estrosi, restera le « vrai » maire de Nice et son futur successeur en sera le porte-parole, la séance s’est poursuivie avec la traditionnelle discussion sur les orientations budgétaires pour l’exercice 2016.
En vieux routier de la politique, Olivier Bettati a bien flairé le coup mai, en fait, doit-on s’étonner de son étonnement ?
Que pensait-il ? Que Christian Estrosi se coupe de sa base électorale ? Il était clair dès le début, que’au delà des formalités administratives, le maire de Nice aurait gardé la main sur la ville.
Réunir dans le même lieu physique, le bureau de maire de Nice et celui du Président de la Métropole n’est peut-être pas une décision élégante mais elle permet l’interconnexion nécessaire pour garder la double casquette. Oui, ça fait un peu caudillo sud-américain mais c’est tellement efficace….
Faute de chiffre, comme disait Pythagore, « dans le nombre, il y a tout », on a discuté de principes et tendances. Tout le monde a dit la sienne dans une atmosphère de pure cordialité: au silence habituel des bons soldats de la majorité, les oppositions ont donné la voix par des critiques de routine.
On était plus dans un climat de discussion dans un salon plutôt que dans un bras de fer dans une arène.
Pour revenir au budget métropolitain et aux grandes axes qui le composent, rien de nouveau sous le soleil bien présent dehors du CUM : Christian Estrosi maintien le cap sur zéro augmentation de la fiscalité (en vérité, elle augmente mais par l’incrémentation de la base de calcul et non pas par le pourcentage de l’impôt), une maîtrise des frais de fonctionnement (plus à la marge qu’en profondeur) et des investissements qui devront créer emplois et richesses et enchaîner un cercle économique vertueux.
Pour l’instant, on en est à la première phase, celle des énonciations et de la mise en pratique, le temps dira si les options choisies ont été les bonnes.
Pour le moment , il n’y a pas de quoi pavoiser: les quelques dizaines de start-ups qui logent dans les structures de l’Eco-Vallée ne sont que peu de chose et font pale figure par rapport aux 50 000 nouvelles naissances par an dans la seule Baie de San Francisco.
Et en grand voyageur qu’il est, Christian Estrosi pourrait profiter d’une de ses missions en Israël pour donner un coup d’oeil à ce qui se passe autour du Technion de Haifa.
Juste pour dire que si la route est celle qu’il faut, les standard internationaux demandent aussi un certain rythme pour rester dans la course : bref, un bon vieux rock et non un slow langoureux !
Si on en revient au débat et aux chiffres indicatifs du budget, Christian Estrosi a mis en avant la poursuite de la baisse des dotations de l’Etat : c’est vrai , mais il est aussi vrai que si un budget de près d’1 milliard de recettes n’a pas la capacité d’absorber une diminution de près de 10 millions, il est tout de même difficile de réclamer la palme du bon gestionnaire !
Une aide précieuse et attendue pour arrondir les angles viendra, tout de même, de la Région: le néo-Président a fait valoir son emprise, et 30 millions de contributions à des projets (tram ligne 2 et voie des 40 mètres dans la Plaine du Var) seront une aide bien utile.
Un autre volet qui sera exploré, avec toute l’énergie que Christian Estrosi sait y mettre, ce sont les fonds européens. Dans le cadre des initiatives de la Région, il n’est pas difficile d’imaginer que Nice aura toute sa place en terme de retombées.
Un autre poumon financier est le fond de soutien à l’investissement des collectivités territoriales doté de 1 milliard. Comment ne pas imaginer que la Métropole se soit pas candidate pour certains de ses projets en cours ?
Tout cela pour en arriver à la conclusion : le niveau d’endettement que cette politique, ambitieuse mais coûteuse, est compatible avec la capacité de remboursement ou bien, tôt ou tard, il plombera les finances dans une la spirale négative.
Le président de la Métropole se veut décidément confiant: pour lui, après le pic de 1,45 milliards en 2018, la décrue de l’encours devrait commencer.
Ce n’est pas l’avis de Patrick Allemand ( PS) qui a souligné la baisse des investissements et de la capacité d’autofinancement, plombés par le remboursement des crédits. Encore une fois, c’est le coût exorbitant du tunnel de la ligne 2 du tram qui en est principalement à l’origine, selon l’élu d’opposition.
Marie Christine Arnautu (FN) , « noblesse oblige » , a été encore plus virulente dans son intervention et mis l’accent sur les incongruités des choix budgétaires et traité le Président de la Métropole de « fanfaron » en l’accusant de « mentir sur l’état réel des finances ».
Pour elle, « l’ encours de la dette est astronomique (1,128 milliards d’euros) , le ratio de désendettement atteint des sommets très au-delà de ce qui est habituellement retenu comme dangereux ».
On attendra la présentation du budget dans les semaines à venir pour mieux comprendre, entre vérité des chiffres et propagande des uns et des autres, la vérité.
De minime importance et de caractère technique auront été les autres délibérations.