La Fondation Mémorial de la Shoah compte ouvrir une antenne à Nice. Ce lieu de mémoire présentera une exposition permanente sur l’histoire des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un mois après l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël, Christian Estrosi a tenu à rappeler son soutien à Israël, à démontrer sa solidarité à son peuple, en cette ouverture de Conseil municipal. Il a également reformulé une demande de libération des otages retenus par le Hamas. C’est dans ce sens, que la ville de Nice a affiché les visages des enfants otages du groupe terroriste sur des écrans partout en ville.
« Ils (les membres du Hamas NDLR) n’ont aucune autre légitimité que celle de la terreur et de la peur. Ils ne désirent qu’une chose : la destruction d’Israël et l’extermination du peuple juif. Je n’ai pas peur de le dire, oui le peuple palestinien a le droit de vivre en paix dans un Etat indépendant, mais cet Etat ne peut pas exister tant que le joug du Hamas pèse sur eux« , déclare le premier magistrat de la ville.
Une minute de silence a été observée pour rendre hommage « aux victimes du Hamas, de l’antisémitisme, de ceux qui veulent l’extermination du peuple juif en Israël comme ailleurs », avant de commencer cette séance par la présentation du projet de création d’une antenne du Mémorial de la Shoah à Nice.
« Nous ne sommes pas dans l’opportunité de l’instant et de la tragédie que nous avons rappelé en début de séance », précise Christian Estrosi, le maire de Nice. Ce dossier constitue « un travail de longue haleine contre l’antisémitisme et le négationnisme » commencé il y a deux ans.
Un lieu de mémoire au cœur de Nice
La Fondation Mémorial de la Shoah, dont le siège est à Paris, a sollicité la ville de Nice pour ouvrir une antenne sur son territoire. Il a été proposé à l’assemblée d’approuver la signature d’un bail de type emphytéotique, pour la valeur d’un euro symbolique, et ce, pour une durée de 85 ans. Le projet a été adopté à l’unanimité.
Ce lieu dédié à la mémoire devrait s’installer dans un bâtiment communal de deux étages, d’une surface de 570 m², situé passage Meyerbeer, dans le quartier Carré d’Or, à quelques mètres de la Place Massena.
Pour transformer ce bien en un futur musée, la Fondation s’engage à investir plus d’un million et demi d’euros dans des travaux. In fine, cette antenne mémorielle présentera une exposition permanente sur l’histoire des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et disposera de salles pédagogiques pour les scolaires et enseignants.
Serge et Beate Klarsferd, couple d’avocats, historiens, défenseurs de la cause des déportés juive et se sont déplacés pour assister à cette première délibération, de ce Conseil municipal du 7 novembre. Ces « infatigables chasseurs nazis », comme le souligne le maire, « honorent à la fois Nice, la France, l’humanité tout entière pour ceux qui se reconnaissent dans les belles et grandes valeurs qui défendent ».
Il y a 55 ans, jour pour jour, le 7 novembre 1969, Beate Klarsfeld n’était pas dans une salle de Conseil municipal mais dans la salle des congrès de Berlin et elle donnait une gifle, devenue historique, au chancelier ouest-allemand Kurt Georg Kiesinger, ancien nazi et propagandiste sous le IIIe Reich.
« L’antisémitisme n’a pas disparu avec les victimes des camps de concentration »
Le maire a rappelé pourquoi ce projet, proposé par La Fondation Mémorial de la Shoah, a du sens. « C’est toujours sur le terreau de l’ignorance et de l’oubli que prospère la haine, le racisme et l’antisémitisme. L’antisémitisme n’a pas disparu avec les victimes des camps de concentration, nous le voyons que trop bien depuis un mois », déplore-t-il.
Il reprend les chiffres communiqués par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dimanche dernier. Depuis, le 7 octobre, en l’espace de moins d’un mois, 1040 actes visant des Juifs sur le territoire ont été constatés par les autorités françaises. « Le combat contre l’antisémitisme est l’affaire de tous », insiste-t-il, après avoir relaté, profondément inquiet qu’« un Français sur six ignore ce que fut la Shoah ». Un chiffre qui provient d’une étude commandée par la Jewish Claim Conference en 2020.
Cette délibération a fait l’objet d’une intervention très maladroite de Sylvie Bonaldi, conseillère municipale que le maire n’a voulue commenter qu’avec les propos suivants, tant il était effaré : « Je trouve abominable les propos que vous venez de tenir. Je ne sais pas si en rentrant chez vous ce soir vous pourrez vraiment vous regarder dans une glace. »
Citoyen d’honneur de la cité niçoise, comme sa femme, Serge Klasferd a tenu un discours devant l’assemblée, faisant le récit de la rafle qu’il a connu alors qu’il avait 8 ans, avec sa famille, en 1943, alors qu’il habitait dans un appartement au 15, rue d’Italie à Nice : « C’est un moment important de ma longue vie que de me trouver devant vous, seul témoin de la tragédie qui se déroulait il y a exactement 80 ans pendant l’automne 1943 quand la Gestapo du capitaine SS Alois Brunner pourchassait la population juive de la Côte d’Azur. «
L’enfant rescapé de la Shoah devenu un inlassable combattant pour la cause juive salue « un geste fraternel et réconfortant de la ville de Nice » avant de quitter la salle avec sa femme sous de longs applaudissements.