À l’occasion de la sortie de son rapport annuel sur la pauvreté en France, la délégation du Secours Catholique des Alpes-Maritimes partage être confronté à de plus en plus de femmes en situation d’extrême pauvreté dans le département.
Dans les Alpes-Maritimes, les équipes du Secours Catholique ont reçu dans ses différents accueils 45 000 personnes au cours de l’année 2022 et en a accompagné 5 000 grâce à ses 501 bénévoles.
Le rapport statistique 2023 dévoile que la pauvreté s’aggrave en France et que les femmes en sont les premières victimes. Sur le territoire maralpin, 57,6% du public rencontré sont des femmes, et cette proportion ne cesse d’augmenter. Parmi elles, il y a une grande part de mères isolées (26%) et aussi des femmes seules (19,2%).
« Elles travaillent souvent autant que les hommes, mais elles sont souvent à temps partiels ou dans des emplois précaires mais cette situation de carrière hachée par rapport à celles des hommes plus linéaires fait qu’elles sont dans un cercle vicieux et cumulent ces vulnérabilités qui vont se rapporter sur sa retraite « , détaille Karine Dziwulski, déléguée départementale du Secours Catholique.
Parmi les femmes précaires rencontrées, le rapport détaille quatre profils notamment en fonction de leur situation par rapport à l’emploi : les jeunes femmes éloignées de l’emploi de moins de 40 ans, qui sont en « inactivité » dite classique ; les femmes étrangères en « inactivité » non classique de tout âge en situation « d’inactivité » souvent en raison de leur statut administratif ; les femmes plus âgées isolées de 55 ans et plus , en « inactivité » classique ; les femmes actives de tout âge, au chômage ou exerçant un emploi.
« Un vrai tournant dans l’aide sociale »
Karine Dziwulski parle d’un « vrai tournant dans l’aide sociale » sur notre territoire. « Il y a eu pendant très longtemps une priorisation des ménages avec enfant pour le relogement ou le maintien dans le logement, aujourd’hui, ce n’est plus le cas dans notre département avec un 115 qui expulse largement les familles avec enfant« , dénonce-t-elle.
La situation du logement est de plus en plus critique alors que le Secours Catholique alertait déjà en juin dernier avec d’autres associations sur la pénurie d’hébergements d’urgence dans le 06. Cet été, à la veille du 14 juillet, l’État a décidé de supprimer 490 places d’hébergements dans les Alpes-Maritimes alors qu’il en manquerait 20 000 en France.
« Nous avons reçu beaucoup de ces familles à l’accueil de jour pour contester et faire des référés. Il y avait beaucoup d’enfants, de personnes malades, de femmes seules, de personnes handicapés. L’action publique rend les personnes encore plus vulnérables et va à l’encontre de la solidarité et de la fraternité nationale« , s’indigne-t-elle.
L’accès aux minima sociaux est également une bataille. Les données recueillies rapportent qu’en 2022, au moins 33% des ménages rencontrés éligibles au RSA n’y ont pas recours. Et le projet de loi plein emploi définitivement adopté à l’Assemblée nationale inquiète au Secours Catholique. Il prévoit 15 heures d’activités obligatoires toutes les semaines pour les demandeurs d’emploi et allocataires du RSA. Le Secours Catholique parle d’« une contrepartie injuste » et croit fermement que « l’octroi d’un revenu vital ne doit souffrir d’aucune contrepartie ».
Quand l’inflation fait basculer dans la pauvreté et aggrave l’extrême pauvreté
Le Secours Catholique souligne que le contexte de forte inflation sur l’alimentation et l’énergie a aggravé nettement la pauvreté en 2022. L’organisme confie recevoir sur le terrain de plus en plus de demandes d’aide en lien avec l’alimentation, l’énergie et les transports.
Parmi les ménages accueillis, le niveau de vie médian a baissé de 7,6% entre 2021 et 2022. 600 euros, c’est le revenu moyen des personnes qui fréquentent le Secours Catholique dans les Alpes-Maritimes, un montant bien en dessous du seuil de pauvreté en France qui était de 1 128 euros par mois en 2022. Concrètement, ces ménages disposent de 18 euros par jour pour subvenir à leurs besoins, alimentation, logement, soins, vêtements, tout compris.
Par ailleurs, dans le département, 56,5% des ménages rencontrés sont en situation d’impayés.