L’Etat a lancé la procédure d’appel d’offres pour la privatisation partielle des aéroports de Nice et de Lyon* avec l’adoption des cahiers des charges pour ces procédures, selon deux avis publiés jeudi au Journal Officiel (JO).
L’État veut céder la totalité des 60 % qu’il détient dans les sociétés gestionnaires de ces aéroports et « les candidats à l’acquisition pourront se faire connaître dans les conditions prévues au cahier des charges » jusqu’au 24 mars, selon ces deux avis.
L’Etat devrait récupérer un beau pactole. L’aéroport de Nice présente un profil de rente intéressant avec son trafic établi et son aviation d’affaires.
Sa valeur (capitalisation + dette) s’élève en effet selon des experts à près de 1,5 milliard d’euros. Elle pourrait même grimper jusqu’à 1,8 milliard en cas de plusieurs offres en compétition qui pourraient tirer le prix vers le haut.
La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) possède 25 % du capital de ces deux aéroports et les collectivités locales 15 % (répartis entre région, département et métropole).
Sauf le Département, qui ne s’est pas exprimé à ce sujet et garde les mains libres, les autres actionnaires ont déjà communiqué qu’ils n’étaient pas vendeurs et donc leur permanence constituera, de fait, une minorité de blocage, importante pour les décisions stratégiques.
Ces coactionnaires ont été associés, ces derniers mois, à la préparation des cahiers des charges et obtenu gain de cause sur certains points du processus.
En effet, le cahier des charges prévoit que les offres seront appréciées au regard des objectifs d’attractivité et de développement économique et touristique du territoire, et en concertation avec les acteurs publics locaux qui ont été récemment intégrés par la mairie de Cannes.
La loi exige notamment de la part des candidats au rachat des parts de l’Etat « une expérience en tant que gestionnaire d’aéroport ou actionnaire d’une société gestionnaire d’aéroport ».
Le choix des acquéreurs concernant les deux plateformes aéroportuaires devrait intervenir cet été, selon des sources concordantes.
Une ouverture du capital à des acteurs économiques locaux ? Dans ce scénario, certainement inspiré par Christian Estrosi et mis en application dans les couloirs de UPE06, l’Etat vendrait ses 60% dans l’aéroport à des acteurs implantés localement.
Ce montage laisserait la main à une sorte de consortium constitué d’industriels locaux et d’entreprises étrangères ayant des intérêts en France, associé à un partenaire technique comme la loi exige.
Pourquoi pas ? Il faudrait alors signer un chèque de près de 800 millions d’euros.
De nombreux groupes et fonds d’investissement spécialisés dans les infrastructures ont d’ores et déjà manifesté leur souhait de participer à l’opération.
Des offres sont notamment attendues de groupes comme l’italien Atlantia (opérateur notamment de l’aéroport de Rome) allié à EDF Invest, l’australien Macquarie, des fonds Global Infrastructure Partners ou Industry Funds Management. Le groupe espagnol d’infrastructures Ferrovial se serait allié, selon des sources fiables, à la société d’investissement Meridiam. Le Français Ardian, en coopération avec le groupe Changi Airport, serait également sur les rangs.
Vinci, la Caisse des dépôts et Predica, filiale d’assurance du Crédit agricole ont formé ensemble un consortium pour participer aux privatisations,
Le groupe Aéroports de Paris (ADP) envisagerait quant à lui de participer au seul appel d’offres sur l’aéroport de Nice.