On pensait qu’Eric Ciotti, qui pendant cette mandature socialiste a été un inflexible critique et censeur tel un Torquemada modern , aurait l’ambition de postuler au maroquin de ministre de l’Intérieur dans le cas (que l’intéressé considère comme acquis) d’alternance au pouvoir après les élections présidentielle et législatives de 2017, mais, mais… et si c’était le strapontin de Ministre du Budget qu’il visait ?
L’indice vient de la présentation et examen du Compte administratif 2015 que l’Assemblée Départementale a voté hier, à une majorité écrasante, avec une opposition réduite à sa plus simple expression numérique et à l’allure d’une réserve indienne.
A cette occasion, comme il l’avait déjà fait lors du vote du budget primitif et plus récemment du bilan de la première année de la mandature actuelle, le président du Conseil Départemental s’est offert une « lectio magistralis » d’orthodoxie financière et de bonne gestion qui pourrait préconiser une application au niveau national, le moment venu.
Comme font comprendre les grands chefs d’orchestre en regardant le public avec complaisance ou commisération… donnez moi la baguette et écoutez ma musique !
Chantre de la rigueur, Eric Ciotti a présenté sa formule gagnante : maîtrise des dépenses de fonctionnement, maintien d’un haut niveau d’investissement, désendettement (moins d’emprunt par rapport au remboursement de la dette) et, cerise sur le gâteau, pas d’augmentation des taux de fiscalité (les recettes augmentent tout de même grâce à l’augmentation des bases de calcul et au volume des activités taxées).
La martingale permet au président du Conseil Départemental des Alpes-Maritimes de se positionner parmi les vertueux dans les diverses comparaisons au niveau national et de peser dans le débat au sein de l’Association des Départements
Que peuvent dire les pauvres oppositions sinon critiquer à la marge la vision idéologique de la gestion du RSA (la socialiste Marie-Louise Gourdon) dans la formule « droit-devoir » dont Eric Ciotti veut faire un cas d’école ou pour l’insuffisance de l’investissement (le communiste Tujague) qui pointe surtout sur les infrastructures de la vallée du Paillon et de la Roya (le canton où il a été élu).
Bref, comme l’a dit fort aimablement Madame Gourdon, « les citoyens supportent de plus en plus mal le spectacle des affrontements » avant d’affirmer « de se garder de tous ces excès pour travailler de bonne foi ».
Nul doute que, au delà de quelques parades et ripostes digne du noble sport qu’est l’escrime, c’est vraiment le cas dans l »hémicycle départemental.
