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22 novembre 2024

Festival de Cannes: Le retour du Brésil

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Le Brésil, absent à Cannes depuis quelques années, a fait aujourd’hui un retour fracassant avec Aquarius de Kleber Mendonça Filho. Tout d’abord parce que le film est magnifique tout en offrant à la grande actrice Sonia Braga un rôle à sa mesure. Mais aussi parce que l’équipe du film a manifesté sur les marches et dans le Grand amphithéâtre Lumière en brandissant de petites pancartes dénonçant la destitution de la Présidente Dina Rousseff.

Cette séance mémorable était en fait pour nous la cinquième depuis hier : cinq films dont le dernier Almodovar.

Aquarius, Kleber Mendonça Filho, Brésil

Clara, la soixantaine radieuse, ancienne critique musicale, vit dans un immeuble bourgeois de Recife construit dans les années 40 au bord de l’océan. Un promoteur veut détruire l’immeuble et pour cela a racheté tous les appartements sauf celui de Clara qui refuse. Elle va entrer en guerre contre la société immobilière.

Sensualité et musique à tous les étages : nous sommes bien dans un film brésilien.

Interrogation sur l’absence, la mémoire, la vieillesse, l’argent-roi : nous sommes bien dans un film universel.

Le personnage de Clara habité par Sonia Braga est d’une beauté confondante et d’une dignité absolue même si celle-ci est souvent traversée par la fantaisie et l’humour.

Pas de doute, le Cinéma a besoin du Brésil !

Julieta, Pedro Almodovar, Espagne

Julieta sacrifie sa vie personnelle pour retrouver Antia, cette fille qu’elle n’a pas vue depuis sa disparition volontaire en fin d’adolescence.

Le dernier Almodovar parle du destin et de la culpabilité. Comme souvent chez le réalisateur, il s’agit d’une histoire de femme et les actrices sont bouleversantes (Emma Suarez et Adriana Ugarte). L’icône Rossy De Palma a même cette fois-ci un vrai rôle.

Enfin la Palme pour le réalisateur de la Movida ? Pour l’ensemble de son œuvre, ce serait mérité et valorisant pour le palmarès du Festival.

Paterson, Jim Jarmusch, USA

Paterson (Adam Driver, un des héros de la très bonne série HBO Girls) vit à Paterson, New Jersey. il est chauffeur de bus et mène une vie réglée comme du papier à musique avec Laura et Marvin, son bouledogue anglais. Mais Paterson a son jardin secret : toute la journée, il écrit des petits poèmes sur un carnet qui ne le quitte pas.

Pour Paterson, le bonheur se traque dans les interstices de la banalité des jours. Ainsi, chacun peut être le poète de sa propre vie. Jarmusch en héraut de la pleine conscience, why not ? Mais même si le film est formellement très réussi, j’en ai trouvé le ton un peu gnangnan, la poésie franchement cucul et le personnage de Laura propice à provoquer des envies de meurtre (j’exagère…). En fait, je suis plutôt en phase avec le bouledogue facétieux qui va (un peu) bouleverser la vie ordonnée des deux tourtereaux. Enfin !

Quant à Jarmusch et son acteur Driver, le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne donnent pas l’impression d’être de joyeux drilles : dix minutes d’applaudissements furent nécessaires pour leur arracher l’esquisse de l’esquisse d’un sourire.

Loving, Jeff Nichols, USA

Il s’agit de l’histoire de Mildred et Richard Loving, les bien nommés (Joël Edgerton et Rutt Negga). Il est blanc, elle est noire, ils se marient à Washington et rentrent chez eux en Virginie à la fin des années 50. C’est interdit. Ils sont donc bannis de l’Etat. Dix ans et quatre enfants plus tard, ils vont devant la Cour Suprême fédérale.

Les deux époux issus de milieux modestes se sont mariés parce qu’ils s’aiment et veulent fonder une belle famille américaine. Pas de révolte, aucune démarche militante pour ce couple qui veut être heureux sans être exemplaire. Il le sera quand même avec le célèbre arrêt « Loving Vs Virginia » qui marquera la fin de cet aspect de la ségrégation raciale aux USA. Très sobre, le film est donc fidèle aux Loving. (Dans le générique de fin, on peut voir une émouvante photographie des véritables héros de l’histoire)

Personal shopper, Olivier Assayas, France

Maureen (Kristen Stewart), une jeune Américaine à Paris, s’occupe de la garde-robe d’une célébrité pour gagner sa vie. Parallèlement, elle cherche à entrer en contact avec l’esprit de son frère jumeau Lewis, récemment disparu.

Le film d’Assayas est un étrange mélange de thriller et de fantastique. Sans être totalement convaincant, l’ensemble tient la route et on découvre avec curiosité les sinuosités de l’intrigue.

Cela dit, ce film tourné en anglais est la parfaite illustration de la paresse contemporaine des scénaristes qui abusent des NTIC pour faire avancer leurs histoires.

par Patrick Mottard

Auteur/autrice

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