Les dernières heures du Festival sont toujours un peu tristounette…
Les salles sont à moitié vides, les stands du marché du Film sont démontés, l’excitation cinéphilique est en chute libre.
Jusqu’à cette petite loge improvisée au dernier rang du Grand Amphithéâtre Lumière que nous avons quasiment privatisée séance après séance et dont nous usons une dernière fois avec un pincement au cœur ce samedi de final cut. C’est le temps des (trois) derniers films et des premiers pronostics.
The last face, Sean Penn, USA
The last faceEntre la guerre civile du Libéria et celle du Sud Soudan en passant par le Sierra Leone, le docteur Petersen (Charlize Theron) et le médecin Miguel Leon (Javier Bardem) qui ne partagent pas la même conception de l’humanitaire vivent une histoire d’amour à rebondissement.
Deux films cohabitent dans The last face : une sorte de documentaire sur l’horreur des guerres en Afrique et un film d’amour hollywoodien façon L’année de tous les dangers. Le premier est efficace donc salutaire pour réveiller nos consciences toujours en basse tension quand il s’agit de l’Afrique. Le deuxième est plaqué et artificiel. Voire indécent.
Elle, Paul Verhoeven, Pays-Bas – France
ElleMichèle (Isabelle Huppert) dirige une grosse boîte qui crée des jeux vidéos ultra violents. Un soir, elle se fait violer dans sa villa. Plus troublée que choquée, elle va partir à la recherche de son agresseur.
Le réalisateur de Robocop et de Basic instinct offre à Isabelle Huppert un rôle à sa mesure. Animal à sang froid pas familialement correct pour deux sous, maîtresse à haut risque et amie à la fiabilité douteuse, Michèle va probablement s’inscrire très vite dans le panthéon des personnages remarquables du cinéma français.
Forushande (Le client), Asghar Farhadi, Iran
Le clientEmad (Shahab Hosseini) et Rana (Taraneh Alidoosti), un couple d’acteurs vivant à Téhéran, emménagent dans un nouvel appartement. Un soir, alors qu’elle est seule, Rana laisse par mégarde la porte ouverte. Un inconnu entre et l’agresse alors qu’elle prend sa douche.
Encore un viol ! Le deuxième de cette ultime journée de festival. Mais le propos de Farhadi est beaucoup plus lourd que celui de Verhoeven. Dans cet Iran d’aujourd’hui si déroutant (des actrices voilées y jouent de l’Arthur Miller), il s’agit d’une réflexion sur la légitimité des combats que l’on mène pour le compte d’autrui et le pardon. C’est à la fois pudique, généreux et terriblement dérangeant. Avec une fin ouverte qui est tout sauf une conclusion.
Reste les pronostics ou plutôt LES COUPS DE CŒUR :
Pour ma part, disons que je serais déçu si le palmarès n’était pas nourri avec le quatuor suivant :
- Ma Loute (Bruno Dumont- France)
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Toni Erdmann (Maren Ade-Allemagne)
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Aquarius (Kleber Mendonca Filho- Brésil)
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Bacalaureat (Cristian Mungiu- Roumanie)
Toutefois, je ne serais pas mécontent qu’au delà de son film de l’année on récompense Pedro Almodovar en quelque sorte pour l’ensemble de son œuvre (je radote je l’ai déjà dit plusieurs fois sur ce blog les années précédentes !).
par Patrick Mottard