Hier soir, six entrepreneuses de la région ont été récompensées pour leurs efforts et leur dévouement lors de la première édition des Trophées Femme du Rebond à l’Opéra de Nice.
Être une femme entrepreneuse n’est pas chose facile, surtout lorsque la route vers la gloire a été semée d’embûches et de tourments personnels. Ces épreuves de la vie sont aujourd’hui récompensées lors de la soirée des Trophées « Femme du Rebond« , organisée pour la première fois par la Ville de Nice et l’association « Femmes Chefs d’Entreprises Nice Côte d’Azur ». Une cérémonie de remise des prix spécialement pensée pour décorer les plus valeureuses cheffes d’entreprises de la région, saluant leurs sacrifices et leur aptitude à transformer les obstacles en opportunités.
Un événement élaboré par des femmes, pour des femmes. Maty Diouf, adjointe au maire de Nice, déléguée à la Lutte contre les discriminations et au Droit des Femmes n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler leur cri de guerre, de coeur et de ralliement sur la scène de l’Opéra de Nice : « Lorsque les femmes sont seules, elles sont invisibles. Lorsqu’elles sont ensemble, elles deviennent invincibles. »
Ce sont Marielle Walicki, présidente fondatrice de « Femmes Chefs d’Entreprise Nice » et Anne Aubert-Larmoyer, présidente actuelle de la délégation, qui en sont à l’origine. « On a déjà le Trophée des femmes dirigeantes qui distingue des femmes qui ont réussi et qui ont de bons chiffres d’affaires. Mais il y a des femmes qui ne peuvent pas s’identifier à elles. Et c’est là que l’idée d’encourager les entrepreneuses qui ont vécu des épreuves difficiles de la vie, est venue. Ces femmes là, il faut aussi les mettre en lumière, car elles sont extraordinaires », a précisé Marielle Walicki.
Les six Femmes du Rebond
Voici la liste des six catégories et des entrepreneuses lauréates aux parcours atypiques :
Du Droit au Bien-être
Barbara Ghighi, fondatrice de l’institut de massage B.Happy, remporte le trophée de la catégorie Santé & Bien Être. Cette ancienne juriste, fondatrice d’AJFR, premier centre de formation aux métiers juridiques en France, a fait du chemin. Dix ans plus tôt, avant la création de B.Happy, Barbara a succombé à trois burn-out. Le dernier a duré sept mois. Malgré ces périodes difficiles, Barbara a su rebondir après ses échecs en fondant son salon de bien-être. Un endroit chaleureux à l’image de ses valeurs.
Elle est aujourd’hui épanouie dans son activité, ravie de faire plaisir aux autres. Barbara prévoit même d’organiser une fois par mois « Une journée porte-monnaie où tout le monde pourra venir se faire masser » à bas prix.
Un succès tissé d’épreuves
Créscence Abougou repart avec le trophée de la catégorie Commerce. La vie n’a pas toujours été rose pour la jeune femme. Originaire de Lyon, Créscence a déménagé à Nice il y a quelques années avec son mari et ses deux enfants. Lorsqu’elle fonde La Centrale Capillaire en 2014, Créscence va connaître des déceptions. D’abord, le décès de sa mère et ensuite son divorce en l’espace de deux ans.
Elle se retrouve seule à élever ses enfants et gérer sa nouvelle société. Mais sa détermination, combinée au soutien infaillible de ses deux garçons, l’ont poussé à garder le cap. Animée par son envie de réussir, Créscence est aujourd’hui plus forte que jamais et est prête à affronter l’avenir. Son conseil : « Il ne faut jamais rien lâché. Il est important d’échouer pour mieux savourer les victoires. » Comme l’a si bien dit l’auteur Mathieu Kassovitz, « ce qui importe, ce n’est pas la chute, mais l’atterrissage. » Et celui de Créscence est plutôt bien réussi !
Un Savon d’Espoir au Coeur du Mercantour
Virginie Tollardo est la gagnante du trophée de la catégorie Agriculture. C’est en 2013 que la vie professionnelle de Virginie bascule. En plus de son travail au Parc animalier Alpha, elle décide d’entreprendre une activité d’apiculture sur les terrains familiaux et se forme au métier de savonnière.
Lorsqu’elle fonde et s’investit pleinement dans son entreprise Le Savon du Mercantour, plusieurs événements vont la mettre à l’épreuve. Le Covid l’attaque, mais Virginie se relève. La tempête Alex lui passe un savon, mais Virginie la rince. L’incendie de son local de marchandises la décourage, mais Virginie s’en sort avec le soutien de son mari… Autant de raisons d’abandonner, mais Virginie n’a jamais faibli et s’est toujours accrochée à ses trois mots : « Espoir, passion et énergie. » Une ténacité aussi remarquable que la qualité de ses produits artisanaux.
Amour, synonyme de succès
Le trophée de la catégorie Revitalisation des Territoires est décerné à Céline Devocht. Après 17 années en tant que propriétaire d’un salon esthétique, Céline change de voie professionnelle. Fini l’esthétique, place aux paniers bio avec sa société La Ferme à la Maison. Pendant le Covid, son activité prospère, mais la réouverture des frontières met son entreprise en péril. Pour couronner le tout, elle se sépare du père de ses deux enfants. C’est une épreuve pénible pour Céline.
Par la suite, elle déménage à Saint-Étienne-de-Tinée avec ses garçons. Après ces revers, l’ex entrepreneuse rencontre l’Amour. Un nouveau chapitre s’écrit. Sans le savoir, Céline va replonger dans le monde de l’entreprenariat avec son nouveau conjoint. Ce dernier réussit par la convaincre de fonder Le Crayon Cassé. Un salon de thé qui connaît actuellement un succès fou d’après les avis Google. Chaleureux, convivial et accueillant sont les principaux termes qui ressortent le plus. En recevant son prix, Céline a tenu à adresser ses remerciements « au FCE qui a toujours été là pour moi », et à « mon chéri et à mes enfants. »
La cartouche d’idées vertes
Christine Petitpas remporte le trophée de la catégorie Développement Durable. Mère de deux enfants, Christine en a bavé avec sa dyslexie diagnostiquée dans les années 70 et la maladie de la poliomyélite qui, au final, n’a pas eu raison d’elle. Christine n’est pas du genre à se laisser abattre. Après un choix de carrière par défaut, elle décide de tout plaquer pour devenir entrepreneuse. Une force et un courage sans failles qu’elle tient de sa mère. Son choix est également motivé par son désir de pouvoir récupérer ses enfants, qu’elle élève seule, « à la sortie de l’école chaque soir« .
En 2001, elle fonde alors Cartouche Vide, une entreprise de recyclage de cartouches usagées. Une idée inspirée de ses souvenirs de scoutisme pendant son enfance. Depuis, sa société cartonne partout en France et en Europe. En recevant son trophée, Christine a rappelé que « les entreprises dirigées par les femmes sont plus rentables que celles dirigées par les hommes », sur le ton de l’humour. Sa devise : « Transformez vos faiblesses en force professionnelle. »
Un coeur en pâte, une victoire croustillante
Pour finir, le trophée de la catégorie Coup de cœur du Jury est attribué à Domenika Zielinska. Originaire de Pologne, Domenika quitte son pays natal à l’âge de 27 ans pour la France. Après une rencontre marquante avec un paysan boulanger, Domenika tombe amoureuse des variétés de blés anciens et de la boulangerie. Elle se découvre une nouvelle passion, le début d’une longue aventure. Séparée de son mari et contrainte d’élever sa fille seule, Domenika ne lâche rien.
Déterminée à réaliser son rêve de boulangère, la mère célibataire commence à faire son pain chez elle, puis, dans un laboratoire. Elle réussit à fidéliser sa clientèle. Mais les obstacles commencent à apparaître, notamment avec la crise sanitaire. La boulangère doit se séparer de quelques-uns de ses employés et fait le choix de ne percevoir aucun salaire pendant plus de six mois pour éviter la faillite.
Tel un phénix qui renaît de ses cendres, Domenika revient en force et créé Le Fournil Zielinska en 2022. Les débuts n’ont pas été fabuleux, mais après avoir remporté le concours de M6 « La Meilleure Boulangerie de France », les ventes ont décollé et n’ont pas arrêté depuis. « C’est important pour moi d’avoir ce prix, d’être encouragée par des femmes, merci à toutes pour votre soutien, ça n’a pas de prix », a conclu la lauréate Coup de Coeur du Jury sur la scène de l’Opéra de Nice.