Le doctorant Matej HLADIS de l’Université Côte d’Azur remporte le grand prix du concours « The Cosmetic Victories » grâce à son projet innovateur d’intelligence artificielle capable de prédire les odeurs.
Après avoir complété ses études en mathématiques appliquées en Slovaquie, Matej HLADIS a poursuivi sa passion pour la recherche en entamant un doctorat à l’Institut de Chimie de Nice, affilié à l‘Université Côte d’Azur. Son parcours académique l’a conduit à plonger dans le domaine fascinant de l’olfaction.
Malgré les défis initiaux nécessitant une compréhension approfondie en chimie, biologie et neurosciences pour décrypter les mécanismes complexes du sens de l’odorat, son solide fondement en mathématiques s’est avéré être un atout précieux. Grâce à ses compétences, Matej a rapidement saisi les subtilités de l’apprentissage profond et de l’intelligence artificielle, propulsant ainsi son projet vers de nouveaux sommets.
En quoi consiste la compétition « The Cosmetic Victories » ?
« L’objectif des « Cosmetic Victories » est de donner l’opportunité aux chercheurs et aux start-ups de présenter leurs innovations devant les principaux acteurs des industries cosmétique et de la parfumerie. La France est l’un des leaders mondiaux de ce secteur, et pour le rester, la Cosmetic Valley, qui est l’organisateur de l’événement, organise plusieurs événements pour stimuler la collaboration et l’innovation dans le domaine. »
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre projet primé lors de la compétition ?
« L’objectif de notre innovation est d’introduire l’IA dans l’industrie du parfum. Dans notre travail, nous avons développé un modèle d’IA bio-inspiré capable de prédire l’odeur de n’importe quelle molécule odorante, basé sur notre compréhension du système olfactif humain. Pour mettre ce problème en perspective, il pourrait y avoir plus de 40 milliards de molécules ayant une odeur, et jusqu’à présent, nous n’avons exploré qu’une infime fraction de ce nombre colossal. Ainsi, cette approche peut ouvrir de tout nouveaux types d’odeurs que nous n’avons jamais vus auparavant. De plus, elle peut aider les parfumeurs et les experts à trouver des alternatives plus durables et plus sûres aux molécules odorantes déjà utilisées dans l’industrie.«
Comment avez-vous eu l’inspiration pour développer ce projet et cette IA ?
« Notre expertise dans le groupe de recherche porte sur l’étude des récepteurs olfactifs qui constituent la base du code combinatoire de l’olfaction. Les humains ont environ 400 types différents de récepteurs olfactifs dans le nez, et notre sens de l’odorat fonctionne grâce à un mécanisme de codage complexe, où chaque molécule odorante active certains de ces récepteurs et, en fonction de la combinaison de récepteurs activés, notre cerveau reçoit un signal, le traite et, à la fin, nous avons une sensation que nous appelons odeur. Le cœur de mon travail est d’utiliser les dernières avancées en matière d’apprentissage profond et d’IA pour prédire ce code combinatoire pour n’importe quelle molécule odorante. Récemment, nous avons obtenu des résultats très encourageants dans cette tâche, et une étape naturelle supplémentaire était d’utiliser notre connaissance du mécanisme de l’odorat pour prédire enfin l’odeur d’une molécule arbitraire. »
Quel impact pensez-vous que votre innovation aura sur l’industrie du parfum et des cosmétiques ?
« Actuellement, nous connaissons et utilisons seulement une petite fraction de toutes les molécules odorantes possibles, et il est très difficile d’explorer de nouvelles odeurs, car actuellement, nous devrions d’abord extraire ou synthétiser les molécules, puis les sentir. Comme il existe des millions de molécules odorantes possibles, cela n’est pas réalisable en pratique. Grâce à notre innovation, cela peut être fait en quelques jours. Ainsi, les parfumeurs disposeraient d’un outil pour explorer rapidement de tout nouveaux territoires olfactifs encore inexplorés. De plus, un deuxième défi est la formulation de mélanges de molécules. Notre odorat présente une grande complexité, et le mélange de deux molécules peut produire une odeur très différente de celle de ses composants. Notre innovation ouvre une nouvelle voie pour aborder ce problème, nous rapprochant de la conception de parfums assistée par ordinateur. »
Comment vous sentez-vous après avoir remporté ce prix ? Que cela signifie-t-il pour vous professionnellement et personnellement ?
« C’est bien sûr un très bon sentiment. J’ai passé plus de 3 ans à développer ce projet et je suis très heureux qu’il soit apprécié par les principaux acteurs de l’industrie. Cela me donne de l’énergie et de la motivation pour aller plus loin et continuer à faire ce que j’ai commencé il y a des années. »