La question de savoir comment le camion du tueur de Nice a pu emprunter la Promenade des Anglais malgré les barrages de police s’est posée dès les premières heures suivant le drame.
En pleine récupération politique, Christian Estrosi a parlé d’ un déficit de mesures de sécurité : « Pourquoi dans une zone piétonnisée, n’y avait-il pas plus de moyens pour empêcher ce drame? ».
Celle qui, de toute évidence, était plus une insinuation qu’une interrogation, énième chapitre d’une relation en dents de scie avec le gouvernement, a trouvé une réponse ponctuelle de la part de la Préfecture qui précise dans un communiqué « que le camion est monté sur le trottoir, contournant les véhicules de police qui faisaient barrage ».
Communiqué de la Préfecture des Alpes-Maritimes
Le dispositif de sécurité et d’ordre public mis en œuvre pour le 14 juillet à Nice avait été élaboré par la Préfecture et la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) en partenariat avec la Ville de Nice.
Au-delà des échanges journaliers avec la Ville, une réunion de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) avec la Mairie et deux réunions de la Préfecture avec la Mairie avaient permis d’organiser le dispositif pour cet événement.
La soirée du 14 juillet à Nice était accompagnée d’une « Prom Party », événement musical se déroulant sur la Promenade des Anglais. Un feu d’artifice a été tiré à la nuit tombée à 22 heures.
Le dispositif s’appuyait sur l’engagement de 64 fonctionnaires de la Police Nationale, (au delà de ce qui avait été prévu dans la note de service) et de 42 de la Police Municipale déployés sur l’ensemble du périmètre : ce dispositif était conçu sur le modèle mis en œuvre pour le Carnaval de Nice de février dernier.
Le principe reposait sur un contrôle périphérique aléatoire et d’une présence à la fois visible (compagnie départementale d’intervention – CDI) et discrète (plusieurs éléments de la brigade anti-criminalité – BAC) au cœur de la foule.
Les contrôles aléatoires en entrée de zone et la vigilance à l’intérieur étaient coordonnés depuis le centre d’information et de commandement (CIC) de la DDSP où se trouvait un accès à la vidéo-protection de la ville (1400 caméras) et un opérateur de la Police municipale.
En parallèle le centre de supervision urbain (CSU) de la Ville de Nice permettait l’observation permanente de l’ensemble du dispositif. Ce CSU était pré-armé en poste de commandement opérationnel (PCO) activable en cas d’événement important.
Ce PCO a été activé dès 23H30 le 14 juillet et le centre opérationnel départemental (COD) destiné à coordonner l’action des secours ouvrait simultanément à la Préfecture.
Ce dispositif était complété jeudi soir par l’engagement de 20 militaires, soit 5 patrouilles, dans le cadre de la mission Sentinelle. Il est à noter que Nice est l’une des villes de France les mieux couvertes par le dispositif Sentinelle.
La mission périmétrique était confiée pour les points les plus sensibles à des équipages de la Police nationale, renforcés d’équipages de la Police municipale. C’était le cas notamment du point d’entrée du camion, avec une interdiction d’accès matérialisée par le positionnement de véhicules bloquant l’accès à la chaussée. Le camion a forcé le passage en montant sur le trottoir.
Ce dispositif était mis en place pour la première fois pour une « Prom-Party », les éditions précédentes ne disposant pas de contrôle périmétrique.
C’est l’intervention courageuse, professionnelle et déterminée des fonctionnaires de la DDSP qui a permis, en dépit de la brutalité et de la rapidité de l’événement, de mettre un terme à la course du camion et de neutraliser le conducteur.