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21 novembre 2024

L’Occupation en Provence : conférence de Jean-Louis Panicacci au Musée Chagall ce samedi

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Dans le cadre de l’exposition Chagall politique, Le Cri de la liberté, une conférence exceptionnelle va avoir lieu. Intitulée La Provence des années noires, elle sera animée par l’historien Jean-Louis Panicacci. Cette conférence aura lieu le samedi 7 septembre 2024, à 15h, au Musée National Marc Chagall à Nice.

La conférence se tiendra le samedi 7 septembre 2024 à 15h au Musée National Marc Chagall à Nice. Animée par l’historien Jean-Louis Panicacci, ancien maître de conférences à l’Université de Nice et spécialiste reconnu de la Seconde Guerre mondiale, elle s’inscrit dans le cadre de l’exposition Chagall politique, Le Cri de liberté et du 80ᵉ anniversaire de la Libération de la France. Il explorera la vie en Provence sous l’Occupation. Il mettra en lumière les défis des populations locales, y compris des artistes comme Marc Chagall. L’entrée est gratuite, dans la limite des places disponibles.

Quels aspects de la vie en Provence sous l’Occupation, allez-vous aborder lors de la conférence ?

« Je vais aborder surtout les trois périodes principales, c’est-à-dire Vichy, l’occupation italienne et l’occupation allemande. Et je mettrai en avant les artistes et les écrivains qui, à partir de juillet 1940, se sont installés en Provence et en particulier autour de Marseille et de Nice. Puisque tout ce qui souhaitait partir pour le nouveau monde ; que ce soit pour le Mexique, l’Argentine ou les États-Unis se regroupait autour de Marseille ou se trouver le réseau de Varian Fry pour exfiltrer les artistes et les écrivains menacés par le nazisme.

Comment la guerre en Provence a-t-elle affecté Marc Chagall et d’autres artistes ?

Les nazis menaçaient les artistes, souvent étrangers. Même Marc Chagall, bien qu’il ait été naturalisé, était en danger en raison de ses origines juives et russes. Or les allemands arrêtent tous ceux qu’ils jugent dangereux pour l’ordre public et plus particulièrement les juifs. À partir de juin 1941, au moment où les Allemands attaquent l’Union Soviétique, ils font mains basses sur tous les Russes, même les Russes blancs en France. Marc Chagall voulait rester tranquillement à Gordes, au Vaucluse. Grace au journaliste américain Varian Fry, chargé d’exfiltrer le maximum d’artistes et d’écrivain, il a pu partir aux États-Unis ou une exposition sur les trente ans de Chagall étaient en préparation. Fry lui avait dit que non seulement on veut que vous veniez, mais que vous emportiez aussi tous vos tableaux. Ainsi, vers le mois 1941, il a rejoint le port de Lisbonne où l’attendait un paquebot qui l’a conduit à New York. Là-bas, il a eu beaucoup de succès et il est resté aux États-Unis jusqu’à la fin de la guerre.

Quels sont les éléments les moins connus ou les plus surprenants que vous allez partager sur cette période sombre de l’histoire provençale ?

Ce fait n’est pas méconnu, mais de nombreux juifs étrangers se sont réfugiés entre Marseille et Nice après l’instauration de Vichy. Nice est ainsi devenue une commune où les juifs français et étrangers constituaient 10 % de la population. Il y avait entre 20 000 et 25 000 juifs en juillet-aout 1943 pour 250 000 habitants sédentaires. Donc c’est quand même un fait important à retenir et c’est ce qui a motivé les nazis, en particulier le commandant du camp de Drancy, le capitaine SS Alois Brunner à descendre à Nice à partir du 10 septembre 1943 pour organiser ce qu’on a appelé la grande rafle et qui va durer plusieurs mois. C’est la seconde plus grande en France après celle du Vel d’hiv en juillet 1942. 

Quels parallèles faites-vous entre les défis rencontrés par les habitants de Provence pendant la guerre et les enjeux contemporains ?

C’est un sujet complexe, mais partout en France, on souhaite le rétablissement des institutions républicaines. Il ne s’agit pas de faire Vichy sans Vichy. En Algérie, le général Giraud avait gardé en prison les résistants et les juifs. Nous devons éviter de répéter cette erreur. Il fallait faire une révolution pacifique. Stéphane Hessel, ambassadeur sous la Vème République, a écrit Indignez-vous, un petit livre publié en fin de vie. Ce livre a rencontré un grand succès auprès des jeunes.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’importance du musée de la Résistance azuréenne et le rôle qu’il joue dans la mémoire de cette période ?

Cela sera facile pour moi de répondre ! Le Musée de la Résistance Azuréenne, installée à l’Arénas depuis avril 2023, reçoit désormais 3 000 visiteurs par an. Cela est remarquable ; car du temps où il était à Cimiez ou à Nice la Plaine, il ne recevait que 700 personnes ! Il se trouve dans un emplacement idéal, desservi par la gare TER de Nice Saint-Augustin et par deux stations de tramway : Grand Arénas et Parc Phœnix. Les étrangers, notamment les Anglo-Saxons, Britanniques, Canadiens et Américains, fréquentent beaucoup le musée. Mais on a aussi pas mal d’Européen, d’Allemands, d’Italiens et des Scandinaves. Les visiteurs découvrent avec surprise deux panneaux, deux vitrines et un mannequin consacrés à l’occupation italienne. Cette surprise est compréhensible, car les manuels d’histoire et la mémoire collective ont largement effacé cette période. En effet, Menton fut occupée dès juin 1940 avant d’être annexée au royaume d’Italie. De plus, le reste du département méditerranéen a été occupé du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943.

Comment l’héritage de la Seconde Guerre mondiale continue-t-il d’influencer la culture et la société en Provence aujourd’hui ?

Deux départements qui ont su tirer leurs épingles du jeu et ont apporté une valorisation à l’expérience résistancielle : le Var et les Basse-Alpes. Tous deux furent moins maréchalistes ou pétainistes par rapport aux Alpes-Maritimes ou aux bouches-du-Rhône. Ils ont aussi la voie d’une résistance radicale face à l’abandon des droits de l’homme et aux persécutions antisémites en particulier. »

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