Il ne faut pas se tromper de cible: pour combattre le djihadisme, il faut d’abord le comprendre.
La plupart des terroristes ayant commis ou tenté de commettre des attentats sur le sol français sont passés par l’école de la République, étaient suivi par les services sociaux et par le renseignement français, et ont été détenu dans les prisons françaises. Très peu fréquentaient assidûment les mosquées.
Le terrorisme moderne est un phénomène complexe et multifactoriel, une concomitance de causes multiples et interdépendantes.
Combattre Daech impose de prendre en considération la dimension internationale du conflit, impose également de prendre la mesure de la dimension nationale du conflit et le déterminisme social qui joue à l’évidence dans le parcours de nombreux terroristes français.
Combattre Daech implique enfin de prendre en considération les processus sectaires mis en œuvre par cette organisation et l’approche psychologique permettant de mieux appréhender certains passages à l’acte.
Tout d’abord une évidence : la laïcité française implique une non-ingérence du religieux dans le domaine politique et, réciproquement, une non-ingérence du politique dans les affaires religieuses.
La laïcité doit être traitée pour elle-même et ne doit servir pour éradiquer la menace terroriste, ni de prétexte pour réaffirmer la prédominance d’une identité religieuse contre une autre en exaltant les racines chrétiennes de la France contre l’islam, ni de paravent à un racisme anti-arabe qui profite aujourd’hui de la peur des attentats pour se répandre en toute impunité.
Des millions de français de confession musulmane démontrent au quotidien que la pratique de leur foi ne menace pas la Nation.
Si les attentats sont revendiqués au nom d’une religion, ce n’est pas la première fois qu’une religion est instrumentalisée pour asseoir une domination politique.
Si on désigne publiquement aux français non musulmans, les français musulmans comme liés au terrorisme c’est une faute politique majeure qui ne peut que concourir à les dresser les uns contre les autres, et à offrir en victoire à Daech la division de la société française.
Une conclusion s’impose: on ne combat pas une organisation militaire, une idéologie totalitaire et des dérives sectaires en s’en prenant à une religion.