Vous n’imaginez pas la richesse historique de cette ville étirée au fond de sa rade. Les touristes s’y arrêtent qu’en transit lors d’une croisière, préférant les paillettes artificielles de la principauté de Monaco et pourtant, il y a tant et tant de choses à découvrir au pied de leur navire.
Nous commencerons notre visite de Villefranche depuis la gare SNCF. Le train arrive ici en 1868, soit à peine huit ans après le rattachement, ce qui va développer le tourisme dans le Comté de Nice, créant plus tard la Côte d’Azur.
Villefranche sur Mer est toute une histoire, jugez-en plutôt. Après la gare en revenant sur la ville et sa citadelle, on trouve le Palais de la Marine, bâtisse du XVIII° siècle qui fut la résidence du gouverneur de la Citadelle.
Les villes s’étendent alors au-delà des remparts et des fortifications. Le portail Robert, du nom du Comte de Provence et roi de Naples Robert 1°, date du XIV°, on fera un crochet par la rue obscure et surtout celle du poilu, laquelle honore les soldats qui partaient au front lors de la 1° guerre mondiale, menant à la gare. Il ne faudra pas oublier l’église saint Michel, laquelle abrite un christ gisant en bois d’olivier, œuvre d’un bagnard hélas anonyme.
On est revenu sur le quai des pêcheurs. Là les marines Sardes, Françaises, Russes et Américaines relâchaient dans la rade et les restaurants ont des souvenirs des bordées et des équipages. L’Empereur Charles Quint passa sur ces quais en 1538, devant rencontrer François 1° qui lui était à Antibes.
La chapelle saint Pierre du XVI° siècle devint une remise à filet et un tribunal de pêche avant d’être réhabilitée par Jean Cocteau en 1957. La gare maritime fut édifiée sur un bastion du XIV°. On est arrivé à la citadelle. Elle fut construite au XVI° sur la volonté du Duc de Savoie Emmanuel Philibert. Plus loin la Darse avec son arsenal et sa corderie de 170 mètres de long, datent du XVIII°.
Après la fin de la marine à voile, la corderie abrita les chasseurs alpins. Un commentateur non dénué d’humour aurait dit : « C’est toujours une histoire de corde, après celles de marines, voici celles des alpinistes ! » Les voûtes, là où on remisait les galères furent surmontées jusqu’en 1942 par la caserne Dubois. En 1957 l’architecte Eugène Beaudouin à la place de la bâtisse y créa un jardin, hélas abandonné. L’arsenal avait et a toujours son bassin de radoub.
Le môle édifié en 1728 porte toujours les armes de Savoie. Les galériens ayant disparu, les locaux abritèrent d’abord le charbon de la flotte Russe de 1855 à 1885, puis le professeur Alexis Korotneff y anima une station zoologique dépendant de nos jours de l’université de Paris. Du Lazaret victime des promoteurs, il ne reste qu’une modeste petite maison dite la tour Paganini.
C’est en effet là que fut abritée la dépouille du célèbre violoniste mort à Nice en 1840. Les plus courageux pourront poursuivre par un sentier rocailleux, dit chemin des douaniers, lequel les mènera aux portes de Nice.
Thierry Jan