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21 novembre 2024

Thomas de Pourquery : « ce n’est jamais le même concert pour moi »

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Musicien aux multiples facettes, Thomas de Pourquery repousse les limites entre les genres, du jazz à la pop psychédélique. À l’occasion de la fermeture du festival « Un Festival C’est Trop Court« , il revient avec son album audacieux « Let The Monster Fall » et nous dévoile les coulisses de sa créativité et de son parcours unique.

Thomas de Pourquery est un musicien éclectique, à la fois chanteur, saxophoniste et compositeur, récompensé par deux Victoires de la Musique et le Prix Django Reinhardt. Connu pour son audace artistique et ses collaborations variées, il a marqué les esprits avec son projet Supersonic en hommage à Sun Ra. Son dernier album « Let The Monster Fall« , réalisé avec Yodélice, explore des sonorités pop-psychédéliques inspirées par David Bowie et Prince. Pour la fermeture du festival « Un Festival C’est Trop Court« , il revient sur scène et nous parle de son parcours, de ses inspirations et de l’évolution de sa musique.

Votre nouvel album « Let The Monster Fall » est décrit comme pop-psychédélique. Qu’est-ce qui vous a inspiré à explorer ce genre ?

« Depuis mon adolescence, je suis amoureux de toutes les musiques, y compris de David Bowie, de Deep Purple, voilà, de musique psychédélique entre autres, donc c’est quelque chose qui fait partie de mon ADN. On peut dire que dans toutes les musiques que je fabrique, il y a cet amour du psychédélisme. En tout cas, c’est une comète sonore qui vient s’inscrire dans mes univers auditifs. Ma musique peut-être dans quelque chose d’assez solaire et d’assez galactique, c’est un goût que j’ai depuis très longtemps.

Vous citez des influences comme The Flaming Lips, David Bowie, Prince et Nina Simone. Comment ces artistes ont-ils façonné votre musique ?

Ils ont façonné plus que ma musique. Ils ont façonné mon existence. Ce sont des gens qui font partie de ma vie ! Certaines chansons font vraiment partie de ma vie ! Ce sont des histoires d’amour comme on a tous avec certaines œuvres d’art, avec des chansons, avec des films, avec des livres. Je pense que l’épreuve de l’art, c’est de nous accompagner dans nos vies comme des partenaires, comme de grands amis qui sont toujours là pour nous. Ces personnes font partie des artistes qui m’ont le plus bouleversé et continuent de m’accompagner.

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Yodélice sur cet album ? Comment s’est déroulé le processus de création ?

Alors Yodélice, est quelqu’un de bien et amical. C’est réellement quelqu’un que j’aime énormément et qui a été extrêmement important pour moi et qui est aussi brillant que bienveillant. Il est autant génial que gentil et ce sont des qualités qui sont rares quand elles sont réunies. Donc c’est vraiment un être rare avec qui j’ai eu la chance de travailler sur ce disque. Je l’ai rencontré par l’intermédiaire de Manu Baron qui est notre manager à tous les deux. Il nous a présenté et tout de suite, ça a été une évidence, on s’est compris. On écoute les mêmes choses, on aime les mêmes choses et c’est fut un très grand plaisir de travailler avec lui. 

Quels sont les thèmes principaux abordés dans cet album ? Que signifie le titre « Let The Monster Fall » pour vous ?

J’ai choisi ce titre parce que je trouve qu’il pose des questions. C’est un album qui pose plus de questions qu’il donne de réponses. Je pense que les thèmes abordés dans ces chansons sont comme des prières. En effet, cela semble être un point commun. Chaque chanson peut être perçue comme une prière pour trouver la lumière. Cette lumière se trouve soit à l’extérieur, soit dans des chansons plus mélancoliques. Il y a toujours cette idée d’espoir, d’humanité et de foi. Cependant, il ne s’agit pas de foi religieuse. Au contraire, il s’agit simplement de reconnaître notre condition humaine. Nous sommes dotés d’une âme et d’une conscience. Cette condition est, pour moi, extraordinaire. Chaque fois que je regarde les étoiles, je réalise que je suis seul à voir cet univers. Chacun d’entre nous observe le reste de l’univers seul. En même temps, nous sommes conscients que nous ne sommes qu’un grain de poussière. Nous n’existons presque pas dans cet immense univers. Ainsi, nous sommes à la fois tout et rien. Je crois que la musique exprime cette conscience qui échappe aux mots. Cet état de conscience me pousse à créer chaque jour. Je continue à faire de la musique et à écrire des chansons. En somme, je m’émerveille de notre condition humaine et de notre existence dans l’univers.

En quoi cet album se distingue-t-il de vos précédents projets, notamment ceux avec Supersonic ?

C’est mon premier album de chansons exclusivement de chansons. C’est dans ça qu’il se distingue sur la forme. Ce n’est pas un album de pop, mais de chansons, c’est un recueil de chansons. 

Lors de vos concerts, vous créez une véritable expérience immersive pour le public. Quelles sont vos intentions lorsque vous montez sur scène, et que souhaitez-vous que votre public ressente ?

Je souhaite un beau voyage au public à chaque fois que j’arrive sur scène. Je m’inclus aussi dedans. S’il n’y a qu’une chose que je revendique, c’est le côté vivant de la musique et le fait de venir faire des chansons. Mais ce n’est jamais le même concert pour moi, c’est quelque chose de très important, on ne joue jamais exactement le même répertoire et on ne joue jamais exactement de la même manière. C’est en cela que la musique vivante est un moment d’éternité, un moment unique. On ne peut vivre qu’une seule fois une expérience et c’est dans cela que c’est très précieux, merveilleux. Donc, j’essaie d’honorer le plus possible la conscience de cette musique vivante et du fait que des gens viennent à un endroit, qu’un groupe vienne à un endroit et qu’ensemble, il va se passer quelque chose. Pour moi, c’est très important et j’essaie qu’on fasse le voyage qu’on doit faire ensemble et que chaque soir soit différent. 

Vous êtes souvent sur scène avec des musiciens d’exception. Comment avez-vous formé le groupe qui vous accompagne pour cet album, et comment décririez-vous la dynamique entre vous ?

On va tous les citer, il y a Akemi Fujimori au synthétiseur, Élise Blanchard qui sera à la basse, David Ackmin à la batterie et Axel Rigaud au synthétiseur modulaire. J’ai la chance de jouer avec des équipes. C’est vrai qu’elles changent régulièrement, mais je chante avec de fabuleuses musiciennes et musiciens et je les ai choisis parce que c’est des gens que j’aime et qui m’inspirent. Des gens que j’adule musicalement et humainement aussi. Ce sont des gens qui m’inspirent et avec qui s’est une chance de faire de la musique, donc je suis vraiment très honoré d’être leur chanteur, c’est comme ça que je vois les choses. 

Avec deux Victoires de la musique et un Prix Django Reinhardt, comment ces distinctions influencent-elles votre carrière ou votre approche de la création musicale ?

Obtenir des récompenses, c’est quelque chose qui donne envie de continuer. C’est comme si on vous disait “c’est cool, j’aime bien ce que tu fais, continue, t’arrête pas”. C’est comme ça que je les reçois et en aucune manière, c’est un aboutissement. Je crois qu’elles ne sont pas conçues comme un aboutissement par les gens qui vont décerner ces prix-là, mais comme une reconnaissance de notre travail. Je le reçois comme un cadeau et comme un encouragement à continuer à faire mes folies. 

En tant qu’artiste, comment voyez-vous l’évolution de l’industrie musicale, notamment avec les plateformes de streaming et les changements dans la consommation de la musique ?

Le streaming est très récent, donc il y a encore énormément de choses à faire pour que les choses soient équitables. Je pense que dans la redistribution des profits de ces plateformes, il y a encore beaucoup de choses à mettre à plat et à ajuster au sens de justice du terme ajusté pour que les artistes qui sont en l’occurrence les seuls à ne pas gagner un seul centime avec cette façon de consommer la musique change. Cela me paraît être une évidence, vous savez. On compare souvent ça à des producteurs de lait qui font des marges négatives qui perdent de l’argent à fabriquer du lait. C’est le monde à l’envers donc c’est que les choses doivent être réformées, modifiées, ajustées ! Il faut continuer, il faut parler des choses, mais comme pour toutes les injustices de ce monde, il y en a des choses beaucoup plus graves que celles-ci. Mais la gratuité de la musique est un vrai sujet par rapport aux plateformes de streaming. Aujourd’hui, c’est une réalité : 99% des artistes ne touchent pas un centime ou touchent juste quelques centimes avec le streaming. Il faut savoir que quand on est auteur-compositeur ou autrice-compositrice, on touche littéralement rien du tout avec la musique streamée sur les plateformes de streaming donc c’est un souci parce que ce sont quand même des manes financières très importantes qui ramènent beaucoup d’argent, mais dont les créateurs ne voient jamais la couleur.

Quels sont vos projets à venir, que ce soit musicalement ou dans d’autres domaines créatifs ?

J’ai toujours plein de projets. Je continue de faire des rencontres. J’espère aussi poursuivre l’écriture de mes chansons. En effet, collaborer avec des artistes que j’adore est essentiel. Depuis quelques années, je fais ce beau métier. Ce métier me permet de rencontrer de nombreuses personnes. Ainsi, nous continuons notre chemin ensemble. Nous fabriquons de la musique et croisons d’autres artistes. J’aime créer des projets ensemble avec eux. »

Retrouvez Thomas de Pourquery au théâtre Lino Ventura ce vendredi 11 octobre à 20h30. Il reste encore quelques places disponible.

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