Le conseil municipal de Nice, réuni le 17 octobre 2024, a discuté des mesures sécuritaires, des priorités budgétaires pour 2025, et des relations transfrontalières avec l’Italie. Christian Estrosi, maire de Nice, a ouvert la session en soulignant l’urgence climatique mondiale et a mentionné les récentes catastrophes.
Ce 17 octobre 2024, Christian Estrosi, maire de Nice, a introduit le conseil municipal en exprimant sa gratitude envers les agents et collaborateurs de la ville, notamment pour leur gestion des dernières alertes météorologiques. Le maire a rappelé les catastrophes naturelles en Europe, comme celles qui touchèrent la Roumanie et la République tchèque, soulignant l’urgence climatique mondiale. Une fois le Conseil ouvert, les rapports et discussions s’enchaînent pendant de longues heures, en voici les points importants :
L’importance de la protection des agents publics
Le premier adjoint au maire, Anthony Borré, a introduit un rapport de mesures sur la protection des agents publics en rappelant des drames récents. Il a évoqué l’assassinat tragique de Lilian Dejean, agent municipal et père de famille de 49 ans, le 8 septembre dernier à Grenoble. Le premier Adjoint a poursuivi en soulignant que Nice avait déjà mis en place des mesures pour protéger ses agents, notamment à travers l’utilisation de caméras de protection. Toutefois, il a jugé nécessaire de renforcer davantage ce dispositif pour offrir une meilleure sécurité à ceux qui, au quotidien, assurent le bon fonctionnement des services publics.
Au sein du conseil, les réactions furent presque unanimes. A gauche, Hélène Granouillac, conseillère municipale écologiste, a pris la parole pour souligner que « le poison de la violence se généralise dans toute la société. »
Seule Sylvie Bonaldi, conseillère sans étiquette, a émis des réserves sur la portée du texte. Selon elle, le rapport ne protège que contre les violences externes envers les agents publics, mais ne prend pas en compte les tensions internes, qui peuvent aussi nuire à leur bien-être. Elle affirme que, plutôt que de réagir après coup en renforçant la protection juridique des agents, il serait plus pertinent d’éviter que de telles situations ne se produisent. Anthony Borré a jugé ces propos « décalés. » En dépit de ces débats, le texte a été adopté sans difficulté, avec une seule abstention.
La lutte contre la violence routière
La discussion s’est ensuite orientée vers un texte consacré, lui, à la lutte contre la violence routière et à l’aide aux victimes. Anthony Borré a dressé un tableau sombre de la situation en France, marquée par une explosion des refus d’obtempérer et de la conduite sous l’influence de stupéfiants. Le premier adjoint a évoqué plusieurs tragédies locales récentes : la mort de Jérémy Boulon, pompier niçois, tué par un chauffard sur la promenade des Anglais en juin ; Éric Comyn, gendarme tué à Mougins le 26 août dans des circonstances similaires ; Kamilya, jeune femme fauchée par un motard à Vallauris ; et plus récemment, le décès d’un cycliste à Paris.
Face à cette situation, la majorité propose un partenariat avec l’Association Antoine Alléno, créée à la suite du décès tragique d’Antoine Alléno, 24 ans, tué en mai 2022 par un chauffard. Cette association lutte contre la violence routière et vient en aide aux victimes et à leurs familles.
Le partenariat s’articule autour de trois axes : améliorer le soutien aux victimes, mener des opérations de sensibilisation et de prévention, et mettre en place de nouveaux outils pour réduire les risques routiers.
Le projet vise également à installer de nouveaux radars « d’intérêt public ». Des mesures nécessaires, selon Anthony Borré, pour réduire les drames liés à l’insécurité routière. « Le bilan est tel que nous devons prendre des dispositions supplémentaires », a-t-il affirmé avec fermeté. Ce point n’a suscité aucune contestation au sein du conseil.
Philippe Vardon (Retrouver Nice) a profité de cette discussion pour rendre hommage aux policiers nationaux et municipaux. La conseiller municipal n’a pas manqué de tacler la gauche, qui, selon ces mots « devrait s’en prendre aux criminels de la route davantage qu’aux policiers qui sauvent des vies en les stoppant. »
Le projet a finalement été adopté sans contestation ni abstention, preuve – s’il en fallait une – que la lutte contre les violences routières est un sujet très actuel et que, tous, considèrent primordial.
L’ambitieuse alliance des Alpes du Sud
Le conseil municipal de Nice, après un entracte d’une heure, a repris en début d’après-midi avec la présentation d’un nouveau projet ambitieux : l’Alliance des Alpes du Sud. Cette union regrouperait la métropole de Nice Côte d’Azur avec les provinces italiennes d’Imperia et de Cuneo. Cette alliance vise à renforcer les relations transfrontalières tout en facilitant l’accès à des financements européens, notamment sur des questions cruciales comme les transports, la lutte contre le changement climatique et les services publics.
Christian Estrosi a défendu cette initiative en la présentant comme une opportunité économique et culturelle majeure. Le projet permettrait, par exemple, de relier Nice à Milan en 1h45 et à Gênes en une heure. Le maire a également exprimé son désir de « se rapprocher de Turin », rappelant que la ville piémontaise a longtemps entretenu des liens étroits avec Nice.
Les élus, aussi bien de la majorité que de l’opposition, ont salué cette initiative. Laurence Navalesi, conseillère municipale, a exprimé son enthousiasme pour ce projet en vantant ses avantages culturels et éducatifs. Elle a notamment mis l’accent sur le bilinguisme, élément selon elle à renforcer aussi bien dans les écoles niçoises que dans les établissements italiens.
Du côté de l’opposition, le représentant écologiste Fabrice Decoupigny s’est dit favorable à cette entente mais appelle toutefois à être vigilant sur la vallée de Roya : « Il est hors de question que l’on massacre une vallée alpine sur notre territoire. »
Rémi Sauvat