Après À l’encre rouge (Fleuve Éditions, 2023) et Un autre bleu que le tien (Fleuve Éditions, 2021), Marjorie Tixier a publié son quatrième roman en 2024, Le pays blanc, toujours chez Fleuve Editions. Le pays blanc est un hommage à la Pologne, autant qu’à l’art et un intense récit familial.
1926, Helena doit brutalement quitter la Pologne, pays auquel elle est si attachée, ainsi que sa mère et sa sœur jumelle, afin de sauver le bébé de cette dernière, né d’une relation extra-conjugale. Après un périple à travers l’Europe, elle arrive à Ostricourt, cité minière du Nord de la France.
2022. Alors que Thomas doit préparer une nouvelle exposition de ses peintures, il se rend compte que les non-dits de sa mère au sujet de son passé lui pèsent de plus en plus au point de ne plus arriver à peindre une toile. Il ne sait que peu de choses sur l’enfance de celle-ci en Pologne mais il décide de s’y rendre pour découvrir cette culture qu’il ne connaît pas vraiment et tenter d’en apprendre plus sur l’histoire maternelle.
Combler les blancs
La narration se déroule sur plusieurs temporalités, suivant tantôt Thomas, tantôt Helena, et retrace l’histoire d’une saga familiale qui pourrait être celle d’un grand nombre de personnes. Marjorie Tixier aborde ainsi la psychogénéalogie et les conséquences des secrets et non-dits au cœur des familles de manière délicate. Ce roman, empreint de pudeur, est d’une grande force avec ses personnages écorchés par la vie.
L’art est également un élément capital du récit, à travers Thomas, bien sûr, mais également Micha et l’évocation de plusieurs figures du monde artistique polonais, en particulier Stanisław Wyspiański, nous permettant de découvrir Cracovie au travers des différentes descriptions. Le cheminement aussi bien psychologique que réel de Thomas dans Cracovie emmène le lecteur au cœur d’une promenade dans les rues de l’ancienne capitale polonaise.
Quête universelle vers la liberté
Avec Le pays blanc, Marjorie Tixier offre aux lecteurs fresque saga familiale qui traverse le 20ème siècle, sur presque 100 ans, entrelaçant le destin des personnages à celui de l’Histoire. Sa plume poétique décrit avec force l’exil et l’arrachement à une terre qu’on chérit, la quête infinie des femmes vers la liberté, trop souvent brimée par des hommes, et l’histoire de la Pologne et ses multiples bouleversements.
L’auteure revient en effet sur l’histoire chaotique de la Pologne conquise à répétition par les trois grands Empires – Allemand, Autrichien et Russe – qui l’entourent, elle gagne son indépendance en 1918 pour quelques années, avant d’être à nouveau envahie par l’Allemagne nazie. Elle subira ensuite la dureté du régime de l’URSS jusqu’à l’effondrement de ce dernier en 1989. Marjorie Tixier permet de découvrir une partie de l’histoire de ce pays européen, relativement méconnue pour les français.
Le pays blanc met en évidence cette douloureuse histoire tout comme le déracinement subit de nombreuses populations par-delà le temps et l’Histoire ; Marjorie Tixier livre un récit puissant, universel, dont l’amour, l’art et la liberté en sont les pierres angulaires.