Les partis sociaux-démocrates sont en perte de vitesse. A l’origine de cette tendance, les conséquences de la crise économique et l’émergence de nouveaux acteurs politiques qui leur disputent leur rôle traditionnel.
C’est un moment difficile pour le centre-gauche en Europe.
Au Royaume-Uni, en proie à une crise de leadership, le Parti travailliste gère difficilement les conséquences du vote pour le Brexit.
En Espagne, la crise de gouvernance qui traverse le pays s’est accompagnée d’une crise, voire d’une guerre ouverte au sein du Parti socialiste (PSOE), entre l’ancien chef Pedro Sánchez et ses adversaires.
En France, François Hollande assiste impuissant à l’érosion continue de sa popularité auprès des électeurs.
Ailleurs, la situation des gauches n’est pas meilleure : en Italie, le Premier ministre Matteo Renzi risque de voir son étoile s’effacer s’il n’emporte pas le référendum constitutionnel du 4 décembre.
La social-démocratie européenne est décapitée. Les raisons, qui s’ajoutent aux difficultés internes, sont imputables à une tendance qui s’est manifestée ces dernières années et qui est reliée à la crise politique des partis qui ont occupé le centre politique en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.
La crise économique y est pour beaucoup, à laquelle se sont greffées les crises de l’euro, de l’UE et de l’idée européenne. L’émergence des partis alternatifs, à gauche et à droite, populistes, xénophobes et dans tous les cas, radicalement opposés à l’establishment, a porté un dur coup aux partis sociaux-démocrates, qui restent solidement ancrés dans la dichotomie centre-gauche/centre-droite caractéristique de l’Europe depuis la fin de la guerre.
L’Union européenne et les décennies de paix qu’elle a assurées à l’Europe sont le fruit de l’accord tacite entre les forces conservatrices et les sociaux-démocrates. C’est donc avec ironie que l’on constate que la social-démocratie est “morte victime de son succès”, une fois que le “pacte pour le bien-être” a été accepté par la plupart des pays d’Europe occidentale.
L’urgence à présent pour les partis traditionnels, c’est de recomposer la carte politique et d’occuper à nouveau un rôle prépondérant en son sein.
Pour les partis conservateurs, c’est plus simple, car ils sont davantage dans l’air du temps. Le repli identitaire et national et la mise en place de politiques de continuité avec le passé sont rassurantes pour de nombreux électeurs. Pour les partis sociaux-démocrates, le paysage n’est pas si clair que cela.
Face aux partis qui émergent avec force à sa gauche, en particulier au sud de l’Europe (Podemos, Syriza,…), il faut repenser le compromis avec le capitalisme “soft” avec lequel ils ont cohabité (et ils se sont accordés) depuis l’après-guerre, à une époque où le néolibéralisme et le capitalisme financier sont décomplexés par rapport au passé.
Mais la violence de la crise a frappé au sein des électeurs, qui ne veulent plus de ce produit électoral. Alors, les sociaux-démocrates doivent choisir, et concourir : renouveler le compromis historique ou diviser la gauche. D’où la crise permanente des derniers temps.