La marathon attendu a bien eu lieu mais le marathonien en chef, Christian Estrosi, a quitté la course lors de la pause passant le relais à Philippe Pradal qui a porté le peloton à l’arrivée sur un rythme lent, ce qui a permis à tout le monde de tenir jusqu’au bout.
De plus, l’opposition, ayant eu gain de cause sur la « problématique » du temps d’intervention (réunis en 7′ minutes par groupe pour les 25 dossiers sur l’argument de l’attentat du 14 juillet) ) a joué le jeu avec un comportement institutionnel et a voté à la majorité l’ensemble des délibérations largement inspirées du principe de précaution.
Visiblement le choc du 14 juillet – malgré l’incitation de Monsieur Pradal » il faut continuer à vivre » – n’ a pas été encore totalement absorbé et on le retrouve dans les propositions : la batterie des mesures prévues (aides aux familles des victimes, soutien aux acteurs économiques , renforcement du dispositif de sécurité scolaire, audit pour l’amélioration de la sécurité dans tous les espaces publics etc) , par ailleurs déjà annoncées et pour certaines déjà mises en oeuvre , a été voté à l’unanimité.
Quant au ping-pong des responsabilités, Christian Estrosi , à la veille du jour de l’Hommage national aux victimes (puis reporté de 24 heures pour des raison météo) a choisi le profil bas: d’ailleurs une enquête judiciaire est en cours et établira les éventuelles responsabilités.
Il convenait donc se taire et attendre au lieu de s’exprimer sur la base de simples suppositions.
Cette unanimité n’a pas empêché les opposants de revenir sur les contenus des délibérations et sur la raison qui en est à l’origine.
L’indépendant de droite Marc-André Domergue a terminé sa véhémente intervention rien de moins qu’en demandant la démission du Préfet, du Directeur départemental de la Sécurité, du Maire et de son 1er adjoint en charge de la sécurité !
Patrick Allemand (PS) a salué les mesures adoptées même s’il a souligné l’exigence de les accompagner par des programmes d’éducation et de prévention pour favoriser la cohésion sociale autour des valeurs républicains, indiquant dans les associations de proximité un axe pour les actions sur le terrain.
Sur le même ton, Dominique Boy-Mottard ( DvG) a jugé le programme présenté « globalement cohérent » , tout en fustigeant les polémiques « artificiellement nourries » de l’après 14 juillet.
Très piquante l’intervention de l’ancien 1er adjoint Benoît Kandel (DvD) qui , tout de suite après l’attentat avait demandé la constitution d’une commission d’enquête municipale. L’ancien haut-gradé militaire, connait très bien la matière et affirme haut et fort que bien d’erreurs ont été commis dans le dispositif.
Ces questions , l’une plus pertinente que l’autre , donnent une lecture alarmante du déroulement des faits et de leur dynamique. Elles sont restées sans réponse mais gardent toute leur validité.
Si le paquet « post-attentat 14 juillet » était le plat fort de la séance , d’autres sujets étaient à l’ordre du jour. Nous les relatons dans l’ordre chronologique de prise de parole.
Le Village de Noël est maintenu et aura lieu au Jardin 1er avec des conditions de sécurité renforcée.
L’Acropolis et le Palais des Expositions changeront fin 2017) de statut et la municipalité en prendra le contrôle du point de vue capitalistique. On sait que Christian Estrosi préfère l’option régie à celle de délégation de service public. Les raisons sont multiples, une parmi d’autres est aussi que les employé municipaux sont un appétissant bassin électoral…
A terme , après le nouveau Palais des Exposition à la place du MIN, le Palais des Expositions actuel se transformera en Palais des Sports alors que l’Acropolis devra trouver une nouvelle voie dans le giron de la politique du tourisme professionnel.
La municipalité niçoise a également autorisé le rattachement de Côte Azur Habitat à la Métropole ainsi que prévu par les nouvelles dispositions de lui concernant les compétences des diverses collectivités locales. Ce qui permettra à la sénatrice Dominique Estrosi-Sassone de maintenir la présidence de cette société , stratégique à plus d’une raison.
Les oppositions se sont manifestées à l’occasion de la présentation de deux dossiers sensibles: le projet de rénovation du stade du Ray et l’aménagement de la sortie ouest de la voie Mathis, aujourd’hui un verrou pour la circulation est-ouest . Les explications de Christian Tordo ont donné l’impression que ces avancements se font au gré des situations.
La municipalité a la pleine maîtrise – demandent-ils- de ces dossiers ou elle est tributaire de la position de ses partenaires économiques ?
La cohérence a ses limites: si la régie est la formule magique pour le pôle congrès , la DSP est , par contre, la meilleure solution pour le Palais Nikaia. !
Pour le motiver, il a été affirmé que pour bien gérer il faut des compétences spécifiques que , dans ce cas, la Ville n’aurait pas.
Par contre, puisque le festival du jazz a été repris en gestion directe …évidemment les jazzman et women abondent dans les effectifs municipaux !
C’est trop de rappeler aux maîtres penseurs que toute organisation est valable si elle est en phase avec les objectifs recherchés ? et que les compétences sont une matière première largement disponible sur le marche ?
Conclusion : il vaudrait mieux assumer la responsabilité d’une décision sans sa cacher derrière une feuille de figue : cohérence, vous avez dit ?
Annoncé, un partenariat entre les Grandes Enseigne et le Commerce de Proximité devrait oeuvrer en synergie le tissu commercial et relancer la consommation par des animations et autres initiatives. Dit comme ça c’est bien et même sympathique . Mais avez-vous déjà vu le lion se promener en toute tranquillité avec la gazelle ?
Dernière perle de la soirée, l’attribution du Théâtre de la Photographie et de l’Image à ( la compagnie ? ) Francis Huster avec la perspective d’y organiser un Festival d’Art dramatique.
Cette décision comportera le transfert du TPI à la place de la Collection Ferrero dans le Vieux-Nice, de celle-ci à la place du Forum de l’Architecture et Urbanisme, qui lui se déplacera dans les anciens Abattoirs. Tout ça , fait un peu compliqué mais ce n’est pas le sujet, qui lui est ailleurs.
Si personne ne discute la valeur artistique de Francis Huster, ni sa volonté de s’investir dans un projet niçois, d’autres d’interrogations restent en suspens et mériteraient une réponse : n’y a-t-il pas le TNN qui est en charge de l’activité théâtrale ? n’y a-t-il pas le théâtre municipal Francis Gag ?
Ni l’un ni l’autre ne peuvent intégrer dans le calendrier de leur saison un Festival qui, on peut imaginer ne durera pas la quasi-totalité de l’année (autrement on ne l’appellerait pas « festival ») ?
Francis Huster avait été annoncé, avant l’été, comme le promoteur-parrain d’une autre initiative : une école de théâtre local pour amateurs, ce qui aurait pu avoir un sens. Mais ce projet, nous dit-on, aurait déjà pris de l’eau et coulé avant de prendre le large.
Maintenant on vient à ce Festival d’Art dramatique: supposé que ce soit le bon projet, comment envisager que des spectacles de grandes qualités , Francis Huster en est l’emblème et la garantie à la fois, puissent se produire dans un cadre joli mais très limité de l’ancien Artistique ?
Combien de place y sont disponibles ? quel modèle économique pourra soutenir le projet ? Et , finalement, il y a besoin d’un théâtre à l »année pour un festival ?
La longue , passionnée , locution de Gerard Baudoux qui a défendu ce dossier, a été un admirable exercice de éloquence et rhétorique comme il convient à un prince du forum, mais telle est restée. Au final , elle n’a convaincu .
Et si la vérité était dans la remarque de Dominique Boy-Mottard ?: » il y a eu la lubie Duez, maintenant il y a la lubie Huster ».