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22 novembre 2024

Garibaldi, Verdi et Nabucco à Nice

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2922.jpg L’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Nice sont dirigés par Philippe Auguin, la mise en scène, très classique, par Yoshi Oida, avec dans les principaux rôles : Hasmik Papian, Javier Palacios, Franck Ferrari, ancien élève du Conservatoire National de Région de Nice, Orlin Anastassov, Laura Brioli, Luigi Roni et Marie-Paule Lavogez.

Lors de la répétition générale dc ce mercredi, tout le monde a apprécié une véritable direction d’orchestre et des chœurs étonnants qui font le triomphe de cette œuvre.

Nabucco raconte l’histoire du peuple juif en exil à Babylone, prisonnier du roi Nabuchodonosor, et qui chante la patrie perdue. C’est d’ailleurs pendant cet exil que va se créer la véritable nation juive. Les Milanais, occupés par les Autrichiens, vont vite comparer leur situation à celle des juifs de l’opéra de Verdi. Pour eux, Verdi sera à partir de ce moment-là le symbole de la résistance à l’occupant. Le fameux « va pensiero » devient immédiatement l’hymne de la patrie réduite à l’esclavage et qui attend sa libération.

Avec Garibaldi, Cavour, Victor-Emmanuel, Verdi sera du jour au lendemain l’un des pères fondateurs du Risorgimento. Il sera député, jouera un rôle politique et deviendra l’un des deux plus grands compositeurs d’opéra du monde.

LA CREATION DE NABUCCO

Verdi vient d’essuyer un échec avec son opéra « Un giorno di Regno » et il envisage très sérieusement de renoncer à sa carrière de compositeur d’opéra. Mais le directeur de la Scala de Milan lui confie un texte sur Nabucco, abréviation de Nabuchodonosor. Ce livret est de Thémistocle Solera. Giuseppe Verdi va en faire un chef-d’œuvre et un succès mondial. Le 8 mars 1842 huit représentations sont prévues, et en réalité on le jouera soixante-cinq fois, record jamais égalé à la Scala de Milan.

Avec Nabucco, Verdi va obtenir une gloire populaire grâce à quelques chœurs dont le fameux « Va pensiero sull’ali dorate » (Va ma pensée du ton aile dorée) qui sera chanté dans toute l’Italie. Lorsqu’il compose Nabucco, Verdi est dans une profonde dépression. Il vient de perdre ses deux enfants et sa jeune femme et ne se remet pas du fiasco de « Un giorno di Regno ».
Mais Verdi rencontre la plus célèbre diva de l’époque, Giuseppina Strepponi, qui va créer le rôle d’Abigaille. Elle deviendra sa maîtresse et, de nombreuses années plus tard, Verdi l’épousera.

LE LIVRET

Nabuchodonosor, roi de Babylone, a vaincu les Hébreux et règne maintenant sur Jérusalem. Fenena, sa fille, chérie de Nabucco, sera prise en otage par le grand prêtre des Hébreux, afin d’exercer un chantage contraignant Nabucco à rendre la liberté à son peuple.
Le neveu du roi de Jérusalem, Ismaele, est amoureux de Fenena qu’il tente, sans succès, de libérer des griffes du grand prêtre. Pendant ce temps, la fille présumée de Nabucco, Abigaille, avide de pouvoir et jalouse de Fenena, propage la rumeur de la mort du roi et réclame le trône. Elle menace d’exécuter tous les Hébreux, y compris Fenena. Dans la longue attente de la mort, les Hébreux entonnent un hymne à la liberté, le célèbre « Va pensiero ».

Nabucco, dans un moment d’égarement, se proclame lui-même Dieu et tente ainsi de reprendre sa place, mais sans succès. Abigaille le fait emprisonner. Nabucco prie Jéhovah de lui venir en aide. Il sauvera in extremis sa fille Fenena et les Hébreux. Vaincue, Abigaille implore le pardon de son père et de sa soeur, puis se donne la mort. Ainsi s’accomplit la prophétique chute de Babylone.

AUJOURD’HUI

La liberté perdue est le message de cet impressionnant ouvrage. Peu d’œuvres lyriques de cette ampleur l’évoque avec autant d’émotion. Au travers de son opéra, Verdi, avec une vigueur entraînante, exprime son patriotisme. N’oublions pas que l’opéra est interprété dans un pays occupé. C’est plus qu’un cri, c’est un appel. « Va pensiero » est, pour les Italiens, l’équivalent de « La Marseillaise » pour les Français et Nabucco n’a pas de frontière car, comme le disait Edouard Herriot « Ceux qui ont conquis la liberté l’ont conquise pour tous. »
Garibaldi et Verdi l’ont conquise pour nous.

Christian Gallo
© Le Ficanas ®

Opéra de Nice

Mardi 29 mai à 20h
Jeudi 31 mai à 20h

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