Le CHU de Nice explore la chirurgie du futur avec le projet REBONE

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Un casque de réalité virtuelle.
Illustration DR.

Le CHU de Nice vient d’être désigné lauréat d’un appel à projets national en santé pour son programme REBONE. Centré sur la modélisation 3D et la réalité mixte, ce projet vise à améliorer le traitement des traumatismes osseux complexes. Une avancée portée par l’intelligence artificielle, au service des patients.

C’est lors du « CHU X HealthTech Connexion Day » organisé à Marseille que l’annonce a été faite. Le CHU de Nice figure parmi les établissements retenus dans le cadre de l’appel à projets Recherche Hospitalo-Universitaire (RHU). Le projet sélectionné s’intitule REBONE. Il associe réalité mixte, modélisation 3D et intelligence artificielle pour préparer et optimiser les interventions chirurgicales sur les os fracturés.

REBONE propose une méthode nouvelle : modéliser en trois dimensions l’anatomie du patient avant l’opération, créer un « jumeau numérique » à partir des examens d’imagerie, puis planifier l’acte chirurgical en amont, à l’aide de simulations. Les chirurgiens peuvent ainsi tester plusieurs hypothèses, mieux visualiser les gestes à effectuer, et décider en équipe d’un protocole adapté.

« Ça permet d’améliorer la précision du geste, l’individualisation de la prise en charge et aussi une visualisation via un casque qui représentera l’os à réparer et la prothèse qui viendra dessus », explique Rodolphe Bourret, directeur général du CHU de Nice.

Une ambition collective pour une meilleure prise en charge des fractures

Ce projet réunit plusieurs partenaires institutionnels et industriels. Université Côte d’Azur, CNRS, Inria, Inserm, Institut Pasteur, AP-HP, ainsi que des entreprises du secteur technologique participent à ce consortium. REBONE bénéficie d’un budget de 24,6 millions d’euros, dont 8,2 millions financés par l’Agence Nationale de la Recherche. Le projet s’inscrit dans le cadre du plan France 2030, qui soutient le développement d’innovations médicales.

Le professeur Marc-Olivier Gauci pilote le projet. Il exerce au sein de l’institut universitaire locomoteur sportif et neurosciences. Spécialiste de l’épaule, il utilise l’intelligence artificielle dans ses actes chirurgicaux programmés depuis une quinzaine d’années. Il cherche désormais à étendre ces outils à la traumatologie, qui concerne les interventions d’urgence.

« Depuis les années 2010, je travaille avec un jumeau numérique pour les opérations programmées de la chirurgie et ça m’a mis le pied à l’étrier pour travailler sur la traumatologie, précise-t-il. Aux urgences, c’est le 1ᵉʳ problème donc, il faut optimiser la prise en charge des patients. »

Habituellement, les décisions opératoires sont prises après concertation entre chirurgiens. Chaque cas étant unique, les avis divergent parfois. Le recours au jumeau numérique permettrait de faciliter ces discussions et de trancher plus facilement. L’objectif est de réduire les complications et d’accélérer la récupération.

Les premières expérimentations cliniques sont prévues à Nice dans cinq ans. Le CHU espère proposer cette technologie aux patients dans ses différents services. « On a toutes les spécialisations représentées dans un CHU et c’est un avantage, car on aura le jumeau numérique pour toutes les articulations », indique le professeur Gauci.

REBONE complète une autre initiative du CHU, l’Institut Hospitalo-Universitaire RespirERA, dédié aux maladies respiratoires, lui aussi soutenu par France 2030. Ces projets reflètent une orientation claire : intégrer des outils technologiques dans la pratique médicale quotidienne.

Pour les porteurs du projet, il s’agit moins de remplacer les savoir-faire que de les enrichir. L’intelligence artificielle devient un soutien à la décision. Les implants sont modélisés puis fabriqués sur mesure, adaptés à chaque patient. Une manière de rapprocher la médecine de demain des réalités du terrain.