Les séances publiques du conseil des collectivités locales assument de plus en plus le style du bar sport où on s’envoi facilement sur les roses avec un langage coloré.
La semaine dernière , lors de la séance du conseil régional , Christian Estrosi s’était fait traiter de « gaulliste enfoiré »par un élu du FN . Si le président du Conseil régional a du apprécier le substantif, lui qui aime s’inspirer du Général De Gaulle , même s’il y a peu de chance qu’il ait connu, il a du tiquer quant à l’adjectif qualificatif…
Mais ce lundi , c’est à lui qui , ayant retenu la leçon ,de s’exhiber dans le même genre.
Avec un ton agressif qui ne correspondait pas aux circonstances, il a accusé Patrick Allemand de complicité avec la journaliste de télévision Lucet qui avait dénoncé le dossier économique de la construction du Grand Stade ( aujourd’hui Allianz Riviera) , puis avec la présidente de la Chambre Régionale des Comptes qui ; dans son rapport ; a épinglé la gestion de la Ville.
Pas content de ces dérapages, le président du groupe Nice Ensemble ( c’est le rôle qu’il revendique pour expliquer ses interventions tous azimuts) a encore chargé l’ancien Ministre de l’Intérieur ( aujourd’hui Premier Ministre) , tance de « premier menteur » pour avoir assigné en justice la fonctionnaire de la police municipale qui avait dénoncé ( spontanément ?) dans une interview à JDD , les pressions du Ministère pour modifier un rapport suite aux faits du 14 juillet dernier. Fait refusé par le Ministère qui s’est pourvu en justice pour diffamation contre celle-ci .
Un acte qui n’a jamais été avalé par le maire de Nice qui a pris la part de sa fonctionnaire et qui en d’autres occasions avait manifesté sa froide colère contre le Ministre.
Hier matin on est passé du froid au chaud avec un coup de gueule contre le pauvre Patrick Allemand , qu’on arrive pas à comprendre quel rôle pouvait avoir dans cette histoire.
Mais , évidemment, ce n’était pas journée, parce que , en peu plus tard, l’élu socialiste sorti de l’hémicycle pour protestation, c’est au tour de l’ancien préfet Adolphe Colrat, un autre qui n’ a pas laissé sa trace dans le coeur de l’ancien maire (aujourd’hui ‘adjoint transversal » ) , de ramasser sa dose : en expliquant la raison du plan d’embauche de 130 policiers municipaux pour les assigner à la sécurité des écoles ( crèches et primaires) qui aura comme conséquence d’augmenter la masse salariale en 2017, Christian Estrosi a mis cette décision sur le dos du préfet Colrat qui aurait, selon lui, refusé d’assigner à cette tache les policiers nationaux pour la simple raison de vouloir les « protéger » ( la motivation parait si invraisemblable surtout de la part d’un préfet que les guillemets sont oligatoires).
Là encore on se demande la raison d’une polémique si haineuse et sans motivation aucune, surtout en considérant le lieu ( hémicycle de l’hôtel de ville) , la circonstance ( séance du conseil municipal) , et l’argument ( orientation budgétaire).
A quoi servent certaines exagérations surtout si déplacées ? Personne conteste à Christian Estrosi son rôle de numéro 1, c’est bien lui que les niçois ont élu maire en 2014. Tout le monde sait que c’est lui qui tient le guidon du « tandem » qu’il forme avec le maire Philippe Pradal, ni celui d’élu/adjoint » transversal » qui a droit de regard et arbitrage sur tous les dossiers.
Ne peuvent le contester, ni ses colistiers qui sans lui ne seraient pas où ils sont , ni ses opposants qui, fortement minoritaires , savent avoir qu’un seul droit: celui de dire ce qu’ils pensent en sachant déjà qui ne seront jamais écoutés.
Donc cette performance plus musculaire qu’intellectuelle ne sert à rien parce que rien ajoute au débat. A quoi sert d’abuser de sa force ?
Finalement une question s’impose: pourquoi confondre autorité et autoritarisme?