Le Muséum d’Histoire Naturelle de Nice entame une métamorphose majeure, mêlant respect du patrimoine et modernité. Cet article dévoile les coulisses des travaux de réhabilitation et d’extension, pensés pour offrir une nouvelle expérience aux visiteurs. À travers les voix des acteurs du projet, découvrez comment cette « belle endormie » se prépare à renaître.
Niché au 60 boulevard Risso, le Muséum d’Histoire Naturelle de Nice est le plus ancien musée municipal de la ville, inauguré en 1846. Il est né de la passion de deux naturalistes niçois du XIXe siècle, Jean-Baptiste Barla et Jean-Baptiste Vérany, dont les collections fondatrices sont aujourd’hui labellisées « Musée de France ». Depuis près de deux siècles, l’institution s’est enrichie pour compter désormais plus d’un million de spécimens, couvrant une diversité exceptionnelle d’espèces animales, végétales, minérales et fossiles.
Mais le musée ne se contente pas de préserver la mémoire du vivant. Il est aussi un acteur de la recherche contemporaine, collaborant avec de prestigieux partenaires comme le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Institut océanographique de Monaco ou encore le Parc national du Mercantour. Pourtant, malgré cette richesse scientifique, le site était resté, ces dernières années, en marge des standards muséographiques actuels. Jusqu’à ce que la Ville de Nice entreprenne un vaste chantier de métamorphose.
« Une belle endormie que nous voulons métamorphoser »
C’est en 2023 que la dynamique de rénovation s’amorce, sous l’impulsion de Jean-Marc Giaume, adjoint au maire délégué à la culture scientifique, et de Christian Estrosi, maire de Nice. Ce dernier affirme avec enthousiasme : « il n’est pas figé dans le passé puisqu’il s’éveille peu à peu depuis 2023 et que c’est une belle endormie que nous voulons métamorphoser en un lieu vivant. »
L’objectif ? Offrir une nouvelle expérience de visite, plus immersive, plus accessible, et pleinement ancrée dans les enjeux contemporains. Un chantier ambitieux, doté d’un budget de 1 140 798 euros, qui engage non seulement une réhabilitation de la façade mais aussi une reconfiguration en profondeur des espaces intérieurs.
Un parcours repensé : des abysses aux sommets
Au cœur de ce renouveau, le nouveau parcours scénographique imaginé par Didier Jeantrain promet de faire voyager les visiteurs à travers les 13 écosystèmes les plus emblématiques du territoire niçois. Comme l’a résumé Christian Estrosi : « désormais nous allons lancer un ambitieux aménagement des espaces avec un nouveau parcours scénographique qui permettra de découvrir 13 écosystèmes niçois. »
Ce parcours, intitulé Des abysses aux sommets, offrira un fil rouge thématique et sensoriel à la visite. Le directeur scientifique du musée, Olivier Gerriet, explique : « on aura aussi accès à une pièce des écosystèmes et donc présenter 13 écosystèmes particuliers avec comme titre « des abysses aux sommets ». » Cette approche immersive renforcera le lien entre science et nature, tout en mettant en valeur les spécificités locales.
Une muséographie modernisée
Le musée a également prévu d’élargir considérablement le nombre de spécimens visibles. « On va tripler le nombre de spécimens exposés », annonce Olivier Gerriet. Ce dernier insiste sur la volonté de rendre visible l’ampleur des collections : « on laissera voir les plus de centaines de milliers d’objets que l’on conserve. »
L’entrée du musée sera marquée par « la présence du milieu marin à l’accueil, avec de magnifiques maquettes de cétacés », précise le directeur scientifique. Un clin d’œil sera aussi rendu à l’histoire du lieu à travers « une vitrine de curiosité pour pouvoir parler de l’origine et l’histoire du musée. » Parmi les autres temps forts de la visite, une grande vitrine exposera fossiles et roches remarquables.
Accessibilité, pédagogie, convivialité : un musée pour tous
Pour que cette métamorphose bénéficie à tous les publics, le projet inclut une refonte complète de l’accueil avec une boutique, des vestiaires et une banque d’accueil. Un espace de lecture et une salle polyvalente au sous-sol viendront renforcer les actions éducatives, notamment auprès des scolaires. « Un espace médiation et lecture pour renforcer les actions éducatives », comme l’a souligné Christian Estrosi.
L’accessibilité a également été placée au centre des préoccupations. Le musée vise une accessibilité totale à tous ses espaces. De plus, un jardin pédagogique de 250 m² sera aménagé au sein de la Promenade du Paillon, prolongeant l’expérience muséale en plein air.
Un musée mobile pendant les travaux
La rénovation nécessite une fermeture temporaire du site, prévue jusqu’à fin octobre 2025. Mais pour maintenir le lien avec le public, la Ville de Nice a imaginé une alternative originale et ludique. « Il y aura un vélo-cargo qui sillonnera les jardins de Nice les mercredis de mai et juin, puis pendant les vacances d’été afin de proposer des ateliers découverte aux enfants », indique Christian Estrosi. Une initiative qui démontre la volonté de ne pas interrompre la mission de transmission scientifique du musée, même en période de travaux.
Une ambition patrimoniale et environnementale
Au-delà des aménagements matériels, la transformation du Muséum d’Histoire Naturelle s’inscrit dans une ambition plus large : celle de sensibiliser à la biodiversité et à l’urgence environnementale. À l’heure où les enjeux environnementaux sont cruciaux, le Muséum d’Histoire Naturelle sera plus que jamais un lieu d’éveil, de transmission et d’action.
Olivier Gerriet le résume avec émotion : « on est vraiment heureux que ce lieu puisse trouver un nouveau souffle. »
Le Muséum d’Histoire Naturelle de Nice, entre passé prestigieux et avenir engagé, prépare donc une réouverture qui marquera une nouvelle ère pour la culture scientifique locale. Une renaissance attendue avec impatience, et qui promet de faire dialoguer patrimoine, science et écologie dans un lieu vivant, inspirant et résolument tourné vers le futur.
