Elles sont magistrate, commissaire, députée, maire…
A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, coup de projecteur sur dix femmes européennes engagées qui mènent un combat au quotidien pour peser sur la scène diplomatique européenne et internationale, se battre contre la corruption, lutter pour le droit à l’avortement ou encore accueillir des réfugiés.
Manuela Carmena (Espagne) – Maire de Madrid
Manuela Carmena est une femme politique espagnole âgée de 73 ans. D’abord avocate puis juge du Tribunal suprême d’Espagne, cette ancienne militante du Parti communiste sous la dictature de Francisco France est devenue maire de la ville de Madrid en 2015. Issue du mouvement des Indignés, Manuela Carmena souhaite redonner le pouvoir au peuple et réaliser une révolution citoyenne à Madrid, ancien bastion de la droite pendant 25 ans.
Codruta Kövesi (Roumanie) – Magistrate
Codruta Kövesi est procureure en chef au sein de la Direction nationale anticorruption (DNA) de Roumanie depuis 2013. Cette femme « adulée des Roumains » s’est fait connaître en permettant à la DNA de faire des progrès considérables dans la lutte contre le corruption de haut niveau, en poursuivant notamment des maires, des parlementaires, des ministres et même l’ex-Premier ministre Victor Ponta alors en exercice.
Deniz Gamze Ergüven (Franco-turque) – Réalisatrice
Deniz Gamze Ergüven est née en Turquie mais a grandi entre la France, la Turquie et les Etats-Unis. Elle obtient une maitrise d’histoire à Johannesburg puis intègre la Femis à Paris où elle ressort en 2006 diplômée en réalisation. En 2014, elle coécrit Mustang avec Alice Winocour et le réalise. Le film raconte l’histoire de cinq sœurs turques qui, animées par une même envie de liberté, tentent d’échapper aux contraintes imposées par la société traditionnelle. Parmi les nombreux prix reçus, Mustang est récompensé par le Prix Lux 2015 attribué par le Parlement européen.
Konstantina Kouneva (Grèce) – Députée européenne
Ethnologue de formation, elle est contrainte de quitter son pays natal, la Bulgarie, en 2001 à cause de la maladie de son fils, qu’elle ne pouvait faire soigner dans de bonnes conditions. Durant la convalescence de son fils, elle multiplie les emplois alimentaires en Grèce. Femme de ménage dans le métro d’Athènes, elle devient déléguée syndicale et ne cesse de dénoncer les conditions de travail de l’entreprise de nettoyage qui l’emploie. Menacée à plusieurs reprises, un individu lui brûle le visage à l’acide en 2008, la défigurant de manière irréversible et lui faisant perdre la vue. Son combat syndical la conduit à devenir députée européenne du parti de gauche radicale Syriza en 2014.
Ursula von der Leyen (Allemagne) – Ministre de la Défense
Femme politique allemande issue de la CDU (centre-droit), elle est nommée ministre de la Famille du gouvernement d’Angela Merkel en 2005. Elle mène une politique à rebours des positions de son parti, en contribuant au développement des crèches et en mettant en place un salaire parental, qui permet à tout parent, homme y compris, arrêtant de travailler pour s’occuper de son enfant de recevoir une aide allant jusqu’à 1 800 euros. Ministre du Travail de 2009 à 2013, elle devient, en décembre 2013, la première femme à occuper le poste de ministre de la Défense.
Federica Mogherini (Italie) – Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l’Union européenne
Federica Mogherini, Haute représentante de la diplomatie européenne
Federica Mogherini est née en 1973. Après des études en sciences politiques à l’Université La Sapienza de Rome, elle se spécialise en philosophie politique, notamment lors d’une année d’échange universitaire Erasmus à Aix-en-Provence. Elle rejoint tout d’abord les jeunes du Parti communiste puis travaille dans les instances dirigeantes du Parti des démocrates de gauche, avant de se faire élire députée de la Vénétie en 2008, puis réélire en 2013 en Emilie-Romagne. En février 2014, elle devient ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Matteo Renzi. Puis en novembre de la même année, elle devient vice-présidente de la Commission européenne et Haute représentante pour la diplomatie.
Giusi Nicolini (Italie) – Maire de Lampedusa
Agée de 56 ans, Giusi Nicolini est une femme politique italienne, maire de la ville de Lampedusa, située sur l’île du même nom au large de la Tunisie, depuis 2012. Surnommée « la lionne de Lampedusa », elle se démène pour accueillir les flux de migrants sur l’île dans la dignité. Ancienne adjointe au maire de Lampedusa à 23 ans, elle a refusé poste ministériel et mandat d’eurodéputée pour continuer de défendre les îles de Lampedusa et de Linosa. Elle dénonce l’hypocrisie des politiques migratoires européennes « plus attentives à protéger les frontières qu’à construire un projet commun solidaire et humain ». Son combat a été récompensé par le prix Simone de Beauvoir 2016.
Barbara Nowacka (Pologne) – Prix Simone de Beauvoir 2017
Agée de 41 ans, Barbara Nowacka est une femme politique polonaise. Cette icône de la cause féminine a suivi les traces de sa mère, ancienne secrétaire d’Etat à l’égalité hommes-femmes, en s’engageant pour les droits des femmes. Professeur à l’Université de Varsovie, elle s’est fait connaître hors de son pays en organisant « la marche noire » en octobre 2016 pour s’opposer avec succès à une proposition de loi des ultras conservateurs visant à bannir totalement l’avortement. Le texte prévoyait une peine de prison tant pour les médecins pratiquant des IVG que pour les patientes. En 2017, son combat a été récompensé par le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes au nom de l’association Sauvons les femmes.
Emily O’Reilly (Irlande) – Médiatrice européenne
Ancienne journaliste politique, Emily O’Reilly fut médiatrice de la République d’Irlande de 2003 à 2007 (l’équivalent du défenseur des droits en France), puis commissaire à l’information environnementale de 2007 jusqu’à sa nomination au poste de Médiateur européen en 2013. Le 28 février 2017, elle a ouvert une enquête sur la façon dont la Commission européenne a réagi à une lettre lui ayant été adressée par des employés de l’UE concernant la position de José Manuel Barroso auprès de Goldman Sachs.
Margrethe Vestager (Danemark) – Commissaire européenne à la Concurrence
Femme politique membre du Parti social-libéral danois (RV), Margrethe Vestager a occupé les postes de ministre de l’Education du Danemark de 1998 à 2001 puis de l’Economie de 2011 à 2014. Nommée commissaire européenne à la Concurrence en 2014, elle a imposé au géant américain Apple le remboursement à l’Irlande de 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux illégaux. Considérée par la presse étrangère comme la femme la plus influente de la Commission européenne, elle a été élue femme de l’année par le Financial Times en 2016.