Partir à la recherche ou plutôt à la quête d’un monde meilleur, d’un oasis de paix, fuyant la guerre et la misère, les migrants doivent affronter les périls, la haine, le rejet égoïste des Etats où ils échouent et bien souvent la mort au bout du chemin.
Combien arrivent sains et saufs sur les rivages européens ? Voilà le décor planté, Hanne Elf avec son pinceau et sa sensibilité nous propose sa réponse à ce drame où les pays nantis semblent, sinon indifférents, du moins impuissants à y répondre.
Les plus frileux veulent fermer les frontières en pratiquant une politique de l’autruche, les plus courageux se mouillent pour porter aide et secours à ces migrants et se retrouvent devant les tribunaux où ils sont plus sévèrement condamnés que les truands en col roulé ou col blanc.
Odyssée présenté à la galerie Depardieu nous dévoile cette tragédie humaine. Hanne Elf expose ses tableaux : des navires éthérés dans une nuit opaque et un ciel embrumé. Est-ce le brouillard ou un rideau tiré pudiquement sur ces drames humains ? L’Odyssée d’Homère, Ulysse revenant après un long voyage à Ithaque.
L’artiste se sert de cette légende pour illustrer le périple, l’exode de ces milliers d’hommes, femmes et enfants. Ulysse pour aller au bout du chemin et y trouver la mort.
Réalité brutale, l’Odyssée a-t-elle une fin ? Oui si on se tait, non si on agit ; ni contre, ni pour, mais avec. Ulysse après tout fut lui aussi un migrant. Un tableau représente le bateau immatriculé : S 17662, il se trouve aujourd’hui dans la cathédrale de Cologne et sert d’autel pour célébrer la messe en l’honneur des migrants.
Cette tragédie est proche de chez nous, à Garavan les migrants refoulés tentent de passer par les sentiers rocailleux au péril de leur vie. Ce sont des êtres humains et l’on voit avec tristesse plus de compassion pour les animaux dans notre pays.
Hanne Elf, artiste allemande, nous fait prendre conscience avec ses magnifiques tableaux de ce drame quotidien des migrants, de leur exode, de leur Odyssée où hélas flotte toujours un voile noir à leur arrivée, soit rejetés, soit morts, victimes de l’indifférence et de l’égoïsme. Heureusement qu’il y a de bons Samaritains pour leur porter assistance.
Cette exposition d’Hanne Elf est visible jusqu’au 29 avril à la galerie Depardieu de Nice. Une belle leçon de morale, de charité et de fraternité. Bien utile en cette période où le rejet de l’autre est la pierre angulaire des projets et programmes de certains candidats à l’élection présidentielle.
Merci Hanne Elf pour votre travail.
Thierry Jan