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22 novembre 2024

Au Théâtre des Muses à Monaco: Grisélidis , écrivaine et prostituée

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On connaissait dans la culture populaire les chansons sur les filles publiques de Piaf ou de Brassens : » c’est pas tous les jours qu’elles rigolent . Parole ! », c’est une femme étonnante, une prostituée au grand coeur mais flamboyante, non soumise à sa quotidienneté car humaniste et révoltée que nous découvrons.

Ce sont plus que les mémoires d’une jeune femme que le destin a porté à consoler , écouter , à garder de la force et de la patience pour se plier aux désirs des hommes que nous propose Coraly Zahonero, une Sociétaire de la Comédie française au timbre doux , à la voix forte et au léger accent qu’avait cette femme d’origine espagnole , Grisélidis Real.

Mais sa douleur nous fait passer de la plainte non sans humour et philosophie ,à la révolte contre les gens de pouvoir , les institutions qui prêchent la morale et donnent mauvaise conscience quand hypocritement ils vont voir les filles ! Et ce sont ceux -là qui légifèrent sur leur statut ! Or ce sont elles les « médecins du monde » . »Que fait le Socialisme pour les bossus , les divorcés, les suicidaires ?  » lance t-elle très nature !

Quant à Dieu elle voudrait qu’il lui soit infligé autant de tortures qu’elle en a vécues, se fichant pas mal du blasphème. .Elle se veut aussi la porte-drapeau de toutes les femmes frustrées ,à qui on demandait de rester pure et de demeurer la femme d’un seul homme, même inaccessible .E t c’est dans une incandescence et un enthousiasme vibrionants qu’elle se sent dépositaire de toutes ces disparues sans avoir connu le plaisir .

Entre deux regards complices au public , elle ajoute joliment qu’on devrait tapisser les trottoirs de roses et de velours tant les situations humaines qu’elles prennent en charge sont méritoires.Des confidences, une plaidoirie et de beaux élans de Poésie raffinée ,on le voit ,mais surtout où toute sa chair et son âme s’impliquent. Elle se décrit parfois comme sans plus de matière , de couleur , d’apparence , se voit comme « méduse en son miroir de sang » .

Cette femme était une grande écrivaine , peintre également , décédée en 2005.. C’est grâce à Coraly et à Philippe Caubère qui y a apporté son soutien , que ce spectacle existe . Il sera redonné à trois , avec deux musiciennes , la saison prochaine au Théâtre de Nice .

par R.Haugade
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