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23 novembre 2024

Super dimanche au Festival de Cannes

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Super dimanche de Festival avec deux très bons films qui nous ont chacun présenté un personnage d’artiste égocentrique, insupportable et finalement attachant. Dans le film américain, il s’agit d’un personnage de fiction, le plasticien Harold Meyerowitz ; dans le film français, il s’agit d’une personne vivante, le controversé cinéaste Jean-Luc Godard.

The Meyerowitz stories, Noah Baumbach ( USA)

Harold (magnifiquement interprété par Dustin Hoffman) est un artiste plasticien passé de mode qui a des ennuis de santé. Ce sera l’occasion pour ses enfants, un garçon et une fille ainsi que leur demi-frère d’exacerber leurs conflits créés en grande partie par l’égoïsme forcené de ce père malgré tout aimé à défaut d’être aimant.

C’est drôle, parfois cruel mais toujours émouvant. Les bleus à l’âme des frères m’ont rappelé ceux d’un personnage de Un Dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier, un de mes fils cultes.

Toutefois, les spectateurs français n’auront pas l’occasion de voir ce beau film en salle car il a été financé par la plate forme Netflix qui veut en garder l’exclusivité. La direction du festival s’est donc fait piéger et dès l’an prochain les films de ce type ne seront plus sélectionnables à Cannes ce qui est bien sûr logique.

Le redoutable, Michel Hazanavicius (France)

En 1967, le cinéaste Jean-Luc Godard au sommet de sa gloire tourne un film militant La Chinoise avec Anne Wiazemsky (la petite-fille de François Mauriac) qu’il va d’ailleurs épouser. Mais le film est un échec et plonge Godard dans une crise artistique, politique et existentielle. Mai 68 va accentuer la crise et le réalisateur cinéaste star va devenir un artiste maoïste hors système aussi incompris qu’incompréhensible. En premier lieu pour Anne qui va le quitter et écrire le livre qu’ Hazanavicius a adapté pour réaliser ce Redoutable.

Ce film était d’emblée un peu particulier pour nous car il a été coproduit par Florence Gastaud une amie qui est aussi une ancienne étudiante. Mais, au-delà de l’amitié, c’est en spectateur comblé que nous avons quitté le Grand auditorium Lumière.

Le film est en effet réussi avec un Godard très drôle dans la première partie (il hésite entre Antoine Doisnel et Woody Allen) qui, petit à petit, s’enferme dans un ghetto maoïste complètement irréel où il se renie lui-même en tant qu’artiste tout en se coupant de son environnement. Jusqu’à perdre Anne.

Le redoutable est un film iconoclaste qui peut apparaître comme étant à charge. Pourtant, cette obstination de Godard à mouiller ses habits de gloire dans les eaux tumultueuses de la Révolution maoïste finit par nous émouvoir.

Avec ce film qui suit les 0SS117, The artist et le méconnu The search, Michel Hazanavicius prouve définitivement qu’il est (comme Jean-Jacques Annaud) un des cinéastes les plus éclectiques de ces dernières années.

par Patrick Mottard

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