Car lui aussi faisait partie des milliers de Niçois partis en pélerinage, un 20 mai 1983, du côté du Parc des Princes soutenir les valeureux azuréens qui tentaient de décrocher leur premier titre de champions de France. Certes, l’ogre biterrois avait emporté le bouclier de Brennus « à la maison » mais de nombreux supporters amoureux de l’ovale étaient eux rentrés sur la Côte d’Azur avec de belles images jaunes et bleus plein la tête. Ensuite, le challenge Yves Du Manoir enlevé face à Montferrand consolera les Niçois en 1985 avant d’entamer une lente descente aux enfers qui conduira le RRC Nice à être placé en liquidation judicaire en 2001.
Le passé c’est le passé me direz-vous. Certes, mais toute leçon est bonne à tirer de ce fameux passé et la montée « administrative » accordée au dossier niçois doit servir à consolider les bases solides d’un club certes ambitieux mais bien résolu à ne pas brûler trop vite les étapes qui pourraient le conduire un jour dans l’olympe du Top 14.
C’est une belle page du rugby Niçois qui se tourne avant les vacances bien méritées des joueurs comme de l’équipe dirigeante et il faudra courage et abnégation pour écrire le nouveau chapitre dès la saison prochaine. A la plume, nous retrouvons donc l’ancien grand reporter de L’Equipe, Julien Schramm, qui revient sur cette belle récompense et sur l’avenir de l’ovale niçois.
Nice Premium : Nice jouera en fédérale 1 la saison prochaine. Julien, vous pouvez nous en dire plus ?
Julien Schramm : C’est un grand bonheur pour l’ensemble du club. La FFR, actuellement en Congrés annuel à Toulon, tenait son Comité Directeur jeudi après-midi et elle a décidé de promouvoir notre club en Fédérale 1. En fait, nous avions fait acte de candidature il y a déjà trois semaines, sachant que des clubs comme Vendres ou Gourdon avaient refusé la montée. En perdant contre Villeurbanne en 16èmes de finale du championnat de France de Fédérale 2, nous avions raté la montée sur le terrain ce qui était un véritable échec étant donné le potentiel de notre équipe et nos ambitions.
Nous avons donc pris un chemin détourné, ce qui n’est pas très glorieux pour certains je le conçois, mais ce qui finalement est mérité pour l’ensemble du club. Ce n’est pas la promotion d’une équipe 1 que la FFR a voulu, mais la promotion de tout un club. Un club complet avec une magnifique école de rugby, des cadets, des juniors, des moins de 21 ans, des féminines… Dans une ville comme Nice qui a un fort passé rugbystique et un potentiel évident sur le plan économique et démographique pour assumer cette ambition de revoir un jour le club au plus haut niveau.
Vous savez, tout a compté dans ce dossier: nos structures avec un stade parfaitement adapté et évolutif, nos 600 licenciés, la bonne santé de nos finances, notre capacité à former des jeunes joueurs, nos 240 gamins de l’école de rugby, la présence de partenaires financiers solides, l’arrivée de Christophe Moni… c’est un tout. C’est la réussite de tout un club. Pas de quelques personnes.
NP : Qu’est ce que cela change dans l’objectif du club ?
JS : On gagne un an, c’est très important. La Fédérale 2, c’est trop compliqué, trop aléatoire même avec une bonne équipe. La Fédérale 1, c’est devenu un très bon championnat. Du fait de l’arrivée massive des meilleurs joueurs du monde dans le Top 14 et la Pro D2, la Fédérale 1 est devenue un réservoir d’excellents jeunes joueurs français.
L’objectif, c’est d’exister dans ce championnat, d’être digne de la confiance que nous a accordé la FFR. Se stabiliser à ce niveau pendant 2 ans. Puis jouer la montée en Pro D2 la 3ème saison.
NP : Le fait de la savoir si tardivement ne risque pas d’être pénalisant pour le recrutement ?
JS : On avait quand même prévu cette éventualité et on a fait un travail en amont. Et puis on va s’appuyer une base de joueurs déjà existante qui a d’avantage le profil de la Fédérale 1 que de la Fédérale 2. Je pense à des joueurs comme Moxham, Dames, Kinane, ou Laurent Buchet taillés pour le niveau supérieur et qui nous sont restés fidèles car ils croient au projet niçois. Pour ce qui est du recrutement, tout va s’accélérer la semaine prochaine. Beaucoup de joueurs veulent nous rejoindre maintenant. C’est plus facile. La priorité c’est de bâtir un très fort cinq de devant.
NP : Justement au niveau recrutement, quels sont les nouveaux arrivants et les partants ?
JS : Kahlouchi, Mohl, Marras et Urushadzé s’en vont. Le pilier Canizares et le centre Mège, des Niçois, nous rejoignent, ainsi que le deuxième ligne et le demi de mêlée de Grasse, Derstroff et Rey. D’autres joueurs d’un niveau supérieur vont arriver dans les prochains jours. On aura une équipe très compétitive
NP : Avec cette bonne nouvelle, pensez-vous que les collectivités locales et les partenaires pourront mettre un peu la main à la poche ?
JS : On avait un budget très confortable pour la Fédérale 2, mais il est évident que pour la Fédérale1, il faut passer la vitesse supérieure. On va s’y atteler. La plupart des clubs de Fédérale 1 en France sont à plus d’un million d’€ de budget annuel.
NP : Dans quelques semaines la Coupe du Monde va démarrer en France. Pensez-vous que l’impact se fera sentir jusque sur la Côte d’Azur ?
JS : Oui, car je sais déjà que beaucoup de supporters étrangers qui vont venir en France vont séjourner sur la Côte d’Azur entre les matchs. Ils ne passeront pas inaperçus et ce sera l’occasion pour les Niçois de découvrir la convivialité, la chaleur des gens du rugby. Cela doit être une magnifique promotion de notre sport dans notre ville.
NP : Côté pronostic : quelle finale de la Coupe du Monde imaginez-vous ?
JS : France- Nouvelle-Zélande… mais je me méfie beaucoup du match d’ouverture contre l’Argentine. Les Argentins sont de fantastiques joueurs et ils ont en ce moment une superbe génération bien préparée par…. le championnat de France!
Ce match d’ouverture ce pourrait être … « Tu quoque fili !»
NP : Le Rugby niçois en Fédérale 1. Une chance de plus de voir un sport études rugby revenir dans les Alpes Maritimes et à Nice ?
JS : Chaque chose en son temps, ne brûlons pas les étapes. Structurons le club comme il se doit, et tout suivra naturellement. Mais n’oublions pas que Nice possédait il n’y a pas si longtemps le pôle Espoirs aujourd’hui à Hyères. Donc, c’est possible oui.
NP : Enfin, quels sont les souhaits de Julien Schramm à l’aube d’une saison en fédérale 1 ?
JS : Que Nice croit en son club de rugby et toutes les valeurs que ce sport véhicule.
Que la ville soit persuadée qu’un grand club a sa place ici. A nous de lui prouver en réalisant une grande saison en Fédérale 1, en confirmant notre ambition de développer le rugby dans les quartiers… 88 000 €, c’est le budget que nous avons bâti pour Nice Rugby Cités! On va commencer dés la rentré à l’Est, puis ensuite aux Moulins. Voilà, que Nice redevienne une ville de rugby.
UNe locomotive pour tout le rugby des Alpes Maritimes. »