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22 novembre 2024

Gaël Nofri s’offre les réformes de Jacques Chirac

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nofri-3.jpg Installé à Nice depuis quelques années, Gaël Nofri est tombé dans le bain de la politique depuis tout petit. Il est aujourd’hui proche de Jacques Peyrat et de Charles Pasqua, ses deux mentors, et, comme tous les niçois, se prépare à la joute municipale qui aura lieu courant 2008.

Entretien donc avec un Max Gallo junior qui rêverait de marcher sur les traces de son aîné.

Nice Premium : Gaël Nofri, vous sortez un livre « Trois réformes pour un adieu ». Quelles sont donc ces réformes et quel est cet adieu ?

Gaël Nofri : Oui ! le titre reste énigmatique …

En réalité, les trois réformes en question sont des modifications constitutionnelles adaptées par le Congrès de Versailles le 19 février dernier. Elles sont relatives à l’abolition définitive de la peine de mort, au nouveau statut pénal du chef de l’Etat, et au devenir du corps électoral de Nouvelle-Calédonie. Il s’agit de trois bouleversements majeurs pour nos institutions qui ont été décidés par le Président Jacques Chirac conformément à la politique qu’il a entendu mettre en œuvre pendant ces douze ans. Sans consultation aucune du peuple, il s’agissait alors de parachever, sous son mandat la profonde modification de la norme suprême modifiée quinze fois. L’adieu est donc, non seulement, celui d’un homme, Jacques Chirac mais aussi, on peut l’espérer, celui d’une ère, celle de modification et de dénaturation de la Constitution Gaullienne. Les réformes ne sont pas des ruptures.

NP : Pourquoi un livre sur le mandat de Jacques Chirac et quels sentiments vous inspirait-il ?

GN : Ce n’est pas tant un livre sur Jacques Chirac que j’ai écrit, mais plutôt une mise en garde contre les dérives de certains choix politiques et institutionnels. Au final, si le mandat de Jacques Chirac s’achève, les parlementaires qui ont voté ces modifications sont toujours en grande partie présents.

Ce n’est dès lors pas exclusivement un regard en arrière, il s’agit aussi d’une appréciation portée sur des textes toujours en vigueur, un message à tous ceux, qui, dans les temps à venir, seraient tentés par de « nouvelles révolutions institutionnelles ».

NP : Un livre en appelle souvent un autre. Vous connaissez déjà le sujet du prochain ?

GN : Il n’y a pas à l’heure actuelle de prochain livre prévu. Maintenant, il est certain que si celui-ci était bien accueilli, je réfléchirai à une prochaine publication. Ecrire n’est pas le problème : j’écris tout le temps, même quand je ne communique pas.

Quant au sujet, je pourrai peut-être aborder un aspect moins technique, tel que le sens que je donne à mon engagement politique, les raisons de mon amour pour la France, ma découverte de Nice et de la Côte d’Azur, l’enjeu Méditerranéen.

NP : Selon-vous, Jacques Chirac serait-il une des clefs du dernier raz de marée UMP à la présidentielle et aux législatives ?

GN : Je ne suis pas persuadé que Jacques Chirac ait beaucoup pesé dans la détermination de l’actuelle majorité. C’est parce que Nicolas Sarkozy a réussi à bâtir sa campagne sur des thèmes chers au Français, sur son charisme personnel et sa capacité à entraîner le Peuple de Droite, ainsi aussi qu’à rassembler au delà des clivages autour de l’idée de la Nation, qu’il a emporté les élections présidentielles. Reste maintenant à ne pas décevoir les nombreuses attentes parfois contradictoires…

Quant aux législatives, la victoire de la majorité présidentielle, les résultats excellents de l’UMP au premier tour, s’expliquent évidemment par l’instauration du quinquennat. Donner une majorité au chef de l’Etat pour toute la durée de son mandat, ne pas se déjuger moins d’un mois après l’élection, le Président de la République, sont autant d’arguments qui ont tué le temps parlementaire.

La différence entre le premier et le second tour s’explique elle, sans doute, par le fossé qui existe entre le programme électoral tel que nous l’entendions et son application tel que le gouvernement le mettra en œuvre.

NP : Comment analysez-vous les premières semaines du Chef de l’Etat et de son gouvernement ?

GN : Je remarque que le chef de l’Etat ainsi que son équipe se sont très vite mis au travail afin de trouver les moyens de mettre en œuvre les engagements sur lesquels ils ont été élus.

Je pense que cela était nécessaire si on veut ne pas décevoir l’immense marée humaine de toutes celles et de tous ceux qui leur ont accordé leur confiance, et au delà de ceux qui se sont massivement prononcés aux élections présidentielles. Le dernier scrutin, celui du 17 juin nous alerte d’ailleurs sur ce risque.

Cependant, je ne peux m’empêcher de constater, pour être honnête, que déjà des points de divergences sérieux existent, tant sur le plan intérieur qu’international. Les problèmes sont posés…

La principale interrogation reste celle relative au Traité établissant une Constitution pour l’Europe. Quel que soit le nom utilisé, ou le contenu exact, il est inenvisageable qu’une telle disposition – qui viendrait à renoncer, de nouveau, à des pans de notre souveraineté – ne fasse l’objet d’aucune consultation référendaire.

NP : Vous êtes l’un des nombreux corses installés à Nice et sur la Côte d’Azur. Quel regards portez-vous sur les relations entre l’Etat Français et l’Île de Beauté ? Quelles seraient, selon-vous, les conditions pour éradiquer violence, corruption et terrorisme en Corse ?

GN : On aborde là, en réalité, plusieurs questions en une. L’histoire de la Corse est celle d’une île souvent conquise, pillée ou exploitée par les différentes puissances du Bassin Méditerranéen ; ses rapports avec « les continents » suivent dès lors la géopolitique méridionale. Pour autant, jamais la Corse n’a échangé, n’a trouvé à se construire avec aucune des puissances qui l’avaient envahie.

En cela, les rapports initiaux entre la Corse et le Royaume de France ne commencèrent pas de façon bien différente. Cependant, comme un hasard de l’ histoire , lorsqu’en 1769 l’Armée Française l’emporte définitivement sur les troupes séparatistes et conquiert ainsi la Corse, la même année naissait Napoléon Bonaparte. Dès ce moment, l’histoire de la Corse et de la France, l’histoire de la Corse dans la France et l’histoire des Corses au service de la France sera un échange et une marche en avant commune perpétuelle. Cela sera le cas sous les Empires, bien sûr, mais aussi dans la haute administration et les colonies, puis, dans la Résistance et au sein des mouvements gaullistes. Il existe donc un anachronisme qui s’exprime à travers toutes ces velléités séparatistes.

Pour ce qui est d’éradiquer le terrorisme, la violence et l’irrédentisme en Corse, il faut d’abord veiller à faire respecter la Loi, à rétablir l’état de droit et ne plus distribuer des amnisties aux ennemis de la République.

Il faut ensuite et peut être surtout donner à l’île les moyens économiques de son développement :

  • infrastructures de transports et de tourisme ,
  • aménagement des sites naturels et culturels remarquables,
  • modification de la loi littoral devenue une véritable entrave pour l île,
  • contrôle de l’utilisation des fonds publics de bout en bout.

Ensuite, et seulement ensuite, doit venir le temps des réformes institutionnelles afin de limiter le nombre de structures (suppression de la double départementalisation) et modification du mode d’élection pour les conseillers territoriaux (afin de limiter l’emprise qu’ont certains caciques locaux sur la vie publique corse).

NP : Vous êtes un proche de Charles Pasqua depuis de nombreuses années. Comment est née cette collaboration ?

GN : Mon engagement politique est, en effet, lié à la personne de Charles Pasqua. C’est en 1999 que j’ai compris, avec la victoire des listes souverainistes du RPF sur celles du RPR que c’était ainsi que l’on pouvait traduire l’amour que l’on a pour son pays, la volonté de le défendre ainsi que de le voir gérer conformément aux ambitions que l’on a pour lui. Avec le recul, je ne regrette rien de mon engagement au RPF -j’en suis d’ailleurs toujours membre- .

Au sein du groupe Union pour l’Europe des Nations, je sais que Charles Pasqua, dernier Président Français d’un groupe parlementaire européen, a œuvré en faveur d’une Europe des nations, des coopérations, respectueuses des peuples et des identités.

La victoire de Nicolas Sarkozy montre sur de nombreux points que Charles Pasqua a eu raison : la posture adoptée par le Président de la République à l’occasion de ces élections a repris à de multiples reprises (à l’exception notable de la construction européenne) le discours gaullien de la droite populaire et républicaine qu’a tenu Charles Pasqua. Le si bon score réalisé par Nicolas Sarkozy s’explique aussi, sans doute, par le fait que celui-ci a mis en œuvre l’appel de Charles Pasqua en 1988 : les préoccupations de l’électorat du Front National et les celles manifestées par nos électeurs ne sont pas si éloignées. De la posture et du discours aux actes, il reste maintenant à mettre tout cela en œuvre…

NP : Les municipales approchent à grands pas. Savez-vous déjà dans quelle liste vous participerez à cette campagne ?

GN : Je ne connais pas encore les données de l’élection, comme tout le monde je les attends …

Il est évident qu’à mes yeux l’excellent bilan financier et modernisateur de l’action de Jacques Peyrat va compter. Le Maire a annoncé qu’il entendait repartir. Après la manifestation de la place Masséna qui a rassemblé plusieurs milliers de nos concitoyens niçois, sans distinction d’appartenance, autour d’une même œuvre, nul ne doute plus que Jacques Peyrat soit aujourd’hui le symbole d’une Nice qui gagne !

Nice, ville de traditions, ville de caractère et d’identité, découvrait alors l’une des réalisations qui, dès aujourd’hui, ont vocation à définir notre cité pour le XXI siècle. Du tramway, du doublement de l’Autoroute Urbaine Sud, du Conservatoire National de Région, de la réfection des collecteurs d’eau de la ville, du Palais Nikaïa, de la nouvelle place Masséna, de la Bibliothèque Nationale Louis Nucèra, l’aménagement de Rauba Capeu … et demain, avec la nouvelle Mairie, le grand stade et les futures lignes du tramway, se construit une ville moderne, cohérente dynamique et compétitive.

Des deux mandats successifs de Jacques Peyrat, depuis 1995, est né un bilan conforme à ses engagements : un endettement et une imposition contenus ne remettant pas en cause la nécessaire marche en avant de la capitale de la Côte d’Azur.

De 1995 à 2001, l’essentiel de ses efforts a porté sur l’assainissement des finances municipales, finances qu’il a trouvées dans une situation calamiteuse dès son arrivée, après cinq ans de vacance du pouvoir municipal. Dans le même temps, il est parvenu à maintenir et même à diminuer de manière significative les taux d’imposition des taxes locales. Ensuite, et dans l’actuelle mandature, sans jamais trahir ses engagements du passé, il a œuvré en faveur d’une politique de grands travaux, qui a certes modifié nos habitudes et même provoqué des désagréments, mais dont la nécessité ne peut décemment pas être contestée. Des travaux restent cependant à achever, la nouvelle mairie place Charles de Gaulle doit être construite afin de redynamiser le quartier Libération-Malausséna et élargir le centre de Nice de la Vieille Ville à l’ensemble du cœur des activités de notre cité. Le grand stade, les lignes 2 et 3 du tramway et, peut-être aussi, la Cour d’Appel, sans oublier la nouvelle prison restent eux aussi à mettre en œuvre.

Cette ambition de rénovation et d’amélioration doit maintenant être accompagnée d’un troisième temps, celui de la proximité et de la réappropriation par les Niçois de leur espace urbain Plus que jamais les valeurs politiques sur lesquelles il a été élu, avec la majorité municipale de l’Entente Républicaine et grâce à laquelle il a pu mener une politique constructive pour Nice, trouvent leur légitimité dans le résultat des dernières élections présidentielles et législatives : c’est dans l’union, le rassemblement, le dépassement des clivages politiques et des équations personnelles que se trouvera la victoire car c’est plus que jamais ce qu’attendent nos concitoyennes et nos concitoyens.

C’est donc devant eux, à l’aune du travail accompli, avec la fierté de ne pas avoir manqué à leur devoir, et la volonté d’associer à l’action Municipale de nouvelles volontés de progrès que doit être envisagée toute future candidature. En opposition totale avec ceux qui furent tentés par le renoncement et la frilosité, contre ceux aussi qui prêchent la division au lieu de chercher à bâtir l’union, je compte bien être présent à l’occasion de ce scrutin.

NP : Christian Estrosi, candidat à la Mairie de Nice. Vous en pensez quoi ?

GN : Christian Estrosi a été nommé secrétaire d’Etat à l’Outre Mer et à la Mer par le chef de l’Etat, il assure ainsi une mission importante pour la France à Paris (notre pays demeure en effet le 3ème espace maritime international) ; sa présence au Gouvernement est un atout pour la Côte d’Azur en général, et Nice en particulier.

Sa présidence du Conseil Général devrait permettre d’aider Nice à fédérer autour d’elle la totalité du département des Alpes Maritimes.

En servant par d’autres moyens Nice, je ne conçois pas que Christian Estrosi puisse se porter candidat à la Mairie de Nice, poste qui demande une attention de tous les instants, qui exclut, à mon sens,d’emblée toute ambition ministérielle. Ma conviction plus générale, et qui ne s’attache à une personne en particulier, sait que le risque réside dans une candidature de division. Christian Estrosi le sait, et je ne doute pas qu’il entende apporter un soutien actif à la volonté d’union et de rassemblement manifesté par Jacques Peyrat.

C’est au candidat légitime de composer en toute indépendance une liste d’union et de rassemblement au service de Nice et des Niçois. La légitimité de ce candidat ne pourra se trouver ni dans l’investiture de tel ou tel parti, ni dans la volonté de telle ou telle ambition individuelle. Elle est à la fois populaire et supérieure car s’apprécie dans le contexte de l’histoire et de l’actualité niçoise.

NP : Enfin, quels sont les projets à venir de Gaël Nofri à Nice ?

GN : Des projets… non, je ne sais pas trop… je ne suis pas vraiment un homme qui arrête des projets trop à l’avance, je ne suis pas adepte des « cursus honorum ». Maintenant à court terme oui, sans doute …

Peser à Nice à l’occasion des futures élections municipales, m’investir en faveur du projet Nice Capitale Européenne de la Culture, pour l’implantation d’une Cour d’Appel à Nice dans le cadre d’un nouveau découpage de la carte… Œuvrer aussi, pourquoi pas, à une prise de conscience de l’importance de la question méditerranéenne, que cela soit en terme de civilisations, de paix, de développement, d’urbanisation du littoral ou de protection de l’environnement.

Mais, en réalité, on verra bien tout cela, il faut aussi laisser venir les évènements, accepter d’intégrer les réalités du moment au projet que l’on souhaiterait mettre en œuvre.

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