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22 novembre 2024

Patrick Allemand : « A Nice, la droite est au bord de l’implosion »

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allemand-patrick-3.jpg Entre remous dans les instances nationales et réformes attendues par les militants, Patrick Allemand semble vouloir retenir une leçon des deux dernières élections : « L’UMP nous a donné une leçon du point de vue de l’organisation et du renouveau idéologique. » Reste à présent à trouver un terrain d’entente ou, comme dans la grande maison bleue, espérer en l’arrivée d’une, ou d’un leader capable de fédérer l’ensemble des courants socialistes.

Beau chantier et vaste programme à quelques mois d’une élection municipale qui se posera en véritable test pour la politique de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement. Cela Patrick Allemand le sait bien et l’espoir de faire de Nice, une ville de gauche comme ses consoeurs lyonnaise ou parisienne n’est pas fait pour lui déplaire. Mais avant d’en arriver là, il faudra passer par un autres test, celui des primaires et s’il semblerait bien que les candidats à l’investiture ne soient que deux, lui-même et Patrick Mottard, on ne peut jurer de rien quand à la présence d’un troisième participant. Une autre inconnue, et de taille, sur le regroupement des forces de gauche à Nice avec des Joseph Ciccolini et jean-Christophe Picard qui pourraient tout aussi bien présenter une liste indépendante de gauche ou encore rallier le candidat socialiste.

Bref, comme au plan national, ça bouge dans un PS azuréen qui, s’il ne sait pas à quel Patrick se vouer est par contre bien décider à donner une coloration rosée à une Côte un peu trop d’azur à son goût.

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Nice Premium : Patrick Allemand, comment analysez-vous à froid ce second tour des législatives, dans la 1ère circonscription, à Nice et au plan national ?

Patrick Allemand : La 1ère circonscription a été la seule du département où la gauche a été présente au second tour. Partout ailleurs, nos candidats ont été laminés dès le premier tour du fait du très haut niveau de l’UMP. C’est donc une maigre satisfaction en soi. La seule chose qui peut être mesurée, c’est le nombre de voix des candidats socialistes au premier tour par rapport à la série 2002. J’ai survécu parce que la droite était divisée, mais aussi parce que j’ai perdu au sein de notre électorat moins de voix que d’autres. Mais je partais avec un réservoir de voix très limité (le total de la gauche n’atteignait même pas 29%) et, dans ce contexte, améliorer sensiblement le score de second tour de Ségolène Royal a été une bonne surprise.

J’ai essayé pendant cette semaine d’incarner l’espoir, notre crédibilité collective, la résistance à l’UMP.

Sur le plan national, j’ai l’impression que les Français ont souhaité rééquilibrer une situation politique outrageusement favorable à l’UMP. Nous avons été aidés par l’annonce faite sur la TVA sociale, qui est extrêmement instructive sur l’état d’esprit des français. Quand on flatte trop l’individualisme à outrance, il ne faut pas s’étonner que la contagion du discours antifiscal dépasse le simple impôt sur le revenu. Je crois donc que le corps électoral français a montré à cette occasion sa maturité démocratique, mais aussi sa prudence.

Ce résultat donne au parti socialiste la responsabilité de demeurer une opposition vigilante et constructive. Les français nous ont dit « on n’a pas voté pour vous mais protégez nous ». Cela démontre que contrairement aux rêves de l’UMP, le pays n’est pas foncièrement idéologiquement de droite. Les Français ont peur du déclin, ils ont considéré que Sarkozy représentait une rupture avec l’immobilisme. Ce résultat du 2ème tour des législatives est donc une bonne chose pour la gauche, mais surtout une bonne chose pour le pays.

NP : L’UMP a fait carton plein dans les Alpes-Maritimes. Quelles ont été, selon-vous, les raisons de ce tsunami bleu azur ?

PA : Nous sommes dans un département qui, sociologiquement, a toujours été très ancré à droite. Certains succès récents, notamment depuis 1998, ont été dus à la conjonction de deux phénomènes, des divisions à droite et un Front National fort. Cela a fait oublier que les Alpes-Maritimes restent une terre de mission.

Mais l’ampleur de la vague s’explique par la limpidité exceptionnelle du siphonage de l’électorat frontiste par Nicolas Sarkozy. Cela s’explique par la porosité plus grande qu’ailleurs entre droite et extrême droite dans notre région et par l’absence de leader au sein du FN local.

NP : Les Municipales 2008 : Prochain objectif pour Patrick Allemand ?

PA : Ce n’est plus un secret pour personne. Mais je ne serai pas un candidat autoproclamé. Ce seront les militants qui jugeront qui est le plus apte à porter nos idées dans cette bataille.

NP : D’après-vous, qu’est ce qui légitime votre candidature ?

PA : Ce sera d’abord le vote des militants. J’espère qu’ils verront en moi un homme d’ouverture, à la fois proches des gens et des dossiers et qu’ils estimeront que mon expérience de 1er vice-président de la Région est un atout dans une ville où nous représentons l’opposition depuis des décennies. Je pense également qu’ils se souviendront de la façon dont j’ai « mouillé la chemise » au cours des présidentielles et des législatives, à un moment où il aurait été sans doute plus confortable de se faire discret.

NP : Selon-vous qui seront les candidats à la primaire niçoise ?

PA : Sauf surprise, il y en aura deux, et vous les connaissez.

NP : Avez-vous une idée du candidat UMP qui sera en lice aux prochaines municipales niçoises ?

PA : Difficile à dire. La droite niçoise est au bord de l’implosion. Il y a à mon sens trois hypothèses. Ou bien Jacques Peyrat est réinvesti par l’UMP et il essaiera de reconquérir les Niçois en s’appuyant sur le tramway. Ou bien l’UMP choisira d’investir un autre candidat mais à ce moment-là Peyrat ira au combat par orgueil et il faudra alors se préparer à une triangulaire meurtrière. Enfin dernière possibilité, l’UMP parvient à convaincre Peyrat de se retirer, mais je n’y crois guère. En tout cas, la décision du président de la République de venir en personne inaugurer le tramway va plutôt dans le sens de renforcer Peyrat. Je pense qu’ils considèrent aujourd’hui que le niveau de l’UMP est tellement élevé qu’ils arriveront à sauver la ville avec lui. Mais gare aux excès de confiance, en politique, cela peut coûter cher.

NP : Revenons au Parti Socialiste. Comment jugez-vous les divers positionnements durant l’après présidentielle et l’après législatives ?

PA : Je regrette certaines prises de position accusatoires, même si elles ne reflètent pas la réalité des débats en cours au sein du Parti socialiste. Par moment, lors de la campagne législative, nous avons eu l’impression d’être livrés à nous-mêmes par certains de nos leaders. Il faut sortir du schéma simpliste où la candidate serait accusée de tous les maux et les déficits, et à l’inverse où le parti serait responsable de tout.

Cela dit, maintenant que les élections législatives ont eu lieu, les débats sont libres. J’estime qu’on peut tout se dire si cela est fait de manière constructive. Car ce qui importe aujourd’hui, bien au-delà des enjeux de personnes, c’est la refondation idéologique du parti socialiste.

NP : Pensez-vous qu’il est temps de réformer le PS en profondeur ?

PA : Oui. L’UMP nous a donné une leçon du point de vue de l’organisation et du renouveau idéologique. Il faudra la retenir.

NP :Des socialistes au gouvernement. Qu’en pensez-vous ?

PA : Ce sont des aventures personnelles, même si certains membres de ce gouvernement classés à gauche – je pense à Fadela Amara ou Martin Hirsch – y sont allés en pensant sincèrement pouvoir changer les choses. Cela démontre l’état d’esprit de Nicolas Sarkozy, qui estime que l’ouverture peut se faire par du débauchage individuel. Il a agi de la même façon avec les UDF entre les deux tours de la présidentielle. C’est la politique de la carotte ou du bâton.

NP : Vous êtes plutôt pro Modem ou plutôt « chacun chez soi » ?

PA : Si le décrochage de Bayrou par rapport à la majorité se confirme et si nous avons des convergences fortes, il n’y a pas de raison de ne pas dialoguer. Mais l’urgence n’est pas là. Pour le moment, nous ne devons pas être dans une stratégie d’alliance. Il nous faut au préalable impérativement moderniser le parti socialiste.

NP : Enfin, quel sera le programme de Patrick Allemand durant l’été ?

PA : semaines de repos pour l’essentiel dans la région et une reprise en douceur après le 15 août. J’ai besoin de faire un break cette année car depuis septembre 2006, cela n’a pas arrêté. Bien entendu je serai au rendez vous rituel de La Rochelle pour les universités d’été du PS, le dernier week-end d’août.

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