Ce village de la banlieue niçoise se trouve coincé entre deux collines : Cimiez et l’Abadie. Saint André de la Roche s’étire au fond du vallon de la Banquière, affluent du Paillon ou Paillon lui aussi, il y aurait trois rivières portant ce nom. Le village se trouve sur la route de Tourette-Levens et Levens.
Cette route sera le sujet d’un âpre débat à Turin sur le choix de la route du sel. L’ingénieur des ponts et chaussées Pietro Arduzzi, par un mémoire du 27 octobre 1627, soulèvera les difficultés et le coût de tracer une route passant par le vallon de Saint André, (à cette époque, il n’y avait pas les carrières de pierres et le vallon se trouvait très encaissé.) Il préférait la route passant sur l’autre rive du Paillon et se dirigeant vers l’est, donc plus directe pour le Piémont et Turin.
A l’époque romaine, l’Abadie, dont le nom provient du terme abbaye, est un poste sur la voie Julia Augusta. Mérindol, nom de cet éperon avant la christianisation, garde cette route menant à Cimiez et venant de la Turbie. On notera la propension des Romains à éviter le littoral pour leurs communications terrestres.
La Banquière au XIX° et au début du XX° siècle avait un débit bien plus régulier et important, les bugadières venaient y laver le linge. La première mention de ce bourg se trouve dans un testament de 999 où le fief est partagé entre l’abbaye de Saint Pons et les seigneurs de Saint André. En 1555, après avoir appartenu aux Chabaud, le fief passe aux Michelotti.
Un siècle plus tard, en 1628, les Thaon, seigneurs originaires de Lantosque, acquièrent par mariage Saint André. Leur possession est élevée en Comté. Le 10 octobre 1687, les Thaon érigent leur château sur cet éperon de l’Abadie. Après 1860, ils le cèdent à l’hospice Saint Paul. Le château aujourd’hui appartient à Emaus.
Des fresques attribuées à Vanloo ornent les cimaises de sa chapelle. Saint André devient sous l’occupation révolutionnaire une commune. Le village n’a guère de monuments à offrir à notre curiosité. Il est sur une voie de passage importante vers Levens et par Duranus, la Vésubie.
Les armoiries des Thaon, un bouc jaillissant des eaux et tenant dans sa gueule un serpent avec une étoile pour l’éclairer ou le guider, proclament : « Les armes nous défendent, la paix nous rend joyeux. »
Si le château ne se visite pas, on remarquera les maisons basses, typiques du pays niçois, avec leurs fresques et leurs façades colorées. Les carrières de pierres ont défiguré le paysage et l’ingénieur Piémontais choisirait, aujourd’hui, la route de Levens pour rejoindre Turin.
Pour terminer, on évoquera le cinéma : entre 1927 et 1930, Saint André abrita un petit studio cinématographique qui disparaîtra avec l’avènement du cinéma parlant.
Thierry Jan