L’angoisse de devoir affronter une nouvelle crise humanitaire, médiatique et politique se profile à nouveau pour les Européens.
Cette fois, ce ne sont plus les arrivées sur les côtes grecques qui cristallisent les inquiétudes – elles se sont effondrées depuis la signature d’un accord avec la Turquie. En revanche, près de 85 000 personnes ont accosté sur les côtes italiennes depuis le début de l’année, essentiellement en provenance de Libye.
Une situation différente de celle qui prévalait sur les côtes grecques, pour au moins deux raisons.
D’une part, la Libye est un pays en crise, ce qui rend difficile toute coopération substantielle avec Tripoli. D’autre part, l’essentiel des migrants arrivant sur les côtes italiennes ne fuient pas la guerre, mais des conditions de vie difficiles – ce qui les rend inéligibles au statut de réfugié.
La Commission propose notamment de créer un mécanisme permettant de renvoyer directement sur le sol africain les migrants récupérés dans les eaux tunisiennes ou libyennes. Bruxelles appelle aussi à la définition d’un « code de conduite » pour les ONG qui certains les soupçonnent d’inciter les migrants au départ.
Il pourrait contenir des mesures explosives, comme l’interdiction pour les navires des ONG de s’approcher des côtes libyennes ou de communiquer d’une quelconque manière avec les passeurs, ou l’obligation d’embarquer, à bord, un policier.
Aucune solution rapide à la crise n’est en vue : l’anarchie ne se situe pas en Méditerranée, mais en Libye.
Reste que le fossé est criant entre Rome et ses voisins. Les Européens attendent de l’Italie qu’elle développe plus de centres fermés afin de garder les migrants et pouvoir, une fois respectées les procédures légales, les renvoyer dans leur pays.
Rome juge surtout que ses voisins devraient faire preuve de solidarité en accueillant, chez eux, plus de réfugiés.