Le 28 juillet dernier, le gouvernement d’Edouard Philippe décidait de nationaliser provisoirement la société STX France, les ex-Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire.
Cette affaire illustre les raisons pour lesquelles l’Europe n’arrive pas à s’en sortir sur le plan industriel.
Ce cas d’espèce est une bonne illustration des difficultés qui ont empêché l’émergence depuis 1957 et le traité de Rome de champions industriels véritablement européens possédant une envergure mondiale.
La construction européenne a été en effet grosso modo contemporaine de la mondialisation de l’économie et de la libéralisation des flux financiers et commerciaux qui l’ont accompagnée.
Contrairement notamment à la construction du marché intérieur des Etats-Unis d’Amérique, qui s’était faite dans un monde où chaque Etat protégeait ses frontières à coups de droits de douane élevés et contrôlait étroitement les flux de capitaux.
Dans le contexte de la globalisation, pour un ex-champion national d’un pays européen, il est en effet beaucoup plus facile de fusionner avec une entreprise extra-européenne – américaine dans un premier temps le plus souvent, asiatique aujourd’hui – qu’avec une autre entreprise européenne : la concurrence est toujours plus forte a priori avec cette dernière en termes de produits, de marchés et de lieux de production, donc d’emplois.
Et cela d’autant plus que la Commission européenne, dont la fonction majeure est de conforter « la concurrence libre et non faussée » au sein de l’Union, a longtemps considéré que de tels rapprochements entre entreprises européennes aboutiraient à former des géants qui bénéficieraient d’une « position dominante » dans le marché commun puis unique.
Le résultat de cette absence quasi complète de consolidation intra-européenne des entreprises, c’est qu’au bout du compte, Airbus pour les avions – et encore au prix de tensions internes très vives entre Français et Allemands – et Arianespace dans le spatial restent des exceptions très politiques qui confirment la règle.
Et c’est l’une des raisons principales pour laquelle, malgré la taille considérable de notre marché, les sociétés européennes sont à la remorque des firmes américaines, japonaises et désormais aussi chinoises dans tant de domaines…
Pourrait-on, malgré ce handicap, mettre quand même en œuvre la politique industrielle européenne indispensable pour conserver ou le plus souvent retrouver une maîtrise des technologies clés de l’avenir ?
Cela implique nécessairement un affrontement difficile avec les égoïsmes nationaux
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par Bancor