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22 novembre 2024

L’Edito du Psy Liban : de Beyrouth à La Celle-Saint-Cloud, le « chemin » de Téhéran ?

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bobine-43.jpgEn conviant autour d’une même table de discussion les différentes formations politiques libanaises, la diplomatie française joue ce week-end un exercice d’équilibriste d’autant plus délicat qu’il intervient dans des circonstances que le Quai d’Orsay n’hésite pas à qualifier de « très graves ». Au-delà du but forcément souhaitable de rétablir un dialogue entre des personnes qui « ne se parlent plus », comment en effet concilier deux clans politiques plus ou moins homogènes, traversés eux-mêmes par des influences régionales multiples et mus par des perspectives politiques désormais radicalement opposées ?

Cette mission impossible revêt par surcroît des allures de sauvetage de dernière minute : l’échéance présidentielle de la mi-septembre impose une date butoir pour sortir d’une dangereuse impasse. Cette course contre la montre destinée à éviter le pire des scénarii pour le Liban comporte toutefois le danger de vouloir trouver une solution à tout prix. Au risque, aussi catastrophique à terme, de faire revenir le pays du Cèdre en arrière. Avec l’aide de Téhéran qu’elle a sollicité en ce sens, la France cherche à ramener au sein de l’exécutif, les chiites dont les représentants ont collectivement quitté le Gouvernement de Fouad Siniora à la suite d’un désaccord sur les conditions de la mise en place du Tribunal international chargé de juger les assassins de Rafic Hariri.

Mais ne risque-t-elle pas ce faisant de donner son assentiment au retour du communautarisme dans le pur esprit de Taef ? Avec en prime les blocages et les mécanismes pervers d’un système dénoncé depuis toujours par les Libanais. La configuration politique montre pourtant que les temps ont changé. Il existe désormais au Liban une majorité et une opposition situées bien au-delà de la seule ligne de fracture entre pro et anti-syriens et où musulmans et chrétiens se retrouvent de part et d’autre : depuis le 14 mars 2005, deux projets impliquant deux conceptions différentes de l’homme et de la société et de ses relations au monde, a fortiori pour la France, sont désormais « proposés » aux Libanais.

Depuis le départ des Syriens et de leur vision unilatérale imposée par la force, les responsables politiques de ce pays doivent simplement apprendre que dans cette dialectique moderne du pouvoir, le choix incontesté et populaire en faveur de l’un des clans ne doit pas entraîner la négation absolue de l’autre. Mais l’opposition se doit aussi d’accepter les nouvelles règles du jeu et ne pas se réfugier dans la neutralisation du système – voire sa « déstabilisation » – en prétextant que sa mise à l’écart signifierait sa disparition. Compte tenu de sa solide implantation dans le sud du pays et d’une politique de proximité économique et sociale dont il retire quotidiennement les bénéfices, on comprendrait mal les raisons pour lesquelles le Hezbollah manifesterait de telles craintes. On peut à ce titre éclairer l’approche française sur le « Parti de Dieu », dont les actes, qualifiés de « terroristes » par le Président de la République, n’auront nullement empêché la milice chiite d’être conviée à La Celle-Saint-Cloud par les autorités françaises. Cette « double » approche ne fait que refléter la propre ambivalence du Hezbollah, encore partagé entre la tentation des actions violentes de terrain et son inévitable mutation, à terme et pour des raisons de crédibilité, en authentique formation politique. Après le « chemin de Damas », est-ce celui de Téhéran qui saura régler pacifiquement la question libanaise?

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