C’est une évidence, dans toute l’Europe, les partis sociaux-démocrates doivent faire face à une perte de vitesse. L’une des plus anciennes doctrines politiques est en crise.
Pratiquement partout en Europe les partis sociaux-démocrates et socialistes reculent : depuis le début du siècle, sa part de voix obtenues a baissé , parfois massivement.
Naturellement, les raisons de ces évolutions varient en fonction des pays. Mais il existe aussi des interprétations communes de cette crise des socialistes et des sociaux-démocrates. Ainsi, les formations de centre-gauche ont perdu une partie importante de leur base électorale.
Créée dans le sillage des mouvements ouvriers du XIX siècle, la social-démocratie européenne jouissait d’un large soutien de la population, sur lequel elle pouvait reposer. Elle s’appuyait sur les travailleurs physiques, c’est-à-dire sur les ouvriers avant tout. Mais ces derniers se font de plus en plus rares et la force de travail est fragmentée. Les milieux qui ont porté les sociaux-démocrates pendant des décennies ont perdu en importance.
Les emplois industriels deviennent inutiles en raison des développements technologiques ou sont délocalisés dans des pays à bas revenus. Un antagonisme apparaît entre les salariés bien payés et les travailleurs intérimaires, qui accomplissent souvent les mêmes tâches, mais jouissent d’une moindre rémunération.
En Allemagne, la part des ouvriers classiques ne représente plus que le quart de la population active contre la moitié il y a 50 ans. Et les sondages à la sortie des urnes montrent que les ouvriers qui restent ne votent plus uniquement pour les sociaux-démocrates.
Deuxièmement, au cours des deux dernières décennies, de nombreux nouveaux partis sont apparus sur la scène politique ou ont fortement progressé. Des partis socialistes et populistes de gauche peuvent séduire un électorat précédemment enclin à donner sa voix aux sociaux-démocrates. C’est ce qu’a réussi à faire Syriza en Grèce, les partis de gauche au Portugal et au Danemark ou encore le Linkspartei en Allemagne, qui est non seulement le successeur du PDS est-allemand, mais aussi l’héritier du WASG ouest-allemand.
En parallèle, les partis d’extrême droite abordent des sujets chers aux travailleurs – que ce soit le Front national en France, le FPÖ en Autriche ou le parti de Geert Wilders aux Pays-Bas et l’AfD en Allemagne.
Troisièmement, depuis un certain temps, on ne vote plus en fonction de son statut social, les gens font de moins en moins confiance aux politiques. De nombreux pays européens sont confrontés à un taux d’abstention en hausse. En Allemagne, 90% des électeurs se déplaçaient dans les années 70. Dans les années 2000, ce taux n’atteignait plus que les 70-80%. En France, le taux de participation au second tour des législatives est passé à un niveau historiquement bas. En Grèce, la population tourne également le dos à la politique.
Pour reconquérir son électorat la social-démocratie de demain devra changer de peu.