Mars 1860, traité de Turin, le Comté de Nice est cédé dans sa quasi
intégralité à la France suite à l’alliance franco-piémontaise contre
l’Autriche en 1959. Malgré un désaveu populaire grandissant aboutissant à
une hostilité prononcée, les villages de Tende et de la Brigue ainsi
quelques autres territoires sont conservés par l’Italie pour des motifs
rendus publics à teneur farfelue soit l’insistance du roi d’Italie
Victor-Emmanuel || sur la conservation de ses zones de chasse. En réalité,
grâce à ces terres , l’Etat italien et Cavour possèdent une avance
stratégique considérable avec crêtes et cols.
Du côté de la population, tendasques et brigasques restent en contact
permanent avec Nice devenue française soit pour des raisons familiales
soit pour des raisons d’ordre pratiques, les liaisons avec le Piémont
étant difficiles l’hiver et des facilités douanières du coup acceptées.
Seulement Tende et la Brigue et leur Haute-Roya est enclavée et
l’isolement de ces deux microcosmes rendent la situation économique délicate
à tel point que jusqu’à la Grande Guerre, les relations
franco-italiennes iront dans le sens d’une ouverture avec notamment le tunnel du col
de Tende(1882), la voie ferroviaire passant par Tende dès 1913 et la
construction de la gare frontalière située à St-Dalmas.
Tous ces efforts consentis et réalisés tenant par le bout de la
négociation les rapports entre la France et l’Italie, l’arrivée au pouvoir du
régime mussolinien va durcir les mœurs et le système de fascisation va
s’étendre jusqu’aux deux communes. Les restrictions de circulations,les
fortifications des crêtes stratégiques, un alourdissement fiscal , une
forte exploitation forestière vont être complétés par les annexions de
Fontan et Saorge rendant peu aisées les relations avec Nissa.
La guerre bat son plein faisant subir aux tend asques et brigasques les
foudres d’une situation économique et humaine précaire. Chemin faisant
, le docteur Paschetta et son mémoire, un article paru dans le
« Combat de Nice » et repris par le CDI des Alpes-Maritimes poussent à la
création d’un comité d’études pour la rectification de la frontière
franco-italienne dans le département , le 15septembre 1944. Le gouvernement
provisoire dirigé par Charles de Gaulle et le ministre des Affaires
Etrangères, Georges Bidault se penchent sur le dossier et plus
particulièrement sur le destin des deux communes de la Roya après que les deux
dirigeants aient reçu des communiqués provenant d’un groupe de pression
pour le rattachement de Tende et la Brigue à la France présidé par le
brigasque Aimable Gastaud et composé d’autochtones.
Le 26 avril 1945, la Haute-Roya est libérée, le courant du rattachement
se renforce et dans l’euphorie généralisée , le comité crée se
rassemble et organise et préconise un vote qui verra le souhait de voir les
deux hameaux italiens rejoindre la France.
Les affaires courantes sont alors expédiées par une administration
française provisoire et la municipalité dirigée par les membres du Comité
mais sous la pression anglo-saxonne , les troupes françaises laissent
de nouveau la place aux autorités italiennes, des réactions francophobes
contre les partisans français commençant à voir le jour.
Dans ce climat pesant et hostile à toute avancée, Paris va tenter de
régler ce différend chronique en signant le traité salvateur du 10 février
1947 qui font de Tende et la Brigue des territoires français(ainsi que
Piene et Libre) avec Pierre Dalmasso et Aimable Gastaut maires de
Tende et de la Brigue. Quant au franc,monnaie française elle n’apparaîtra
qu’en 1952…pour disparaître 50 ans plus tard .
Article rédigé Olivier Fazio
