Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice… Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.
Dans Trois visages, prix du scénario au Festival de Cannes, le cinéaste iranien reprend le volant pour dénoncer la condition des femmes dans son pays et regarde ses comédiennes, ces femmes, se frayer un chemin entre les obstacles que leur dresse le patriarcat archaïque et liberticide qu’est la société iranienne, ne forcent pas seulement le respect. Ils font plaisir à voir.
Dans ce road movie d’une incroyable poésie, le cinéaste iranien fraye entre réalité et fiction et dissèque, toujours avec bienveillance, la société patriarcale de son pays.
Très bien construit, interprété avec une justesse d’expression impressionnante tant par les deux professionnels que par tous les amateurs, réalisé avec un sens du tempo très prenant, le film interpelle le spectateur de bout en bout.
Toujours assigné à résidence, le cinéaste poursuit sa cartographie, sensible et inspirée, de l’Iran contemporain.
Ce road-movie rural est aussi un hommage au regretté Abbas Kiarostami, dont Jafar Panahi fut l’assistant et le coscénariste. Bien des plans filmés derrière le pare-brise, sur les routes étroites et sinueuses de cette lointaine province, rappellent ceux de son aîné quand il tournait Au travers des oliviers ou Le Goût de la cerise.