« L’Age d’or des cinés-clubs » d’Emanuela Piovani est une bulle de savon cinématographique qui fera comprendre à tous ceux qui ignoraient l’existence d’Annabella Miscuglio qu’il n’y a pas qu’en France où des gens ont cru que filmer pouvait changer la vie.
Féministe, anticonformiste, elle a réalisé beaucoup de documentaires sur des sujets brûlants. Comme le rappelle le film d’Emanuela Piovano, son travail sur la prostitution demeure interdit à ce jour et, si elle a collaboré avec la RAI, notamment avec un film sur cet autre hérétique qu’était Pier Paolo Pasolini, son nom évoque encore aujourd’hui le souffre…
Dans ce film délicat et mélancolique , le personnage d’Arabellqa-Annabella vient de mourir et c’est son fantôme qui apparaît à son fils et qui revient en la mémoire de ses amis qui collaboraient à ses films. Beau fantôme puisque c’est la toujours radieuse Laura Morante qui lui prête ses traits. Elle est forcément sublime…
Hommage au cinéma d’avant le digital et le numérique, « L’Age d’or des cinés-clubs » se focalise sur le cinéma qu’animait Arabella dans une petite cité des Pouilles, un cinéma qui s’appelait « l’Arena », il raconte comment elle défendait le cinéma d’art et essai, et comment elle montrait aussi ses propres œuvres…
Malheureusement, victime de supports périmés comme de la censure, son cinéma s’est évanoui.
Prenant son temps, montrant tour à tour tous les amis d’Arabella impliqué dans son cinéma expérimental et ayant la nostalgie de cette époque libre et insouciante, Emanuela Piovani n’a pas fabriqué un film totalement huilé, cherchant à séduire à tout prix.
A l’image d’Arabella, ce film fragile mais de charme est plein de surprise et sa bonne humeur est communicative.
Il rappelle également que l’Italie est un pays de culture où il a existé dans les années post-soixante-huitards des gens qui ont cru à l’utopie sans avoir besoin de prendre les armes pour essayer de changer un monde figé dans le conformisme catholique et l’esprit révolutionnaire communiste.