Guy, d’Alex Lutz est la bonne surprise de la rentrée. Gauthier, un jeune journaliste apprend par sa mère qu’il serait le fils illégitime de Guy Jamet un chanteur Yéyé des années 60 qui entreprend une tournée vintage à travers la France. Il décide donc de faire un reportage-portrait de l’artiste. Et cela donne un film magnifique sur le temps qui passe.
La mise en scène d’Alex Lutz est à la fois efficace et d’une grande originalité : c’est en caméra subjective que le jeune homme filme aussi bien les concerts que la vie quotidienne et les moments « people ». Le procédé aurait pu être lourd et répétitif mais renforcé par quelques (fausses) images d’archives, il est d’une grande fluidité et permet de pénétrer comme par effraction dans l’univers de Guy.
Un Guy interprété de façon bluffante par Alex Lutz lui même pourtant vingt ans plus jeune que son personnage (bravo aux maquilleurs). Un Guy Jamet bougon, macho, coléreux, cynique, mesquin, bref insupportable! Mais aussi fragile, généreux, drôle, amoureux, bref attachant !
La fin classieuse évite la « grande » scène et les personnages secondaires sont d’une grande justesse (apparition magnifique… et dérangeante de Dani). Les chansons « d’époque » sont en fait des créations mais gageons qu’elles auraient eu du succès à Âge tendre et tête de bois.
Mais attention, Guy n’est pas un film nostalgique (non, ce n’était pas mieux avant) mais un film mélancolique. Pendant les 101 minutes du film (un poil trop long, le péché mignon de beaucoup de films contemporains), le personnage de Guy n’a cessé de me faire penser à la réflexion d’une actrice de Woody Allen dans September que je viens de revoir en DVD :
C’est horrible de vieillir. Surtout quand on a 21 ans dans sa tête. Les forces qui nous soutiennent pendant toute la vie s’en vont une à une. Et quand on regarde son visage dans la glace, on s’aperçoit qu’il manque quelque chose et on découvre qu’il s’agit de notre avenir.
par Patrick Mottard