Amin met en lumière des visages rares au cinéma. Ceux des travailleurs étrangers, partagés entre leur histoire « au pays » et un quotidien à construire en France. Il le fait sans misérabilisme, par des scènes besogneuses des ouvriers de chantier comme celles de la cohabitation des différentes ethnies et communautés dans les foyers de Saint-Denis ou les bars de périphéries…
Ce drame social, dépeint le quotidien ardu d’Amin, chef de famille sénégalais, tiraillé entre sa vie auprès des siens dans son pays d’origine, et le besoin de travailler dans un pays étranger pour subvenir aux besoins de sa femme et ses enfants.
Philippe Faucon pose un regard , au rythme studieux de sa narration où les dialogues sont rares, précis, précieux, certaines images valent mille mots, sur les liens sociaux et affectifs si compliqués à nouer dans un contexte d’acculturation, et ce sans tomber dans le mélodrame.
Un récit éclatant d’humanité, porté par les performances de Moustapha Mbengue et d’Emmanuelle Devos qui interprètent les personnages d’Amin, qui nous émeut par sa retenue, et de Gabrielle, infirmière généreuse qui tente, tant bien que mal, d’oublier sa solitude dans une romance entre Amin et Gabrielle, explorée de façon pudique et néanmoins touchante.
Le réalisateur Philippe Faucon avait déjà séduit en 2016, avec son film Fatima, qui a remporté trois César, dont celui du meilleur film.