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22 novembre 2024

Quand le p’tit jaune a un goût amer…

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[….] Le bilan après quelques jours de blocage des routes. Des chiffres impressionnants, qui tout autant que le PIB, la dette ou le taux de chômage, doivent nous interroger sur l’état du pays et sur notre capacité à vivre ensemble.

Parti d’un simple appel à manifester sur les réseaux sociaux, ce mouvement que personne n’a vu venir a très vite fait tache d’huile sur le territoire : de l’A8 coupée en tranches de saucisson, à la plus improbable route de la France profonde, dans l’un de ces patelins oubliés, loin de Paris et des métropoles où se concentrent les richesses, le savoir, en d’autres termes un avenir possible.

Sans doute le phénomène « gilets jaunes » est-il tombé au « bon » moment en réunissant sous son panache canari tous les mécontentements. En partant de la taxe sur les carburants, le pouvoir d’achat, en passant par le niveau des retraites, les infirmières, et pourquoi pas bientôt les collectionneurs de timbres. Sans oublier le papy craignant de ne plus pouvoir remplir sa cuve de fioul ou l’agriculteur qui compte ses sous (et un chou est un chou…).

Christophe Castaner a pris sa grosse voix pour annoncer des mesures pour assurer la « libre circulation » dans le pays. Il est dans son rôle de premier flic de France. Il n’y a que les esprits chagrins qui feront remarquer que Beauvau est moins martial lorsque les cheminots mettent les usagers des TER à la marche à pied pendant des semaines…

Mais le pouvoir ne saurait se contenter de compter sur le pourrissement et sur la suppression par la force de quelques barrages. Car ce mouvement traduit un malaise profond, et d’autant plus dangereux que difficile à cerner. Les plus radicaux se persuadent d’un grand soir, d’autres se contenteront peut-être d’un carton jaune. La situation est explosive. Personne ne la canalise, ni les partis politiques, ni les syndicats. Sur le terrain, un petit incident peut dégénérer et virer à la catastrophe incontrôlable.

Un mort, dix sept blessés graves…Le président a annoncé qu’il parlera « le temps venu ». Eh bien, c’est maintenant, et c’est urgent. Car le gouvernement donne l’impression de rester sur son olympe, loin des préoccupations de ceux qui survivent avec de petits salaires, des minima sociaux, à des années lumière des premiers de cordée. Il devra évidemment apporter des réponses concrètes, mais aussi raccommoder un tissu qui se délite sous nos yeux.

Quant aux politologues, sociologues – et peut-être astrologues – ils devraient maintenant nous expliquer pourquoi les Français, qui ne sont pourtant pas les plus malheureux au monde, ne réussissent pas à mener un dialogue social apaisé et pragmatique.

Jean-Michel Chevalier , Les Petites Affiches

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