On connaissait le talent de François Bourcier pour la représentation fouillée d’une époque , le kaléidoscope de vies de martyrs de la seconde guerre mondiale , lui-même se glissant dans la peau d’une multitude de personnages dans « Résister c’est exister » .
Les spectateurs retrouveront la force d’évocation en tableaux successifs dans une mise en scène simple mais efficace , propre à nous conter l’histoire emblèmatique de ces deux victimes de la répression violente dans l’Amérique des années 20 que sont Sacco et Vanzetti . Accusés à tort d’actes terroristes , Bartolomeo Sacco , artisan cordonnier et Nicola Vanzetti , vendeur ambulant de poissons représentent ces immigrés italiens ,attirés par les idéaux anarchistes que les bien pensants n’apprécient pas .
On assistera à un semblant de procès avec des preuves douteuses obtenues sous la menace et malgré l’aveu d’un autre anarchiste pour avoir commis crimes et braquages , ce pour quoi ils sont jugés , ils seront condamnés à la chaise électrique en 1921.
Et les comédiens de jouer les transformistes endossant les différents rôles du plus grotesque au plus cynique . Mis à l’isolement dans la prison de Charleston ,près de Boston, très proches du lieu où l’on entend crépiter les ampoules blafardes de leur cellule, du fait des exécutions , l’injustice de la procédure judiciaire indignera l’opinion internationale et provoquera une révolte du peuple , ce qui réhabilitera leur mémoire .
Cette attente fictive avant la fin donnera à ce qu’ils se remémorent le procès , à ce qu’ils se rappellent les témoignages sans fondement et les chantages des policiers et des hommes politiques . La peur et le doute sont de la partie aussi dans ce décor minimaliste mais astucieux avec de grands sièges mobiles servant tour à tour de table du juge ou de chaise électrique de condamnés ,avec un drap blanc qui laisse apparaître en fond de scène des images d’archives , films , photos , articles de presse.
Par-dessus tout , l’amitié et le choix de rester libre , debout face à l’injustice et à la mort ressortent de cette pièce magistrale .
Avec Jean-Marc Catella très juste et François Bourcier lui-même en bouillonnant Vanzetti, portant fièrement ses convictions . Une ode à la liberté ,universelle , intemporelle , un texte écrit en 2008 par Alain Guyard .
Roland Haugade