Elément central du programme d’Emmanuel Macron pour l’Europe, un budget de la zone euro devrait bien voir le jour. Un accord politique a en effet été trouvé par les 19 pays partageant la monnaie unique. De haute lutte, le président français, soutenu par l’Allemagne et la Commission européenne, a donc convaincu ses partenaires. Mais contrairement à ce qu’il souhaitait, cette capacité budgétaire nouvelle n’aura pas de fonction de stabilisation de l’économie en cas de nouvelle crise.
La création d’un budget dédié à la zone euro a été évoquée par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017. Puis le président français en a fait un élément central de son programme européen, lors de son discours de la Sorbonne de septembre 2017. Avant de parvenir à convaincre l’Allemagne du bien-fondé du projet à l’occasion du sommet de Meseberg de juin 2018.
Les 19 pays ont trouvé un accord politique et donné mandat à leurs ministres des Finances pour définir, dans le cadre de l’Eurogroupe, un « instrument budgétaire » consacré à la zone euro au cours des prochains mois.
Pour mémoire, le chef de l’Etat envisageait une capacité budgétaire de plusieurs points de PIB, la création d’un parlement et d’un poste de ministre des Finances de la zone euro, ou encore l’octroi d’une fonction de stabilisation économique en cas de crise. Ces points ne sont plus au programme.
Le budget de la zone euro devrait en effet être inclus dans le cadre financier pluriannuel de l’Union européenne. Ce dernier s’élève à environ 1% du PIB des Etats membres et ce montant ne devrait pas augmenter démesurément pour la période à venir (2021-2027). Dans ce contexte, la somme du nouveau budget de la zone euro ne devrait être « que » de 20 ou 30 milliards d’euros sur 7 ans.
Quant aux objectifs poursuivis avec cette nouvelle capacité budgétaire, les membres de la zone euro se sont entendus sur le renforcement de la compétitivité et l’amélioration de la convergence. Comme l’a expliqué l’Elysée, il s’agirait principalement de financer des projets d’investissement et des réformes structurelles nationales.
Ainsi la fonction de stabilisation économique n’a pas été retenue. Elle était défendue par la France et la Commission européenne. Mais c’était sans compter sur la fin de non-recevoir formulée par plusieurs pays du nord de l’Europe, emmenés par les Pays-Bas ou encore le Danemark.
Ces pays font partie de la Nouvelle ligue hanséatique, un groupe informel récent à l’influence croissante dont l’Autriche est également proche et qui se fait l’avocat de l’orthodoxie budgétaire en Europe. Plus prosaïquement, ils refusent en bloc toute perspective de redistribution automatique au sein de la zone euro, craignant que leurs économies vertueuses aient à financer les largesses de certains pays du sud du continent.
Il appartient désormais aux ministres des Finances de la zone euro de définir une architecture précise et opérationnelle de ce nouvel outil. Ces derniers ont jusqu’à juin 2019 pour accomplir ce travail, qui s’annonce complexe.