Le Wing Chun, c’est pas secret mais presque ! pour accéder au cours de Maître Ridha Lhiba, pourtant situé rue Notre-Dame à côté d’un célèbre magasin de jouet niçois, il faut grimper un escalier, prendre une porte quasi dérobée, descendre quelques marches, traverser une courette puis monter à nouveau deux étages pour atteindre le but. Pas besoin d’échauffement donc pour entendre les conseils de ce tunisien d’une petite quarantaine, « marié à une autrichienne catholique » tient-il à préciser, et qui anime le soir ce cours mêlant à la fois méthode de self-défense et arts martiaux. Face à face, deux par deux, la trentaine de participants aux horizons, aux âges et aux religions les plus variés ( mère de famille, interne en médecine, instituteur et étudiants…) répètent les principes du Wing Chun : une stratégie de combat fondée sur un modèle de comportements et de prises de décision suivant les principes du célèbre Général Chinois du VIème siècle avant notre ère : Sun Tse. Selon lui, inutile d’engager le combat s’il peut être évité. Ce qui dans l’esprit du stratège chinois revient à avoir défait l’agressivité manifeste de l’adversaire sans avoir eu besoin de livrer bataille.
L’instructeur, toujours souriant même lorsqu’il vous assène la pire des manchettes et secondé par son fils déjà formé aux degrés supérieurs, insiste principalement sur un point : lors d’une agression physique en pleine rue, débuter le conflit sur le plan gestuel et verbal (monter le ton de la voix, durcir le regard…) tant que l’agresseur n’a pas « violé la zone vitale », sorte d’aire magique qui maintient une certaine distance de sécurité. Sinon, il faudra, comme l’on dit, « aller au charbon ».
Mais là encore le Wing Chun propose deux temps…mais pas trois mouvements car ce serait déjà trop tard pour vous ! l’anticipation – une réaction à la violation de la zone vitale sans exécution d’attaque – vise notamment à frapper les points vitaux que, par pudeur, le maître ne souhaite pas décrire dans la brochure mais qu’il explique plus clairement à l’entraînement. Le concept de défense complète cette panoplie avec des techniques plus sophistiquées. Le plus surprenant demeure toutefois le maniement des « mains collantes » ou « Chi Sao », enchaînement accéléré de réactions purement tactiles et manuelles destiné à empêcher l’adversaire d’avoir par d’éventuelles parades le dernier mot : ce qui donne, comme on le voit dans certains films, ces successions de « jeux de mains » où chaque tentative de coup porté trouve sa parade instantanée…et ainsi de suite. Le tout avec une rapidité telle que lorsqu’elles sont professionnellement exécutées, ces « mains collantes » nécessitent presque un ralenti pour en comprendre les multiples articulations. Dans cette recherche du « KO réversible » qui mise sur la manière de savoir exploiter à son compte la force…et la bêtise de l’autre, il ne s’agit évidemment pas de tuer mais de laisser l’adversaire assommé sur le tapis, histoire, dit le maître, « d’avoir le temps de déguerpir » : assurément une pratique aussi éthiquement que physiquement acceptable pour tous ceux et celles engagés dans cet entraînement.
Wing Chun Kung Fu
L’art des « mains collantes »
Cours : lundi et jeudi de 19h30 à 21h00
16 avenue Notre Dame, 06000 Nice
site : www.wingchun.fr
Email : wtridha@hotmail.fr