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22 novembre 2024

Opéra de Nice : le « Rigoletto » de Verdi pour la rentrée lyrique.

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rigo1.jpgpub.jpgUne répétition générale, c’est toujours une sorte de paradoxe. Dimanche dernier, le public invité, en général connaisseur des œuvres du répertoire italien, a pu retrouver les moments forts de cet opéra, à savourer l’émotion suscitée par les airs « connus », à tressaillir grâce à la mise en scène d’une intrigue que le compositeur et le librettiste ont souhaité aussi sombre qu’intense, bref, comme tout public, à être emporté par la magie de la soirée. Il convient toutefois de ne pas oublier la caractéristique essentielle d’une « générale » que, par opposition à la « performance », les Anglo-saxons désignent par le terme « marking » : les artistes ne sont pas tenus de donner la pleine puissance de leur voix, s’autorisant parfois selon certains spécialistes, à « dire plutôt que chanter », voire de chanter une octave en dessous. Muni de cette utile précaution, il devient alors possible de raconter au lecteur ce qui s’est passé dimanche dernier dans la salle lyrique de Saint-François-de-Paule.

Paradoxe qui sied peut-être à cet opéra de Verdi : Rigoletto, histoire d’un bouffon de cour dont le nom même suggère une comédie légère, se révèle une terrible tragédie où s’entremêlent passions, trahison, pouvoir, amour filial, vengeance et assassinat. C’est dire.

L’ouverture ne laisse d’ailleurs aucune équivoque : en écoutant les premières mesures exécutées par l’orchestre philharmonique de Nice placé sous la direction de Marco Guidarini, les cordes sont sollicitées pour créer l’atmosphère de suspens qui précède une montée en puissance de l’ensemble de la formation symbolisant, dans sa tonalité musicale grave, un dénouement que l’on ne pressent pas heureux.

rigo2.jpgune.jpgVerdi connut à ce titre les mêmes vicissitudes de la censure que la pièce de Victor Hugo (« Le Roi s’amuse ») dont il s’inspira pour réaliser Rigoletto. L’empereur d’Autriche dont les armées occupent à cette époque l’Italie du Nord ne peut guère accepter, tout comme le Roi de France pour l’œuvre hugolienne, que soient relatées devant un large public les mœurs dissolues des grands de ce monde. Au point que le compositeur italien devra finalement négocier directement avec un censeur impérial, les points les plus controversés de sa création. Fruit d’un compromis, le scénario sera conservé, mais le rang des personnages baissera, si l’on ose dire, d’un cran : aux empereurs et aux rois jugés intouchables, on préfèrera plutôt incriminer la noblesse de toutes ces innommables turpitudes.

Revenons donc à la « générale » de dimanche soir. Rigoletto était ce héros tragique et central dont il n’est pas exagéré de dire qu’il a fait grand honneur à cette lourde charge. Même s’il n’y était pas obligé, comme cela a été précédemment expliqué, le baryton Carlos Almaguer devait se sentir suffisamment à l’aise pour offrir au public le meilleur de l’œuvre…et surtout de lui-même : une belle et large voix, bien « assise », alliant souplesse et maîtrise pour l’attirer sans aucun souci de transition heurtée dans des registres de jeux chantés aussi divers – et étonnement persuasifs – que ceux de l’amour, de l’angoisse, de l’imploration et de la colère aveugle. Magnifique « performance » s’il en est, largement ovationnée par un public reconnaissant. On relèvera le clin d’œil – certes appuyé – du metteur en scène Paul-Emile Fourny au Don Giovanni de Mozart. Les deux interventions sous une lumière blafarde du comte Monterone, lequel annonce, de sa magnifique voix de basse, la prophétique « Malédiction », rappellent, tant sur le plan scénique que vocal, l’imposante « statue du commandeur ».
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Il est probable que les quatre représentations prévues à partir du 31 octobre donneront aux artistes l’occasion de montrer plus encore toute l’étendue de leurs capacités de chanteur et d’acteur. Emmené par un Rigoletto aussi magistralement prometteur, cette production de l’Opéra de Nice devrait finalement connaître auprès du public un succès véritable et mérité.


Rigoletto, Opéra en 3 actes de Giuseppe Verdi
Mercredi 31 octobre, 20h ; Vendredi 2 novembre, 20h ; Dimanche 4 novembre, 14h30 ; Mardi 6 novembre, 20h ;

Location- Renseignement : 04 92 17 40 79

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